Le Président syrien, Bachar al Assad, a saisi l’occasion d’une visite que lui ont rendu des parlementaires français accompagnés de médias français, pour donner sa vision de la situation dans son pays et de la guerre qui lui est imposée au lendemain de la libération d’Alep. Le chef de l’état syrien qui accorde peu d’interviews, et encore moins à des médias occidentaux, qui font dans la désinformation totale avec une palme pour la presse française, a tout de même tenu à rencontrer trois médias français, pour évoquer la reconquête d’Alep , estimant que cette reconquête a été «un moment critique» dans le conflit imposé à la Syrie début 2011, sous couvert de « Printemps arabe». Estimant que la Syrie est «sur le chemin de la victoire», avec l’élimination des bandes terroristes de son territoire, il a relevé que l’on ne peut prétendre à la popularité si l’on massacre ses citoyens . «Vous ne pouvez pas avoir de soutien populaire si vous tuez vos citoyens» a affirmé le président syrien dans son interview a une radio périphérique française , avant d’observer : «Je n’ai jamais entendu parler, dans l’histoire, de bonne guerre. Toutes les guerres sont mauvaises», a-t-il ajouté, déplorant le «bain de sang» dans lequel a été plongé son pays. «Il est très douloureux, pour nous, Syriens, de voir une partie de notre pays détruite», a-t-il dit .
Rappelant que «son devoir» était de «libérer les civils des quartiers terroristes», à Alep , ll s’est demandé : «Est-il mieux de les laisser sous leur pouvoir, avec des décapitations, des
exécutions ?» Répondant à une question sur la libération de la ville d’Alep au terme d’une longue bataille entre les groupes rebelles et l’armée syrienne, il a affirmé qu’il ne considérait pas cette étape «comme une victoire», réaffirmant son objectif principal : «éliminer les terroristes» et «libérer chaque centimètre carré» du pays, alors que «plus de cinq millions de Syriens sont privés d’eau», depuis que «les rebelles se sont emparés des puits alimentant Damas afin d’asphyxier la ville».
Bachar al-Assad qui répondait aux questions des journalistes français en anglais, a estimé, au sujet des lourds bombardements qui ont ravagé la ville et fait de très nombreuses victimes, y compris civiles, que c’était «le prix à payer parfois». Bachar al Assad , s’est longuement étalé sur la position hostile de la France et sur son aveuglement , face à la réalité de la situation en Syrie, pour de vils intérêts mercantiles. Rappelant que la France n’entretenait plus de relations diplomatiques avec la Syrie, il a regretté cette attitude, caractéristique selon lui d’un «état aveugle». Comment pouvez-vous prétendre élaborer une politique envers une région du monde si vous ne voulez pas voir ce qui s’y passe, a-t-il demandé. Interrogé sur les crimes imputés par l’Occident aux forces armées syriennes contre la population civile, Bachar al-Assad a constaté qu’il «ne serait plus président» si tel avait été le cas. La question des droits de l’homme lui a donné l’occasion d’évoquer également le rôle de la France, rappelant l’action de cette dernière en Libye. «Si on parle du rôle de la France, est-ce à dire qu’ attaquer la Libye, cela faisait partie des droits de l’homme ?», s’est -t-il demandé. Selon lui, la France «n’est absolument pas en position de discuter de cela avec le moindre pays du monde». Le Président syrien a néanmoins tenu à saluer la présence, le même jour, d’une délégation française venue s’entretenir avec lui et composée des députés Thierry Mariani, Jean Lassalle et Nicolas Dhuicq. Soulignant «l’importance» de ce genre de rencontres, il a dit avoir «espoir» que leur voix soient entendues en France. «Ces délégations sont les yeux de l’état : il ne dépend que de lui, désormais, d’accepter de voir les faits», a-t-il déclaré.
Interrogé sur la position de François Fillon, candidat à la présidentielle française, il a estimé que « sa vision concernant les terroristes, ou disons la priorité du combat contre le terrorisme, sans ingérence dans les affaires des autres pays, est bienvenue». Prenant soin de distinguer «les déclarations et les actes», le président syrien a estimé que l’enjeu majeur pour la France était de «se confronter à la réalité». Alors qu’on lui demandait quel message il souhaitait adresser aux Français, Bachar al-Assad a distingué le message qu’il adresse aux dirigeants français de celui qu’il souhaite livrer aux citoyens français . Il a exprimé le désir de voir les gouvernants français œuvrer dans l’intérêt de leur peuple . En outre, selon lui, ces dernières années, la politique française a nui aux intérêts français dans la région.
Par ailleurs, le président syrien espère que l’arrivée à la Maison Blanche de Donald Trump, qui augure, de meilleures relations entre les Etats-Unis et la Russie, aura un impact positif sur la situation au Moyen-Orient .
M. Bendib