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Une relève qui peine à percer, des résultats techniques loin du compte : Algérie ton sport f… vraiment le camp ?

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Hattab, Berraf et Boulmerka. Trois personnalités qui savent de quoi il est question, des vérités certes amères et pas bonnes à dire et une certaine impuissance devant la réalité du terrain. Le 1er, c’est le ministre de tutelle qui arrive dans le secteur et peut constater les dégâts, le second préside le Comité Olympique et qui reste incontournable à l’heure des bilans, la 3e n’est autre qu’une des icones de l’athlétisme algérien dont l’aura dépasse largement nos frontières et dont l’avis devrait faire référence en raison de son vécu. Pour dire que le sport national va de mal en pis. Jusqu’à quand la salle de réanimation et le recours inconsidéré à la perfusion et surtout qui et quel remède pour remettre sur pied ce grand malade quand tout le monde s’accorde à reconnaître que l’heure est grave?

Par Azouaou Aghiles

Chaises… musicales
«Droit dans le mur.» Et quand ce sont deux personnalités clefs du mouvement sportif national qui l’assènent, c’est qu’il n’y a plus qu’à espérer un miracle pour espérer revoir nos athlètes rebondir et remonter, toutes disciplines et catégories d’âges confondues, dans la hiérarchie mondiale. Et le «miracle» (il faut des guillemets ?) s’appelle le travail et la formation à long terme, en plus d’une meilleure gestion des ressources humaines et matérielles. Sur ce plan, nonobstant les luttes intestines et de clans, et les guerres d’influence tout azimut, il faut se rendre à l’évidence que les choses n’avancent pas, les blocages tuant dans l’œuf toute forme d’initiative. Ainsi, et à moins d’une refonte totale du système, le président du COA, Berraf, et l’ancienne championne, Boulmerka, peuvent continuer à parler. Sûrement que personne ne «perdra» son temps à les écouter ressasser des vérités connues de tous. Qui a dit miracle(s) ? Dans une récente sortie médiatique, le N°1 de l’instance morale du sport algérien se désolait presque de revenir sur ses rapports houleux avec l’ancien ministre de la Jeunesse et des sports, Ould Ali avec lequel il entretenait un dialogue de sourds qu’on savait préjudiciable (et ça se confirme) en termes de retombées (évidemment négatives) sur l’avenir même du mouvement sportif national. Au moment où le rideau s’apprête à tomber (ce sera ce samedi 28) sur les JAJ (lire Jeux africains de la jeunesse qu’Alger abrite depuis le 18 juillet en cours) et que les tous premiers bilans s’imposent quant à la participation de nos jeunes âgés en principe entre 15 et 18 ans selon les disciplines les concernant, Mustapha Berraf, qui sait que les chiffres, dans toute leur sècheresse parleront leur vrai langage, ne seront encore une fois pas cléments et confondront à nouveau les différents responsables en charge de nos sports (on fait exprès de ne pas parler de disciplines) surpris encore une fois en flagrant délit (on ne parlera pas ici des éternels couacs souvent compréhensibles dans l’organisation d’une manifestation que les participants venus des quatre coins du continent estiment dans l’ensemble «plutôt bonnes» ce qui, déjà, pousse le nouveau locataire du fauteuil du 1er Mai, Mohamed Hattab, à annoncer que l’«Algérie est capable d’accueillir de plus grands évènements» sans autres précisions cela va de soi) de bricolage. Une situation de blocage se répercutant sur les prestations, toujours en demi-teinte, pour ne pas dire de plus en plus faible, de notre représentation à l’international. Sèchement, sans détour, Berraf saisira donc l’occasion pour remettre sur le tapis cet épisode, on dira ce bras de fer sans vainqueur ni perdant (ou plutôt si et c’est plus grave, le sport algérien qui perdra énormément de temps dans une guerre de tranchées sans merci prenant fin avec le dernier remaniement ministériel en date signifiant, entre autres changements opérés au niveau de l’Exécutif, la fin de fonctions d’Ould Ali) qui verra nombre de fédérations spécialisées jouer entre deux chaises pour ménager, au risque d’une paralysie totale, la chèvre et le chou, les uns faisant profil bas, les autres s’engouffrant des les failles ainsi ouvertes, pour régler ou solder quelques comptes personnels sans se soucier, outre mesure, des conséquences.

On glisse, glisse…
Expliquant, par exemple, les résultats qu’il juge (merci pour le courage de circonstance) «catastrophiques» du tout dernier détour du sport algérien à Tarragone (Espagne) à l’occasion des derniers Jeux Méditerranéens, le président du Comité Olympique Algérien, dira sans détour, qu’il ne s’attendait aucunement à autre chose qu’un autre bide à inscrire à l’actif d’un sport éprouvant toutes les difficultés du monde à se régénérer. À tout le moins se montrer à la hauteur des moyens (qu’on dit énormes et sur lesquels on reviendra par la bouche même de notre super star, Hassiba Boulmerka, qui n’ira pas par trente six chemins pour dire également, sans détour, sans prendre de gants, lors de son passage très remarqué au Forum du «Courrier d’Algérie» ses vérités) mobilisés ainsi que de la richesse et du potentiel en talents d’un pays dont la force reste, nous dit-on, sa jeunesse. «Attendus et logiques» soutiendra donc Berraf en parlant de la «performance» de nos athlètes dans cette joute régionale dont les bilans, si elle déçoit les attentes de l’opinion, n’augure rien de bon. Pourquoi et comment ? Quelles sont les causes ? «Une gestion tout aussi catastrophique» dira-t-il, dans une allusion à peine voilée au passage d’Ould Ali caractérisé par une crise sans précédent entre les deux importantes structures en charge du sport algérien, en l’occurrence le MJS et le COA. «J’ai dit à plusieurs reprises, sans que personne ne daigne m’écouter, qu’Ould Ali n’avait de cesse de menacer le COA et qu’en conséquence on fonçait droit dans le mur (…) On est passé par une période noire mais le moment est venu de tourner la page, c’est pourquoi je suis en phase avec le nouveau ministre qui appelle, à juste titre, à resserrer les rangs dans la perspective de remettre (*) les choses à leur place.» Ayant apparemment plus que gros sur le cœur, l’ancienne star du jeu à cinq national, vient de se lâcher complètement en rompant enfin le silence sur ses relations houleuses avec Ould Ali qu’il tiendra pour «seul et unique responsable des dépassements constatés depuis son intronisation», les «crises», dira-t-il, et les «protestations», voire les «révoltes», pour ne pas dire les «mutineries» de certaines fédérations mises au pas et prenant les «ordres» de la bâtisse du 1er Mai, se suivant à des rythmes soutenus avec pour objectif précis de renverser l’actuelle direction du COA, la tête de son président, restant la priorité.

Bonne sieste !
Un président qui peut aujourd’hui savourer sa «victoire» non sans envoyer quelques piques du genre «dans le sport algérien, on parle beaucoup, on promet monts et merveilles mais une fois aux postes de responsabilités convoités, le rendement frise le zéro. On oublie malheureusement que la responsabilité est une mission (…) Il est temps que la décision revienne aux spécialistes du terrain seuls capables de réaliser les résultats escomptés.» Avant de conclure, et prônant une profonde remise en ordre, Berraf parle pour la premier fois d’un possible départ, en laissant désormais la porte ouverte à une démission si le statuquo persistait et les changements qui s’imposent venaient à échouer.»
De passage par le Forum du «Courrier D’Algérie», Boulmerka, sans langue de bois et droit au but, met de l’eau au moulin du N°1 du COA en insistant particulièrement sur la nécessité de rendre le sport aux sportifs en déclarant notamment que «les politiciens doivent laisser le sport national aux sportifs !» Aussi sûrement, estime-t-elle, que «les performances passent par les valeurs sportives», plaidant au passage pour «l’éducation et la formation de la ressource humaine, et ce n’est pas seulement gagner pour gagner.» Le sport algérien va mal ? On cherchera le scoop ailleurs. Du déjà entendu et l’impression pas du tout bizarre que tout le monde peut parler tant qu’il n’y a pas d’oreille attentive.
Le sport algérien qui f… le camp carrément ? On fera comme celui qui n’a rien vu ni entendu et vogue la galère. Que pense finalement le nouveau MJS de la situation dans laquelle il a trouvé le secteur dont il a la lourde et douloureuse charge ? Plus que de nous convaincre de la satisfaction affichée à l’arrivée de ces JAJ quant aux résultats (probants ?) décrochés par les jeunes pousses (la vraie relève ?) dans des joutes où il n’est pas facile de tirer de vrais enseignements (on se trompe et aux responsables concernés de nous convaincre ?) et à la fin desquels, comme pour bien d’autres sorties internationales (l’épisode espagnol est assez frais dans les mémoires et qui rend compte de la glissade dangereuse de notre sport dans les profondeurs de la hiérarchie sportive mondiale) on tournera très vite la page avant d’autres réveils brutaux. On ne répètera jamais assez que les J.O de Tokyo sont déjà là. Que 2020 c’est déjà aujourd’hui. Que, que, que… Que, et il ne faut se leurrer ni croire au Père Noël, que cela mérite une petite sieste de deux autres années et advienne que pourra. Merci Boulmerka, en sa qualité de double championne du monde et olympique, de nous prévenir. Un avertissement qui pourrait ne servir à rien. Une année plus tard, l’Algérie accueillera, à Oran (2021), les Jeux Méditerranéens. Une belle fête et l’occasion de faire découvrir une magnifique région aux étrangers qui feront le déplacement. Côté podium ? Il ne faut pas poser la question à nos maîtres de la prospective. Tarragone est peut-être déjà une réponse. En guise de pessimisme on ne peut faire mieux (ou pire ?) n’est-ce pas. «Droit dans le mur» et ce n’est pas l’auteur de ces lignes qui le dit …

(*) Lors d’une visite impromptue, mardi dernier, à un des nombreux sites abritant les délégations participantes aux JAJ d’Alger, le Ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Hattab, a fait part des intentions de son département de faire bouger les choses au plus tôt en opérant des changements significatifs au niveau des structures dirigeantes en charge des plus importants dossiers touchant à l’avenir du sport national. Suffisant pour comprendre que, et plus tôt qu’on peut le penser, des têtes, et pas des moindres, devraient se préparer à tomber dans la foulée des critiques acerbes les visant notamment avec les mauvais résultats réalisés par nos différentes disciplines à tous les niveaux, nos athlètes, dégringolant inexorablement dans la hiérarchie mondiale et tendant même à disparaître des podiums, se révélant désormais incapables de soutenir la comparaison même dans les rendez-vous dits «mineurs.» Des mesures qu’on présente d’aussi importantes qu’urgentes (on a mis du temps à réagir, ndlr), des sources proches du Ministère, si elles écartent toute velléité de la tutelle de régler des comptes, ne s’empêchant pas d’inscrire les décisions à venir dans une sorte d’opération de «nettoyage» visant les forces d’inertie dont la capacité de nuisance n’est plus à rappeler, le visage montré par nos pseudo-élites à l’occasion de leurs sorties ratées sur près, maintenant, d’au moins trois décennies avec la retraite de ses chefs de file de la trempe des Morceli, Boulmerka, Benida Merah et consorts, étant, on ne saurait le répéter, l’expression flagrante d’échecs annoncés de longue date. En précisant que son Ministère «travaille actuellement selon des normes nouvelles et internationalement admises et axées sur un travail collectif et consensuel entre les différents acteurs», il se montrera plus explicite en avertissant d’emblée que «celui qui n’obéit pas à la nouvelle démarche et à cette vision et n’actualise pas ses connaissances ne sera pas avec nous.» Voilà qui est dit. Un message clair et des intentions tout aussi claires qu’un grand coup de pied dans la fourmilière est attendu. Logique avec les problèmes sans fin hérités des directions successives ayant pris possession des lieux du côté de la place du 1er Mai. La confirmation aussi, pour le nouveau maître de ces mêmes lieux, que la tâche sera dure tant les positions (les acquis, ou les privilèges, restant énormes à l’ombre d’enjeux tout aussi difficiles à quantifier) des uns et des autres (difficiles par ailleurs à débusquer) leur conférant des situations difficilement «bougeables» si on veut bien nous permettre, avec nos plates excuses au passage, cette expression ou entorse à la langue française.
Azouaou Aghilas

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