– Le Courrier d’Algérie : quels sont les objectifs derrière l’installation de Conseil consultatif du Forum de la jeunesse ?
– Abdelmadjid Menasra : On peut en citer sept. Le premier est de redonner confiance aux jeunes en leurs propres personnes, et ce en cessant à leur égard les politiques d’exclusion, paternalistes, tutélaires. Le deuxième est de corriger la notion de jeunes vis-à-vis du pouvoir, exécutif et élu ; le pouvoir doit cesser de considérer les jeunes comme un fardeau qu’il doit supporter, dans les programmes d’habitat, scolaire, universitaire et d’emploi. Le troisième point est de protéger la jeunesse contre les relents de violence, d’extrémisme et de harga. Le pouvoir de Daesh est peu présent en milieu algérien par rapport à ceux de Libye et autres contrées musulmanes ; on doit persévérer dans cette démarche. Relever le taux de participation des jeunes dans l’organique et les instances de décision du parti, pour atteindre celui que cette catégorie représente dans la population globale du pays. Il faut que les personnes âgées entre 15 et 60 ans constitue 60% de la population globale, alors que celles âgées entre 15 et 35 ans en constitue 40%. Le cinquième point vise la qualification et la formation des jeunes. Le sixième est lié à la fixation du taux de participation des listes électorales, afin de le responsabiliser encore dans la contribution à l’essor de la Nation. Relever le quota des jeunes dans les Institutions de l’Etat, notamment dans les postes hiérarchiques, est le septième et dernier point. On peut aussi souligner que le jeune doit être politisé, d’où notre intention de faire adhérer nos jeunes au Conseil supérieur de la jeunesse, récemment constitutionnalisé mais en attente d’une assise réglementaire plus visible. Car, il ne sert à rien de faire des associations des faire-valoir qui cautionnent la politique du pays. Certes dans un pays où la hiérarchie âgée est une base jeune, un creuset davantage exacerbé par les inégalités sociales, il est difficile de se frayer un chemin dans le gotha des grands. La jeunesse est une énergie qui devient productive ou démolisseuse selon l’usage qu’on en fait.
– Dans le dernier discours adressé à la Nation, à l’occasion du 24 février, Bouteflika met fin aux spéculations, en énonçant un NON pour la privatisation, et un OUI pour l’investissement. Votre avis là-dessus.
-Le malheur n’est pas dans la privatisation, mais dans la manière dont elle se fait. Elle a réussi dans des cas et a échoué dans d’autres. La privatisation doit être perçue comme une restructuration économique de quelques entités, mais non comme une manière, pour l’Etat, de s’en débarrasser. Des mécanismes scientifiques doivent y veiller à ce qu’elle ne soit pas synonyme de vente, et à la faveur desquels, le privé prouverait sa force de créateur de richesses, de porteur de technologie et de générateur d’emplois. En plus, on ne peut tout privatiser. Je suis pour que Sonatrach, à titre d’exemple, soit maintenue sous le giron de l’Etat. Mais, aussi, qu’on a peur de céder une simple briqueterie, là, on aurait versé dans la phobie de tout perdre au motif de préserver nos ressources nationales ! En ce qui concerne l’investissement, pour que celui-ci soit vraiment porteur des objectifs qui en font son essence, il faut qu’il ne se base pas, uniquement, sur des slogans, des lois, mais davantage sur l’acte de « dé-bureaucratiser », et partant, de rendre le climat des affaires plus attractif. Une administration qui n’est pas envieuse envers le de l’investisseur est une donnée qui doit bannie des pratiques de celle-ci. Sans lutte réelle contre la corruption et levée de l’embargo bureaucratique, il ne peut y avoir de privatisation réussie et d’investissement constructeur d’Economie nationale. Car, il ne faut, aussi, se leurrer, la lutte que mène actuellement le pouvoir est disproportionnée, notamment dans les termes de l’enquête menée ou les jugements rendus, par rapport à l’ampleur des dégâts occasionnés. Les affaires Khalifa et Sonatrach II en sont l’illustration la plus édifiante.
– Vous plaidez pour des ministres non partisans, seule garantie, à vos yeux, de la transparence des élections, alors que Sahli, qui ne fait pas partie de l’opposition, lui, préconise le contraire, au motif de doter le gouvernement de base politique. Quel est votre avis ?
-On ne parlait pas de la même chose. Moi je visais essentiellement les ministres qui ont un lien très étroit avec les préparatifs des élections. à la condition également que leur statut de non-partisan soit dans un gouvernement d’unité nationale. Une expérience sous l’ère de Zeroual a été fructueuse, à la faveur de laquelle Hamdani a remplacé Ouyahia, et Sellal a été nommé à tête de l’intérieur, Rahabi, à la communication, etc. Sinon pour les autres portefeuilles ministériels, je ne suis pas contre le fait que leurs détenteurs soient partisans.
-Des économistes préconisent la valorisation des compétences et les ressources hors-Hydrocarbures ?
-Le phosphate, la pomme de terre, sont autant de créneaux présentés comme alternative. Impossible. Quelles sont leurs productions respectives pour qu’ils en soient décrits ainsi ? Investir dans l’homme, notamment le jeune, oui ça peut l’être. L’enseignement, la formation des jeunes, on peut en miser. Donner la chance aux jeunes, cessons de confier tout aux étrangers. Le bâtiment est confié à des Chinois, des Turcs. L’agriculture est dévolu aux Marocains dans l’Ouest du pays.
Industrie gazière, la grande mécanique, les mines, le textile, sont autant de créneaux le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, n’a cessé de présenter comme ceux devant nous assurer le bon vers l’Economie hors-Hydrocarbures. Vous qui a avez été ministre de l’Industrie et la
Restructuration dans le gouvernement de Benbitour, Etes-vous d’accord ?
-Ce n’est pas vrai, un dérèglement dans les stratégies, le gouvernement n’en a aucune. Au risque de me répéter, il faut investir, lever l’embargo bureaucratique, encourager le marché, en y mettant les mesures appropriées. Le ministre ne cesse, d’ailleurs, de refaire, à chaque remaniement le touchant, les stratégies et les caps.
-Mazafran II ce sera le 27 mars. De l’avis d’observateurs de la scène politique, il aurait fallu faire le bilan du premier, négatif aux yeux de quelques-uns, avant de passer à l’étape suivante.
-L’opposition n’a pas échoué, car elle n’est qu’une force de propositions, c’est à l’Etat de les exécuter. En revanche, la priorité essentielle était de souder les liens, nous avons réussi. Mazafran I en est la preuve : il a accouché de l’Instance de concertation et de suivi de l’opposition, OCSO, qui regroupe une douzaine de partis politiques. Deuxièmement, l’objectif futur est de réussir la transition démocratique, transparence des élections, il ne faut pas céder. Au moins, atténuer de l’ampleur du truquage en vogue.
-Si on vous propose un poste dans le futur gouvernement. Lequel préféreriez-vous ?
-La question ne s’est pas posée. La priorité est d’édifier un gouvernement d’unité nationale, que j’y sois ou non.
Zaid Zoheir