Face aux problèmes de surcharge des classes et les difficultés liées au manque de place dans les établissements éducatifs, en cause des grands projets de relogement et des nouvelles cités urbaines, des classes en préfabriqué seront utilisées cette année par les autorités à l’effet de combler ce déficit infrastructurel. Résultat : même si la ministre de l’Éducation nationale, Nouria Benghebrit, avait déclarée cette solution de temporaire, de nombreux syndicats posent le doute sur cette mesure, surtout en l’absence de moyens financiers conséquents amenant à construire de nouveaux établissements. C’est-à-dire, on craint que cette décision s’inscrive dans le temps. «Il y a ces cités et villes qu’on construit et ces familles qu’on reloge. Mais dans un laps de temps si cours, on n’a pas de temps pour construire de nouvelles écoles. Il faut le reconnaître», a indiqué Meziane Meriane, coordinateur national du SNAPEST, hier lors du forum du Courrier d’Algérie. «Donc, pour parer au plus pressé, on utilise le préfabriqué pour faire vite ; soit on attend la réalisation de nouvelles écoles et les élèves ne soient pas pris en charge immédiatement, soit on les prend en charge avec les moyens de bord, c’est-à-dire, le préfabriqué», a ajouté le responsable de l’un des importants syndicats autonomes de l’Éducation dans le pays. Ce dernier se montre, cependant, moins catégorique sur le caractère limité que devrait avoir le recours aux classes en préfabriqué : «je pense que ce n’est pas le provisoire qui va durer, parce que le préfabriqué n’est pas fait pour recevoir convenablement les élèves ». Meziane Meriane s’interroge alors sur les vraies raisons qui poussent le département de Benghebrit à recourir au préfabriqué, qui sont, selon lui, les mauvaises pratiques en matière d’attribution de marchés de construction d’établissements scolaires à des entrepreneurs incompétents, ce qui a engendré d’énormes retards de plusieurs années. «En 2012, on avait un manque en terme d’établissements scolaires de 629 pour les lycées seulement, dont les projets avaient démarré en 2004 et qui sont restés non achevés en 2012. Il faut se poser les véritables questions ; à qui on a attribué ces marchés ? Est-ce que cet entrepreneur a la capacité de réalisation d’un établissement scolaire ?», s’interrogeait Meriane. Avant d’expliquer : « Je le dis et j’assume ce que je dis, on a attribué des marchés de réalisations de lycées à des entreprises qui ne sont même pas capables de construire une cabane. Donc, en 2012, on s’est retrouvé avec un déficit de 8 années de retards et les travaux ne sont pas encore finis». Devant de telles situations, Meziane considère que les autorités compétentes doivent «mener une enquête» afin que «les responsables de ces retards de réalisation «rendent compte de leurs mésaventures et de leurs prises de décision». Par ailleurs, Meriane a fait savoir que les réformes de Benghebrit seraient difficiles à appliquer faute de moyens, notant que malgré le budget important alloué au secteur de l’Éducation, 85 % vont vers la masse salariale, contre 15 % seulement pour la prise en charge pédagogique.
Hamid Mecheri