Déstructuré depuis les années 90, le secteur du textile et du cuir peine à redémarrer. Amorcée depuis 2011, à la faveur d’un plan de restructuration de la filière, la relance du textile en Algérie n’est pas pour demain.
Et pour cause, de nombreuses lacunes, dont essentiellement la désorganisation des entreprises activant dans le secteur, entravent l’essor du textile en Algérie. Tel est le constat dressé, hier, par Amar Takdjout, secrétaire général de la Fédération des textiles et des cuirs affiliée à l’UGTA, lors de son passage sur les ondes de la Radio algérienne, dans l’émission l’Invité de la rédaction. Le secrétaire général qui évoquait une situation alarmante, dans laquelle s’est plongé le secteur, a affirmé que «la situation n’est guère réjouissante pour les entreprises publiques, même si l’État a mis en place une série d’outils et de mécanismes pour la relance économique de celle-ci». À cet effet, l’intervenant a regretté la lenteur de l’évaluation des réformes engagées par le gouvernement depuis 2011 à ce jour. Ainsi, mettant l’accent sur la nécessité de tirer un bilan du programme de relance, Takjout a affirmé qu’au «regard de la situation et des chiffres fournis par l’ONS il se trouve que nous vivotons beaucoup plus que nous avançons». En d’autres termes, le secteur économique en général et du textile en particulier, sont en «stagnation», regrette-t-il, avant d’enchaîner sur les recommandations pour y remédier à la situation. Ainsi, mettant en exergue le primordial d’instituer un «dialogue social» au sein des entreprises pour expliquer aux travailleurs qu’ils sont la composante essentielle de réussite de cette relance économique, l’hôte de la Radio nationale a, en sus, évoqué l’impératif d’organiser les entreprises nationales. Dans ce sillage, plaidant à la mise en place d’un dispositif d’aide pour la création des Petites et Moyennes entreprises en Algérie (PME), l’intervenant a regretté l’absence d’une «cartographie» de l’Entreprise dans notre pays. Ainsi, il a expliqué que «la création des PME qui reste le parent pauvre aujourd’hui». En effet, chiffres à l’appui, il a précisé que sur les 900 000 PME créées 90% sont des TPE (Très petite entreprise). «Nous n’avons pas cette dimension de PME moyenne capable d’apporter sa contribution d’aller de l’avant», a regretté Takdjout. Toujours sur le sujet des recommandations, le syndicaliste a appelé à «libérer l’Entreprise nationale» des contraintes bureaucratiques et administratives. Par ailleurs, il a appelé à mettre en place un plan d’action permettant à l’Entreprise de «prendre des initiatives».
Mais le plus grand travail qui reste à faire, estime Takdjout, est d’organiser les entreprises, essentiellement privées. Regrettant que les entreprises privées ne soient toujours pas identifiables, le syndicaliste a rappelé qu’actuellement «l’adhésion à la Chambre de commerce est nulle». Mettant en relief l’absence des statistiques, il s’est étalé sur le «problème d’organisation des entreprises du textile». Pour résoudre cette problématique, il a appelé à «la mise en place d’une union professionnelle sectorielle», qui, hélas, n’existe pas pour le moment dans notre pays. Dans cette optique, il a affirmé qu’on «ne peut pas aider les entreprises sans organisation». Tout en certifiant que l’Algérie a besoin de 2 millions d’entreprises pour répondre aux besoins, l’hôte de la Radio algérienne a appelé la majorité des acteurs à adhérer une vraie réforme. Par ailleurs, le SG de la Fédération des textiles et des cuirs s’inquiète qu’à la veille d’élections législatives le débat politique semble se désintéresser des questions économiques. Tout en estimant que c’est l’homme politique qui détient la solution, le SG a affirmé que la «responsabilité politique est engagée dans la réforme».
Lamia Boufassa