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La face cachée de la guerre contre le Yémen : Le patrimoine archéologique et historique ciblé

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Alors que la communauté internationale et les médias dans le Monde s’alarment et tirent la sonnette d’alarme après chaque destruction criminelle par les terroristes des vestiges et du patrimoine historiques, en Syrie, Irak ou Afghanistan, ils observent un mutisme pesant sur la pulvérisation au Yémen, depuis plus de deux ans. Des sites archéologiques et le patrimoine architectural, des plus anciens au monde, ont été détruits et sont la cible des raids aériens de la coalition que dirige l’Arabie saoudite dans sa guerre contre le Yémen.
Si pour sa part, Irina Bokova, directrice de l’Unesco, organisme des Nations unies (ONU) a déclaré être «profondément affligée par les pertes de vies humaines et les dommages infligés à l’un des plus anciens joyaux de l’urbanisme islamique au monde», elle avait appelé, en juin 2015, à respecter et protéger l’héritage culturel du Yémen, symbole, a-t-elle ajouté «d’une histoire millénaire (..) qui appartient à toute l’humanité » avait-elle déclaré, juin 2015. Depuis plus de deux ans, la guerre dans laquelle a été plongé le Yémen et son peuple, outre qu’elle a causé un « désastre humanitaire» comme l’a souligné, hier, le professeur universitaire, le Yéménite Ali Hacen Alkhowlani, elle a été « une force destructrice» d’un des prestigieux joyaux de l’urbanisme mondial et islamique au monde. Animant une conférence-débat sur les conséquences de la guerre sur le patrimoine et sites historiques du Yémen, organisé, hier, par le Club de l’association El-Djahidiya, contre la normalisation avec Israël et les plans chaotiques visant les pays arabes, l’intervenant est revenu longuement sur la question, s’appuyant sur des documents et supports visuels, dont ceux de l’Organisation générale des antiquités et des musées au Yémen.
Pour Ali Alkhowlani, la mémoire, l’histoire et la culture de son pays et son peuple «sont visées par la guerre que mène l’Arabie saoudite au Yémen», indiquant que les raids aériens de la coalition de Riyad « ciblent des sites isolés ne représentant même pas d’intérêt stratégique du point de vue militaire» a-t-affirmé. Le cas de la cité de Baraqish, inhabitée et aux confins du desert yéménite, ou encore, le musée de Dhamar, abritant des milliers d’objets de la civilisation Himyarite, période du Yémen préislamique ont été la cible de frappes militaires de l’aviation de la coalition que dirige la monarchie saoudienne, dans sa guerre contre la République yéménite.
La capitale Sanaa, située à 2.200 mètres d’altitude, est une cité, dont l’histoire est plus de deux fois et demi millénaire, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, la vieille ville, qui « était» une merveille par son architecture traditionnelle et abritant plus d’une centaine de mosquées, dont certaines très anciennes, et au moins 6.000 maisons ayant plus de mille ans, est sous les bombardements depuis, plus de deux ans. Les premières présences humaines, rappelle-t-il remontent à au moins 12 000 ans avant J.-C, cette ville abrite ou abritait, allait dire notre interlocuteur, un passé archéologique extrêmement riche qui « n’a pas été mis à jour dans sa totalité», frappée de plein fouet par les bombardements saoudiens, toute une mémoire est « agressée » qu’elle soit celle du peuple yéménite ou celle de l’humanité. Selon un décompte établi par le directeur de l’Organisation générale des antiquités et des musées du Yémen, en novembre 2015, « au moins 23 sites avaient été rasés, dont six anciennes villes, six châteaux, trois musées, deux mosquées, quatre palais et plusieurs autres vestiges archéologiques.» La citadelle de Kawakatan datant du XIVe siècle, située à près d’une quarantaine de kilomètres de la capitale Sanaa, « aurait été en partie rayée de la carte.» La guerre contre le Yémen vise aussi à rayer l’histoire dans cette partie du monde et raser aussi la mémoire de plusieurs fois millénaire, d’un peuple et de l’humanité, et comme l’a écrit Georges Orwelle « le moyen le plus efficace pour détruire les gens est de nier et d’effacer leur propre compréhension de leur histoire ». Ce qui semble être aussi le but recherché, outre le contrôle des sources énergétiques et des voies d’approvisionnement en énergie, par cette guerre contre le Yémen, dont chaque coin de ces villes, raconte l’histoire du monde arabe et sa rencontre avec les peuples d’Asie et d’Afrique. Ce que les terroristes ont fait en Irak et en Syrie, dans leur destructions des lieux et édifices historiques, effaçant notamment Palmyre et Nimrud, les bombardements de la coalition au Yémen ne diffèrent guère, en témoigne le désastre laissé après ses raids. La destruction de l’héritage architectural, des musées et des sites historiques se déroule, du jour comme de nuit, depuis plus de deux ans, dans la quasi-indifférence da la communauté internationale, si ce n’est parfois l’expression « d’inquiétudes» sans aller jusqu’à brandir le Veto pour que cesse la machine destructrice en toute impunité de ponts entiers de la mémoire et de toute un patrimoine historique, d’un peuple et de toute l’humanité. Pour ne citer que le barrage de Marib construit vers 750 à 700 avant. J.-C, le Musée de Dhamar et les sites de Baraqish et Sirwah, datant du premier millénaire avant J-C ainsi que les maisons-tours en terre, de la ville de Sanaa, pouvant atteindre les 30 mètres de haut, une pure merveille architecturale.
Karima Bennour

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