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Abdelkader Alloula (1939-1994) : Un dramaturge à l’écoute de sa société

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Un hommage sera rendu courant de cette semaine à Oran, au dramaturge Abdelkader Alloula (1939-1994) à l’occasion de la commémoration de la 25e année de sa disparition.

«Au-delà de ses indéniables qualités humaines, Abdelkader Alloula, a été toujours à l’écoute des pulsions de la société et au service des couches sociales défavorisées», affirme l’enseignant-chercheur Mohamed Daoud de l’Université d’Oran. «Alloula avait mis son art dramatique au service des couches sociales défavorisées en puisant dans le terroir local et dans le patrimoine universel», indique M. Daoud dans un entretien à l’APS en marge des préparatifs de la commémoration prévue samedi au Théâtre régional d’Oran. «La pratique du théâtre était inscrite dans la destinée d’Alloula depuis son jeune âge», observe cet universitaire également auteur d’un ouvrage récent autour du parcours du regretté dramaturge intitulé «Le théâtre d’Abdelkader Alloula : Le texte et la scène». Au départ comédien, Alloula était parvenu à mettre en scène des pièces et en être auteur de la plupart d’entre elles, mais «c’est en allant vers les campagnes qu’il a pu pénétrer l’imaginaire culturel des populations locales qui étaient portées sur l’écoute du récit et de la narration, car elles tournaient le dos au spectacle», relève M. Daoud. C’était à l’occasion de sa présentation de la pièce «El-Meida» dans les années 1970 dans un village agricole, qu’Alloula a pu introduire des pratiques culturelles populaires dans son théâtre, telles que «El meddah» et «El halqa», deux types d’expressions culturelles ancestrales qui vont l’inciter à créer un genre théâtral nouveau. Les années 1980-1990 vont être pour cet artiste une période charnière afin de mener un travail de fond et apporter un sens à l’originalité du théâtre algérien. Ainsi, c’est notamment par la trilogie «Lgoual» (les dires, 1980), «Lejouad» (les généreux, 1985) et «Lithem» (le voile, 1989) et «Arlequin valet de deux maîtres» (1993) qu’Alloula a pu mettre en évidence «un théâtre fabuleux, explicité par une recherche très fouillée sur le discours, la langue, le décor et la mise en scène», analyse M. Daoud. Mêlant discours politique, ironie et langage populaire, Alloula a su capter l’attention du public qui se reconnaissait dans ses pièces théâtrales, en lui donnant un caractère populaire ouvert sur l’universel (Gogol, Brecht, la Commedia Dell’arte, Goldoni, Aziz Nesin). La gestuelle et l’intonation des comédiens tels feu Sirat Boumédiene, Haimour, Belkaid, Blaha, Adar et beaucoup d’autres, faisaient le bonheur des spectateurs qui demandaient d’autres productions. «L’œuvre d’Alloula demeure inachevée, le destin en a voulu autrement», déplore M. Daoud, en saluant l’initiative du Théâtre régional d’Oran (TRO) pour l’accueil des activités commémoratives. Le directeur du TRO, Mourad Senouci, indique, à ce titre, qu’il est prévu la présentation de deux nouvelles versions de «Lejouad» (9 et 10 mars) et «Arlequin, valet de deux maîtres» (16 mars), en plus d’une exposition de photos et documents biographiques. Alloula s’était éteint le 10 mars 1994 à Oran, victime d’un lâche attentat terroriste.

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