Accueil ACTUALITÉ Décès de Fidel Castro : La mort d’un géant du siècle

Décès de Fidel Castro : La mort d’un géant du siècle

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Père de la Révolution cubaine et phare des révolutionnaires du Tiers Monde, Fidel Castro, ce géant qui a défié et tenu tête prés d’un demi siècle à la première puissance mondiale, chef de file de l’impérialisme, est mort vendredi soir à La Havane à l’âge de 90 ans, a annoncé son frère Raul, qui lui a succédé en 2006.

Le «Lider Maximo», qui a dirigé Cuba depuis la révolution de 1959 et défié la superpuissance américaine pendant plus d’un demi-siècle, avait cédé le pouvoir à son frère Raul à partir de 2006 après une hémorragie intestinale. Il avait abandonné en avril 2011 ses dernières responsabilités officielles, en cédant son poste de premier secrétaire du Parti communiste de Cuba (PCC) à Raul, numéro deux du parti depuis sa fondation en 1965. Son décès, survient deux ans après l’annonce historique du rapprochement entre Cuba et les États-Unis.
En août dernier pour son anniversaire il était réapparu en public lors d’un meeting pour la première fois en quatre mois après avoir critiqué par écrit les États-Unis, en plein rapprochement avec Washington. On l’a également vu en survêtement de l’équipe nationale algérienne lors de l’audience qu’il a accordée au Premier ministre Abdelmalek Sellal, en visite officielle à Cuba. Le leader maximo, dernière grande figure des leaders du tiers monde, à l’image de Nasser, Nehru, Soekarno, Tito, Mandéla, Indira Ghandi, Ben Bella et Boumediene, avait en effet une estime toute particulière pour l’Algérie et ne cachait pas son admiration pour la révolution algérienne et l’œuvre d’édification nationale. Il restera à jamais un symbole pour les pays en lutte pour leur émancipation et notamment en Amérique latine et en Afrique.
Rien ne prédisposait Fidel Castro né le 13 août 1926 au sein d’une famille de la bourgeoisie locale cubaine à la révolution et à l’affrontement avec les Etats-Unis et surtout à tenir tête a la première puissance impérialiste, malgré un blocus économique très sévère. Après une période mouvementée en marge de ses études révolutionnaires, il achève ses études de droit et ouvre, en 1950, un cabinet d’avocat pour défendre les déshérités. Mais son cabinet périclite faute de moyens pour sa clientèle. Il se lance alors dans la politique et adhère au Parti du peuple cubain, qui se réclame du poète José Martí, héros de l’indépendance cubaine. Après l’annulation des élections cubaines et le coup d’État du dictateur Batista, il se lance dans l’action révolutionnaire contre la dictature et la féroce répression contre les opposants à Batista, traqués, arrêtés, assassinés ou déportés. Cuba devient alors un vaste défouloir pour les Américains avec ses casinos et tout ce qui s’en suit alors que l’économie cubaine est entièrement sous le contrôle du capital US .
Avec son frère Raúl, Fidel Castro et quelque 150 jeunes révolutionnaires lancent l’offensive armée contre la dictature de Batista le 26 juillet 1953 en prenant d’assaut la caserne de la Moncada à Santiago de Cuba. Cette première insurrection est réprimée dans le sang, Fidel et Raúl échappent au massacre mais sont arrêtés. Mais le Parti communiste cubain, qui désapprouve les actions menées par ces jeunes idéalistes, dénonce leur aventurisme . À son procès, Castro assume lui même sa défense et prononcera une plaidoirie, devenue célèbre : «L’histoire m’absoudra» . Fidel Castro, amnistié et libéré avec Raul, s’exile au Mexique en juillet 1955 et fonde à Mexico le Mouvement du 26-Juillet. Un jeune médecin argentin révolutionnaire, Ernesto «Che» Guevara, se joint au mouvement .
En novembre 1956, la révolution cubaine est lancée et 82 hommes prennent la mer en direction de Cuba sur une petite embarcation en mauvais état, Granma, achetée par le Mouvement du 26-Juillet. Ceux qui deviendront célèbres de par leurs barbes fournies, Les «Barbudos», tendent des embuscades et harcelent sans cesse la dictature de Batisa, qui s’écroule en janvier 1959.
Fidel Castro entreprend un voyage officiel aux Etats-Unis pour expliquer qu’il «n’est pas communiste», et pour négocier au meilleur prix la récolte de sucre cubain. Mais Washington refuse de fixer le prix du sucre pour la saison et Castro finira par se tourner vers l’URSS qui passe un premier accord avec Cuba pour acheter son sucre en échange de pétrole. Les Etats-Unis décrètent un embargo total sur le commerce avec Cuba et dés lors le bras de fer commence entre la petite ile et le géant américain. Alors que les relations diplomatiques entre la Havane et Washington sont rompues , en avril, John F. Kennedy, le premier des onze présidents américains que Castro verra défiler à la Maison Blanche, fait débarquer des anticastristes dans la baie des Cochons. Leur défaite est cuisante et Castro devient alors le porte-drapeau des anti-impérialistes et des révolutionnaires du tiers monde . Après la crise des missiles, summum de la guerre froide, Kennedy mobilise 150 000 réservistes, organise le blocus naval de Cuba et lance un ultimatum à Moscou. Dans un premier temps, Khrouchtchev refuse d’obéir mais finira par retirer les missiles contre l’engagement américain de ne pas attaquer l’île. Castro décide de se singulariser de la politique extérieure de la Russie et fait de son petit pays l’un des pays moteurs du Non-Alignement aux côtes de l’Algérie, de l’Inde et de la Yougoslavie du maréchal Tito. Cuba se lance alors dans le soutien aux guérillas tiers-mondistes  : Angola, Ethiopie, Guatemala, Salvador, Nicaragua et les conseillers militaires et les combattants cubains sont sur tous les fronts des luttes de libération nationale avec souvent à la pointe du combat Ernesto Guevara, assassinée le 9 octobre 1967 par la CIA et l’armée bolivienne. Cette perte n’empêchera pas Cuba à poursuivre son aide notamment au MPLA en Angola et au PAIGC en Guinée Bissau.
Sous la conduite de Fidel Castro, Cuba tisse des liens étroits avec des pays comme l’Algérie, le Mexique ou le Venezuela qui lui permettront de surmonter les difficultés économiques après l’éclatement de l’URSS.
Il est d’ailleurs significatif que Gorbatchev, sot parmi les premières personnalités a rendre hommage à Fidel Castro. Un leader charismatique qui a toujours eu à cœur la consolidation permanente de la relation Alger-la Havane . C’est pourquoi il restera toujours vivant dans le cœur de chacun d’entre- nous.
Mokhtar Bendib

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