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Musique : Avec Shaggy, Sting fait main basse sur la Jamaïque

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«La vérité c’est qu’il n’y a pas de pureté en musique. Tout n’est qu’hybride» : la star britannique Sting, dont le rock doit tant au reggae, fait tandem avec le roi du dancehall Shaggy sur «44/876», un album pop aux volutes de Jamaïque.

C’est à New York, où plus de 170 langues sont parlées et où tous les deux vivent depuis plusieurs années, que l’Anglais et le Jamaïcain ont enregistré cet opus à paraître vendredi. «44/876», qui correspond aux indicatifs téléphoniques de leurs pays d’origine, «est le fruit d’un heureux accident, comme souvent en musique», assure Sting à l’AFP. «Il y a deux ans, on m’a fait écouter une démo de Shaggy qui allait devenir notre premier single, +Don’t Make me Wait+. J’aimais beaucoup. Alors je suis allé à sa rencontre pour lui dire que j’aimerais bien chanter dessus. Et il a accepté…», raconte l’ex-leader du groupe The Police, à qui on ôterait allègrement une dizaine d’unités à ses 66 ans. Finalement, ce sont douze titres qui seront mis en boîte. «Le fruit d’improvisations au cours desquelles on s’est bien amusé», complète Shaggy, 49 ans, dont la voix de baryton ramène à ses tubes des années 90 «Boombastic», «Hey Sexy Lady». Parmi les chansons notables de leur album, figure «Crooked Tree» dans laquelle Sting incarne un criminel et Shaggy… un juge. «Je dois reconnaître que ça m’a sorti de ma zone de confort ! Je me suis quand même demandé comment j’allais dire ces phrases solennelles et graves tout en restant cool», rit ce dernier. Dans «Dreaming in the USA», le duo loue les valeurs de l’Amérique. «Nous sommes tous les deux des immigrés. La raison pour laquelle nous vivons là-bas c’est qu’on aime ses films, sa musique, sa culture, ce vent de liberté qui y soufflait. C’est une déclaration d’amour à un pays qui a encore de la grandeur», plaide Sting. «Je crois qu’on peut encore réaliser ses rêves en Amérique», enchaîne Shaggy, qui possède la double nationalité et s’est battu dans le corps des Marines lors de la première guerre du Golfe.

«Englishman in Kingston»
«Les marches anti-Trump ont été un signe très positif pour moi. C’est la démocratie à son meilleur, il y avait beaucoup de jeunes. J’ai l’espoir que dans deux ans leur vote pèsera», dit celui qui a récemment parodié le président américain dans l’émission «Late Late Show». Reprenant un de ses tubes «It Wasn’t Me», le chanteur, coiffé d’une perruque blonde, imite Donald Trump, empêtré dans ses scandales avec pour seule défense ce refrain : «Ce n’était pas moi». Shaggy vit l’autre moitié de son temps en Jamaïque. Un pays que connaît bien Sting pour y avoir souvent séjourné. Plusieurs tubes de Police sont nés sur cette île, comme «Every Breath You Take». «Je l’ai écrite sur le bureau de Ian Fleming à Golden Eye, son ancienne propriété au nord de l’île. Il y a inventé de nombreuses histoires de James Bond et moi de plutôt bonnes chansons», sourit-il. «En Jamaïque, The Police a été la passerelle ayant permis au reggae d’être diffusé sur les grandes radios, rappelle Shaggy. Et comme Bob Marley a pu être critiqué à ses débuts par les puristes, leur musique métissée le fut également. C’est toujours bon signe quand les puristes commencent à vous tomber dessus».
Pour Sting, «le reggae a révolutionné le rock en mettant en avant le jeu de basse. Ainsi, les structures des chansons reposent sur cet instrument. C’est ce qui m’a attiré en tant que bassiste». «Ayant grandi en écoutant la musique caribéenne, le calypso, le blue beat, le ska, tout cela m’était familier.
Je pouvais donc instinctivement comprendre le reggae, qui n’est pas facile à jouer. Et c’est devenu une musique qui n’a jamais cessé de m’accompagner», conclut-il fièrement.

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