Les médias occidentaux étaient unanimes à sortir leurs griffes contre le nouveau Président algérien, Abdelmadjid Tebboune, alors qu’ils ont chaleureusement accueilli le premier mandat du président déchu, M. Abdelaziz Bouteflika, et même salué ses trois autres. Celui-ci leur a d’ailleurs bien rendu cette amabilité puisqu’il leur a accordé tous ses entretiens.
La réponse de M. Tebboune au président Macron a donné le ton de la place que le Chef de l’État veut donner aux relations internationales de notre pays. L’Algérie, ce « pays pivot » pour employer son expression, doit reconquérir sa place dans le monde, en tant qu’État réellement souverain, sans ingérences ni dictées de l’Orient ou de l’Occident. C’est d’ailleurs ce qu’il a affirmé maintes fois, notamment lorsqu’il a conditionné la réouverture des frontières terrestres avec le Maroc, fermées en 1994, par des excuses officielles au peuple algérien.
L’homme de dialogue et de conciliation avec la jeunesse algérienne, notamment avec le Hirak, est ferme s’agissant des relations internationales ; et c’est là une revendication algérienne fondamentale en ces temps où la souveraineté du pays est menacée de partout.
À nos frontières, il y a surtout des pays instables où sont positionnées les armées de puissances étrangères qui ne présagent guère de bien pour les peuples de la région, y compris le nôtre. Les forces françaises et américaines sont au Mali et au Niger, le conflit libyen dure depuis des années, pour ne parler que des zones les plus proches qui sont supposées constituer notre profondeur stratégique mais devenues, après vingt années de laxisme, des régions d’où peuvent partir des attaques de type Tiguentourine ou autres que nul ne peut présager. Ces menaces maintiennent l’ANP en état d’alerte permanent, faisant peser ces dépenses sur le budget de l’État.
Les relations avec nos voisins sont fondamentales non seulement pour notre sécurité et la leur, mais également pour le développement national, qui ne peut exister en dehors de relations et d’échanges solides et mutuellement profitables pour toutes les parties. Assurer notre sécurité en Afrique passe par la sécurisation de notre profondeur stratégique.
C’est pour cela que l’État souverain sur tous les plans que promet M. Tebboune doit aussi être un État solidaire. Les menaces sécuritaires couplées à la pression migratoire, elles aussi sources d’inquiétude, imposent une révision complète de notre stratégie avec l’Afrique et avec le monde. M. Tebboune a rappelé le rôle central qu’a joué l’Algérie durant la guerre froide : il s’agit aujourd’hui d’avoir au moins des frontières sûres en ayant zéro ennemi et plein d’amis comme voisins.
Par Ali El Hadj Tahar