La Conférence internationale sur le rôle de la démocratie dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent est ouverte, hier, à Alger, avec la participation des membres du GCTF (Forum mondial contre le terrorisme), de l’Union africaine (UA), des pays du Sahel, des membres des permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, ainsi que des organismes en charge de combattre le terrorisme.
Au-delà de présenter des communications plus spécialisées autour du thème central, qu’est «Le Rôle de la démocratie dans la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme», il est attendu de cette rencontre de déboucher sur un «maximum de bonnes pratiques», qui tendent à lutter efficacement et à traiter dans la racine ce phénomène mondial. Il s’agit de prévenir contre les risques d’exposer les États au terrorisme sous ses multiples confluences, par le moyen de la mise en place d’un cadre démocratique, garantissant les droits, les libertés collectives et des personnes, loin de l’exclusivisme et de l’injustice sociale. «La démocratie est le meilleur rempart contre l’extrémisme violent et le terrorisme», a indiqué dans de son intervention, Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes, et lequel responsable a tenu à préciser qu’il s’agit d’un moyen qui permet d’isoler, de marginaliser et de faire rejeter définitivement le phénomène. En effet, les valeurs de la démocratie telles qu’elles sont connues et partagées universellement se trouvent, aujourd’hui, confrontées à la menace des groupes terroristes, qui visent à assoir un «modèle théocratique» allant jusqu’à remettre en cause toutes les libertés et les droits fondamentaux de l’homme. C’est dans ce contexte que Messahel a abordé, d’abord, «l’expérience douloureuse» de l’Algérie lors de la Décennie noire, laquelle est mise en avant depuis les dernières années, à même de faire partager la stratégie de lutte contre le terrorisme au profit des autres pays. Ainsi, au lendemain de cette page noire de l’histoire du pays, «le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a fait de la promotion de la démocratie une priorité constante de son action», a expliqué le ministre, comme pour parler de la mise en place d’un certain nombre de réformes orientées vers la démocratisation du pays. C’est dans ce cadre qu’il évoque le projet cher à Bouteflika, la Charte pour la paix et la Réconciliation nationale, notamment, et laquelle «a permis de dévoiler, de marginaliser et de faire rejeter le discours extrémiste». Il a rappelé tout aussi la dernière révision constitutionnelle pour faire valoir le fruit des politiques de l’actuel chef de l’État, en matière de démocratie et de la lutte contre le terrorisme. D’autre part, Messahel qui rappelle le contexte de l’heure qui se caractérise par la prévalence terroriste dans la région du Moyen-Orient, où plusieurs pays sombrent dans la violence, a mis en garde contre les amalgames. Entendre, faut-il encore qu’il y ait la mise en place de démocraties dans les pays en question et lutter contre le terrorisme, loin de toutes «politiques interventionnistes dans les États». Lesquels politiques sont, par ailleurs, «génératrices de chaos et de désordres favorables aux groupes terroristes», a expliqué le responsable diplomatique. Enfin, Messahel a recommandé de privilégier la coopération bilatérale, régionale et internationale dans tous les domaines, à même de pouvoir faire un front commun contre le phénomène.
Les USA «attendent beaucoup» de l’expérience algérienne
Outre la pléiade d’experts internationaux et représentants d’organismes spécialisés dans la lutte contre la subversion et l’extrémisme, le secrétaire d’État adjoint américain pour la démocratie, droits de l’homme et du travail, Tom Malinowski, a intervenu pour exposer la vision de son pays concernant le terrorisme et les moyens à privilégier pour le combattre. S’exprimant au nom de Barack Obama et du secrétaire d’État, John Kerry, le responsable américain se dit avoir la conviction commune que «la démocratie est l’antidote au terrorisme», et de réaffirmer, d’emblée, que les États-Unis soutiennent l’Algérie dans «ses efforts déployés en ce sens». Mieux encore, il a reconnu avoir «beaucoup à apprendre» de l’expérience du pays, qui a su sortir de la boule de violence des années 90, suivie par le processus de réconciliation nationale. Malinowski, qui évoque la montée fulgurante du terrorisme dans le monde, a tiré le parallèle entre cette violence et celle menée par le Nazisme durant le siècle dernier. Si, pour lui, le terrorisme est un fait appelé à être combattu, il reste que les moyens préventifs sont à définir et attendent, donc, de cet atelier international qu’il y’ait des débouchées découlant des expériences des uns et des autres des participants en ce sens. «Je souhaite que nous allons parler de l’étape qui vient avant la radicalisation de la violence», a-t-il indiqué, en parlant de «pré-radicalisation», comme concept à cerner lors de cette rencontre. Cette pré-radicalisation peut trouver une explication, selon ses termes, dans le mode de recrutement des terroristes et les facteurs de vulnérabilité sur lesquels jouent-ils. Pour le représentant de l’administration US, le profil des candidats au djihad sont des personnes marginalisées sur le plan social, des gens vulnérables qui cherchent à se faire respecter, à faire partie d’un groupe ou bien encore ceux qui cherchent la gloire, a-t-il expliqué. Il se peut même qu’il y’ait ceux convaincus de rejoindre les groupes terroristes pour un motif banal, tel que celui de gagner de l’argent ou bien avoir accès à un emploi. C’est à ce niveau qu’il faudra agir, ou même avant, a laissé entendre Malinowski, lequel considère-t-il que le «grand défi» étant d’anticiper sur cette situation. Il faudra «gagner ce concours avant que nos ennemis le font, de rejeter les extrémistes violents qui trouvent refuge dans les esprits vulnérables, susceptibles de rallier leur idéologie», a recommandé le responsable US.
Farid Guellil