Des milliers de travailleurs ont répondu, hier, à l’appel de l’intersyndicale, qui a organisé une marche nationale de protestation, à Tizi Ouzou.
C’est une véritable démonstration de force à laquelle ont pris part des citoyens, des militants politiques et des représentants de la société civile. Encore une fois, la coalition composée d’une quinzaine de syndicats autonomes de la Fonction publique renoue avec la protesta pour réitérer l’expression de ses revendications. Il s’agit de l’annulation du nouveau système de retraite, de l’implication des syndicats dans l’élaboration du Code de travail et la consécration de la justice sociale. Occasion, également, pour les mécontents, de dénoncer la politique du gouvernement, à l’origine, selon eux, de la dégringolade du pouvoir d’achat du citoyen. Aux premières heures de la matinée, les premiers manifestants ont commencé à se regrouper au niveau de la place du Musée de la ville, alors que d’autres arrivaient des quatre coins du pays. D’ailleurs, et compte tenu du nombre importants des personnes, issues de plusieurs wilayas, qui se sont déplacées pour participer à cette action pacifique, la ville des Genêts a connu une paralyse totale de son trafic routier. D’énormes embouteillages se sont formés, en effet, alors qu’un impressionnant dispositif sécuritaire a été déployé pour la circonstance, aussi bien à l’intérieur de cette cité urbaine, réputée pour avoir été de tout temps le bastion des luttes politiques et socioculturelles, faisant de la région le fer de lance des manifestations publiques, qu’au niveau de ses périphéries. Munis de banderoles et autres pancartes qui portent les principales aspirations des travailleurs, les marcheurs ont battu le pavé de la principale artère de la ville pour terminer leur action au niveau du siège de la wilaya. Contrairement au rassemblement d’Alger, observé en novembre dernier par l’intersyndicale, qui a coïncidé pour rappel, avec l’adoption à l’APN du projet de loi controversé portant essentiellement sur la suppression de la retraite anticipée, la marche d’hier s’est déroulée dans la sérénité totale, alors qu’aucun incident n’a été signalé. Les éléments des services de sécurité qui se sont mobilisés se sont contentés d’observer d’un œil vigilant le déroulement de cette action. Tout au long de ce mouvement de protestation, les marcheurs ont crié à gorge déployée des slogans hostiles à l’actuel système de retraite qui a suscité, depuis que le projet fut rendu public, la colère de milliers de travailleurs, structurés autour des syndicats autonomes issus de la Fonction publique. Aux premiers carrés de la manifestation, l’on a remarqué la présence des leaders de l’intersyndicale, des cadres et députés de partis tels que ceux du FFS (Front des forces socialistes) et du PT (Parti des travailleurs), ainsi que des cadres et militants du RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie). La procession humaine a terminé son périple au siège de la wilaya, où un rassemblement a été tenu et durant lequel, les responsables de toutes les formations syndicales adhérées à l’Intersyndicale se sont succédés au micro pour une prise de parole. Ainsi, pour Meziane Meriane, président du SNAPEST (Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique), le gouvernement ne peut empêcher les travailleurs de manifester, tel que semble le démontrer cette marche, pour le moins «réussie». Lui emboîtant le pas, ses compères des autres entités syndicales ont tenu à réaffirmer leur détermination à maintenir le cap jusqu’à ce que leurs revendications soient satisfaites.
Farid Guelil