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ABDELAZIZ RAHABI, À PROPOS DU NIGER : Les effets désastreux des sanctions et de l’intervention militaire

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Ancien ministre de la Culture et de la Communication, mais surtout connu en tant que  diplomate, Abdelaziz Rahabi s’est prononcé sur la situation au Niger. Il a démontré les conséquences désastreuses d’une intervention militaire dans ce pays. Elle affecterait, selon lui, «  les intérêts stratégiques de l’Algérie car les frontières sont plus qu’un marqueur matériel d’une limite territoriale, elles sont des lignes de souveraineté que la Nation a chargé son armée de défendre. Celle-ci a conscience qu’elle doit assurer seule la surveillance et la protection de cette ligne de front qui se prolonge jusqu’aux confluences des frontières du sud-ouest de la Libye elle-même en guerre depuis 2011 après l’intervention d’une coalition occidentale ». Il a rappelé que « la multiplication de ces foyers de tension à l’est, à l’ouest et au sud de l’Algérie ne peut procéder que d’une stratégie délibérée d‘affaiblir son armée en la mettant sous tension permanente dans une guerre d’usure non déclarée ». Abdelaziz Rahabi a évoqué l’impact de l’option de l’intervention militaire envisagée par la CEDEAO. « Même si l’Algérie est confiante en ses capacités à assurer pleinement ses missions constitutionnelles sur la question des menaces globales à ses frontières, la question de la prévalence de l’option militaire chez la Cédéao et son accueil favorable par la France notamment, l’effacement inexpliqué de l’Union africaine posent de sérieuses interrogations sur les dommages collatéraux de natures humaine, sécuritaire et économique. Elle signifie pour nous l’accélération de flux migratoires massifs et qui viendront s’ajouter à la forte communauté nigérienne composée essentiellement de mineurs non accompagnés dont la protection sociale est et doit être assurée par le pays d’accueil. Cela sera encore moins aisé de le faire  dans des conditions exceptionnelles dès lors qu’il s’agira de situation de conflit armé ou encore de contraintes climatiques majeures ».  Abdelaziz Rahabi note que « l’option armée sous la forme de guerre par procuration est toujours privilégiée par les Occidentaux car elle est peu coûteuse en vies humaines occidentales et ne provoque pas beaucoup de débats internes dès lors que les victimes sont africaines. La solution militaire, au détriment d’une approche globale politique et économique, a pourtant montré ses limites ces deux dernières décennies au Sahel et ne fera qu’ajouter le désordre au désordre ». Il insiste encore pour relever que « l’usage de la force dans la pratique internationale est l’ultime étape d’un processus de bons offices, d’échanges, de dialogue, de médiation et de négociations qui n’a pas été engagé dans son intégralité avec le Niger. L’expérience internationale a montré les limites des sanctions de même que les menaces sur la sécurité du Sahel que représente la feuille de route aventurière de certains des États membres de la Cédéao ont, selon toute vraisemblance, obéi à des sollicitations non africaines. Tout comme le mutisme de l’organisation continentale africaine peut légitimement susciter des interrogations. Cette opération précipitée, conjuguée aux sanctions envisagées contre un pays pauvre et sans littoral, aura l’effet contraire de celui escompté puisqu’il favorisera une mobilisation sociale autour des putschistes et affectera les catégories sociales les plus précaires ». Ce n’est pas fortuitement que le diplomate algérien parle du « terrorisme international – que l’Algérie connaît mieux que quiconque –»   tient-il à préciser. Il explique que le terrorisme international « souvent invoqué pour justifier les ingérences étrangères est en fait un pur produit de calculs géostratégiques de l’Occident et de la sous-traitance de certains États arabes ». Il fait remarquer que « les élites politiques, médiatiques et académiques occidentales, souvent alignées sur les thèses officielles sur cette question, ont réussi, quant à elles, l’une des plus grosses manipulations de ce siècle, l’islamisation de la radicalité » et rappelle que « la doctrine algérienne en la matière considère que le terrorisme n’est pas une fatalité en Afrique et qu’il n’a aucun fondement religieux.  Elle n’a pas cessé de le rappeler depuis les années quatre-vingt-dix».
M. R.

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