On joue à qui gagne perd. Personne ne gagne du moment que tout le monde perd. Et le public des «Verts», décidément les grands absents de cet évènement planétaire au double plan arabe et africain, reste indubitablement le grand perdant. En toile de fond, ces regrets sincères pour leurs supporters extra-muros qui se désolent de voir le quinté constitué du Maroc, de l’Égypte, de la Tunisie, du Nigeria, (sauf que le Sénégal est sorti du lot en disposant sans coup férir de la Pologne et sauve la mise) de la Pologne et, surtout, l’Arabie Saoudite, battue à plate-couture par une modeste sélection russe qui remet ça face à l’Égypte renvoyée refaire ses classes après deux sorties seulement et quitte prématurément la compétition, traîner singulièrement la patte pour leurs grands débuts. Une entrée en matière plutôt lamentablement ratée. Suffisant pour voir les souvenirs de la campagne du Brésil remonter à la surface. Nostalgie ?
Calmer les esprits, comment ?
Viendra, viendra pas ? Partira, partira pas ? On perd le fil. On parle de qui, de quoi, au juste ? Pendant que le public algérien, particulièrement marqué par la défection des siens qui ont choisi, contre toute attente d’accoucher d’un monumental bide lors de la dernière phase qualificative pour le Mondial 2018 en prenant tout le monde à contre-pied avec en prime (sévère sanction plutôt) un bilan (aucune victoire et deux petits minables points récoltés) frisant l’humiliation pour un groupe bien parti pourtant pour tout casser sur son passage en dépit de la qualité de l’adversité que lui réservera le sort qui mettra sur son passage ce qui se fait de mieux sur le continent avec une triplette, Nigeria- Cameroun-Zambie, s’avérant finalement injouable. Au terme donc d’une semaine de compétition marquée, on ne le rappellera jamais assez, par le piteux spectacle offert à l’occasion par les «petits» poucets, dont notre quatuor précisément, le «Club Algérie», s’il revient sur scène par d’autres lucarnes, dont notamment ces commentaires d’une opinion arabe se désolant, sous forme de regrets, de son absence au vu de la tournure prise par les évènements et le sort réservé à leurs représentants sur les terres de Poutine, n’en finit plus de faire l’actualité. Pour s’en convaincre, ce drôle de match (c’est un peu leur petit «Mondial» à eux, où ils règlent quelques comptes difficiles néanmoins à solder faute de consensus) que se livrent le président de la Faf, Zetchi, plus que jamais convaincu d’avoir fait le mauvais choix pour la succession de l‘Espagnol Alcaraz, démis unilatéralement de ses fonctions et qui s’en remet à l’arbitrage de la Fifa avec l’assurance quasi-certaine d’empocher le gros lot (une conséquente somme en euros sonnants et trébuchants qui viendra sûrement gréver douloureusement des comptes qu’on dit déjà sérieusement mise à mal d’une structure trouvant toutes les peines du monde à diversifier ses sources de revenus depuis le départ de Raouraoua) et mis en demeure par la vox populi (et pas seulement, les informations en provenance des hautes sphères du pays faisant part d’un sérieux malaise et pousseraient à réinstaller au plus vite la sérénité au sein de la sélection en commençant par lui trouver un nouveau patron de la barre technique en mesure de la remettre sur pied et lui redonner ses lettres de noblesse) de faire sauter le fusible, en se «débarrassant» en urgence absolue d’un Madjer devenu encombrant. Qui ne veut pas partir aussi facilement et fait bien évidemment de la résistance à décoder les rumeurs sortant par doses homéopathiques d’une bâtisse de Dély Brahim transformée en maison de verre.
Madjer, Vahid, Gourcuff : grosse confusion
Partira ? Plus que sûrement. Une question de jours, voire de quelques heures. Au plus tard la fin de ce mois de juin décidément propice à tous les renversements. Au sens propre comme au figuré. Pour laisser la place à qui ? That’s the question. C’est la question désormais inévitable qui fait les choux gras. Vahid Halilhodzic ? Christian Gourcuff ? Peut-être personne parmi ce duo de super-favoris, en attendant bien sûr la suite que nous réserve le feuilleton-Madjer pour qui (des sorties toujours par la petite porte, souvent houleuses et faisant le buzz) l’histoire est décidément un éternel recommencement. Parti pour… partir, le dépositaire de la «talonnade» a toutes les raisons de croire (tout comme l’opinion) que son remplaçant ne figurera pas parmi ce tandem dont le retour semble d’ores et déjà tourner au non-évènement, le Bosnien comme le Français possédant suffisamment de griefs pour refuser de nouvelles offres, même si Gourcuff, connu pour ne pas trop communiquer, est demeuré jusque-là muet, préférant ainsi ne pas trop s’impliquer dans un débat qui ne le concerne pas ou plus, alors que Vahid, encore sous le coup de son limogeage du Japon, parle un peu trop non sans alterner le chaud et le froid, rendant au passage toute lecture aléatoire. Vahid, qui met la barre un peu trop haute financièrement (on parle de pas moins de 120 milliards de nos malheureux centimes sur les cinq ans de contrat qu’il imposerait pour reprendre du service avec carte blanche) a-t-il trouvé la parade pour signifier son refus lui qui se sait «indésirable» après la réponse de non recevoir qu’il a réservée aux plus hautes autorités du pays qui ont fait le forcing pour le retenir à son retour (dans la peau d’un héros national et il ne lui manquait, on s’en rappelle, que la statue de circonstance) du Brésil ? On peut parier, à 100 contre1, que la piste n’est plus d’actualité si tant est elle l’a été. Quid de Gourcuff parti se reposer au Qatar (chez le club d’Al Gharrfa) avec un contrat qu’on imagine difficile à refuser? Loin de toute pression surtout dans un pays qui n’a rien à voir avec la passion du supporter algérien connu pour sa versatilité. Il ne reviendra pas lui aussi. La raison ? Un vieux différend, dit-on, avec le même Zetchi du temps où il présidait l’Académie du Paradou et remontant à l’avant-JO de Rio de Janeiro, lorsque nos «olympiques», auréolés de leur tout nouveau titre de vice-champions d’Afrique au Sénégal, mettaient, à Tikjda les dernières retouches à leur préparation pour le rassemblement quadriennal du sport universel. Partira ? Rien n’est moins sûr. Tout aussi peu sûr que coach Vahid ou Gourcuff ne se montrent favorables à un come-back.
Les dès sont jetés ?
En attendant de régler son sort (difficile mission) à Madjer, que fait le président de la Faf auquel des sources prêtent l’intention d’aller faire son marché en Russie où il a d’ailleurs séjourné en marge de la réunion de la Fifa ? Principalement ou tout simplement de convaincre son coach de «sortir» par la grande porte et lui éviter de se faire «virer.» Une solution extrême qui, toutefois, n’arrangera pas, loin s’en faut, les caisses de cette même Faf pas encore fixée sur la réponse de la Fifa qu’Alcaraz, qui n’en démord pas pour récupérer son dû évalué à quelques 21 milliards et des poussières, a saisi officiellement. Sur les pas duquel marcherait, selon toute vraisemblance, son successeur Madjer et son staff (Ighil, Mennad et Gaouaoui ne veulent pas partir gratuitement, eux dont le sort est intimement lié à leur patron en chef) que la dernière défaite concédée à Lisbonne n’arrange pas les affaires, le constat définitif étant (et le public le crie à tue-tête) que les résultats sont mauvais, le travail insuffisant et, par ricochet, le bilan plus que négatif. Dans l’esprit de tous, y compris parmi les membres du B.F. (ils mettent la pression), la cause est entendue, le divorce bel et bien consommé. Sauf que l’ancienne star de Porto s’accroche mordicus à son poste et refuse, comme le souhaite le boss, de rendre le tablier sans faire de vagues. Pour s’en convaincre, et il est tout à fait dans son droit (Zetchi oublie apparemment que les clauses du contrat liant les deux parties ne sont, jusqu’à preuve du contraire, pas favorable à la Faf qui commet un autre impair après ce qu’on peut désormais qualifier de scandale-Alcaraz et doit se préparer à mettre la main à la poche pour une séparation à l’amiable) et n’en démord pas de rester en poste jusqu’à cette CAN 2019 qu’il «promet», malgré les critiques le visant personnellement quant à son incapacité manifeste à faire redémarrer la machine, en «vert». Lire tout bonnement (on rêve debout, les «gars» pour reprendre son expression fétiche) qu’il est en mesure de revenir du Cameroun (sérieux lorsqu’on revoit les prestations, à la limite du catastrophique, livrées depuis qu’il a pris les rênes d’une E.N. déjà en salle de réanimation ?) avec le précieux trophée dans les bagages. Il ne partira pas, sauf si on le paie rubis sur ongle, lui qui réclame la totalité de ses salaires courant jusqu’à cette date. Il ne partira pas sans un effort financier (on parle d’au moins 3 mensualités s’élevant, nous disent des sources, à 1 milliard 200 millions, sans compter ses trois assistants, ce qui peut aller du simple au double et ça fait beaucoup) et cet «effort» tout de symbole lorsque, et avant le déplacement au Portugal et la claque infligée par Ronaldo et les siens, il le défendra publiquement à travers un communiqué ( une réponse aux sorties du MJS et du président du COA) dont la lecture est suivie d’une grosse polémique : On apprendra, par exemple (grande surprise quand même) , que le président de la FAF et les membres du Bureau fédéral dénonçaient (sic !) «la campagne d’acharnement menée contre la personne du sélectionneur national, surtout à la veille d’une rencontre amicale aussi importante que le Portugal.»
Le message de Hattab
Celui qui aura compris peut-il éclairer nos lanternes ? Entre le 04 juin, jour de soutien indéfectible, et le 24 juin, jour de la tenue d’un BF (extraordinaire ?) consacré à un «procès» en règle (l’intéressé sera-t-il présent ?) à l’issue duquel il s’agira de montrer la porte de sortie à Madjer, beaucoup d’eau et de salive ont coulé sous les ponts. Un sélectionneur dont les jours sont comptés. Peut-être bien. Sauf qu’il tient toujours le bon bout et sait très bien qu’il négociera son «licenciement» en position de force. Mieux, croit dur comme fer qu’il sera à la manœuvre au Cameroun où il compte (ce n’est pas de la prétention et c’est lui qui le promet) épingler une seconde étoile sur le maillot national après l’avoir fait en tant que joueur à Alger. En voyage en Russie, Zetchi n’aurait pas perdu son temps en mettant une photo et un nom sur la case que laissera vide Madjer. On en saura un peu plus après le 15 juillet sur l’identité de cette belle «affaire» (on croise d’ores et déjà les doigts après les deux couacs Alcaraz et Madjer payés chèrement) sortie du traditionnel mouvement d’entraîneurs à l’arrivée de toute Coupe du monde. En attendant, le Mondial de Russie continue son bonhomme de chemin. Avec quelques surprises avant d’entamer sa deuxième semaine. En attendant, et après la 1ère journée, le public algérien, bien installée ( ???) dans son fauteuil pour cause d’absence remarquable et remarquée de ses favoris, n’en finit pas de ronger son frein avec des regrets et des frustrations n’en finissant pas d’agiter ses nuits. Pour preuve, cette sortie médiatique lourde de sens de Mohamed Hattab, Ministre de la Jeunesse et des Sports lors de la visite d’inspection qui l’a conduit à Baraki et Douéra pour suivre l’évolution des travaux des deux nouveaux stades en construction. Des propos pour rappeler la passion qui entoure l’équipe nationale. On lit et relit. Compris beaucoup de choses. Comme un message facile à décoder : «C’est difficile pour nous les Algériens de suivre cette Coupe du monde en Russie en l’absence de notre sélection nationale. C’est vraiment douloureux (…) La plaie due à la non qualification de notre sélection nationale restera ouverte jusqu’à ce qu’elle se qualifie pour la prochaine édition. Si on est au Mondial de 2022, là on pourra complètement oublier et tourner la page.» C’est dans quatre ans et c’est déjà aujourd’hui. On se réveille et on se remet au travail. Avec quel entraîneur ? Sûrement pas avec Madjer dont le départ est déjà perçu par l’opinion comme une délivrance. L’heureux élu ? Wait and see. Ce qui est sûr, c’est que la mission de la Faf est, on ne peut plus, compliquée. Banco !
Azzouaou Aghilas