On connaît depuis quelques jours les « 22 » locaux appelés à convaincre Rajevac sur leur talent au terme d’un mini-stage de trois jours placé, déjà, sous le signe du déjà-vu et entendu. Sur fond de débats loin d’être tranchés. Et c’est notre Mekhloufi national qui en rajoute une touche pour rappeler à nos si avisés bricoleurs en place à la tête de nos clubs d’élite que le danger guette notre football avec ce miroir déformant qu’est devenue l’EN dont la composante à 100% venue d’autres cieux, fait de l’ombre aux joueurs formés au pays. A trop appuyer sur la sonnette d’alarme…
A l’ombre de Slimani et Soudani
Au moment où du côté du staff technique national on travaillait (apparemment très sérieusement, selon les échos nous parvenant du CTN de Sidi Moussa) sur les noms à inclure à la liste des sélectionnés pour ce qui devrait (ce n’est pas encore le cas, et ça devrait encore, pour les raisons que tout le monde sait, perdurer quelque temps), la première remarque qui s’impose à tous est que le débat, si cher aux défenseurs du produit local, sera, et à bien des égards, relancé de plus belle. On pense évidemment à sa qualité intrinsèque sans cesse (même si l’ascension fulgurante d’un Slimani, pur produit d’un championnat national malheureusement dépassé par les événements, et qui fait des merveilles aujourd’hui en Angleterre du côté de Leicester, tout autant que son compère Soudani en réussite en Croatie en devenant le joueur le mieux payé actuellement dans ce pays qui a vu et voit encore naître de vraies pépites faisant le bonheur de bien des grands noms du football européen à l’exemple des Modric ou Rakitic, vient entretenir l’espoir qu’il y a du bon à tirer de nos si décriées compétitions) remise en cause par l’incapacité de l’école algérienne, plombée par des pratiques portées sur l’amateurisme et le bricolage, à exporter des talents hors frontières suffisamment formés pour briller dans le haut niveau mondial En prévision donc du stage de la catégorie programmé entre le 26 septembre et le 28 du mois en cours, une liste qu’on imagine naturellement non exhaustive (on dira préliminaire) des «22» a été établie dans la perspective des échéances internationales immédiates, le groupe (ou cette équipe qu’on appellera locale pour des raisons évidentes) devant se préparer, entre autres, à attaquer dans les meilleures dispositions possibles la dure phase éliminatoire devant le mener (on croise les doigts), en 2018, au Kenya, théâtre de la prochaine édition du CHAN (lire la version de la CAN réservée aux joueurs activant dans les différents championnats du continent) maintenant que le football algérien, suspendu pour une période de deux ans suite au forfait (à l’époque, la FAF, mais sans suite favorable, ayant invoqué le caractère spécial du derby maghrébin compromis par la situation sécuritaire en constante dégradation dans ce pays appelé désormais à recevoir ses adversaires hors de ses bases) enregistré contre la Libye, retrouve ce tournoi avec l’objectif déclaré de jouer les tout premiers rôles et s’imposer au passage comme une des valeurs sûres de la discipline en Afrique. Sans le concours, on ne le soulignera jamais assez, des stars évoluant dans les grands championnats européens et qui en font (le dernier classement Fifa en date confirmant malheureusement la perte du leadership au profit de la Côte d’Ivoire qui n’est autre que le nouveau N°1 dans la foulée de son sacre en Guinée Equatoriale en 2015) la deuxième meilleure formation mais la possibilité de reprendre les rênes une fois la campagne mondiale lancée en octobre de cette année contre le Cameroun à Blida dans un groupe des plus relevés.
Une porte ouverte…
Un stage attendu par tous et une liste inspirant la curiosité depuis que des sources proches de la maison de verre de Dely Brahim avaient annoncé (c’est maintenant fait) l’imminence de sa publication, le duo Rajevac- Neghiz ayant, pour ce rassemblement où l’on parle de la présence (son club employeur, les Turcs d’ «Antalya sport» ayant finalement accédé, ce qui est désormais un fait rare en dehors des fameuses dates Fifa, au vœu des responsables de la Faf de le libérer et lui permettre de demeurer actif avec la collaboration de l’entraîneur des gardiens de but, Michael Bouly) d’un certain Rais Ouahab M’Bolhi, le gardien titulaire de l’équipe «A» en manque cruel de compétition depuis quelques mois déjà et qui devrait en profiter pour retrouver ses sensations et améliorer une condition physique qu’on imagine en décalage avec les objectifs qui l’attendent en commençant par cette entrée en matière des plus problématiques face aux « Lions Indomptables » sur la route du Mondial 2018 en Russie qui figure en tête des priorités de la Faf et inscrit en bonne place au contrat du nouveau sélectionneur, le Serbe Rajevac qui aura, on n’en doute pas, l’occasion de procéder à une large revue des effectifs. En dehors donc de la situation en club (pas du tout favorable) du portier de l’EN, très largement en retard par rapport au reste de ses coéquipiers qui, et à l’instar des Mahrez, Slimani, Soudani, Boudebbouz et autres brillent déjà et rassurent le coach par leurs prestations en rendant de belles copies comme lors de la simple formalité et le large succès signés contre un Lesotho qui, au-delà de la modestie de sa composante, lui a permis de voir à l’œuvre un peu tout le monde. Un stage et des éléments (ce n’est pas tout le monde qui devrait survivre à cette 1ère opération de «disputement» de places, car d’autres noms devraient sûrement attirer l’attention et aspirer à une « meilleure » attention de la part du coach et ses assistants chargés du suivi des locaux (déjà en observation) en attendant que lui-même fasse le tri dans sa tête par une meilleure connaissance du championnat d’Algérie à suivre de près avant de se mettre en piste et atteindre Nairobi. En peaufinant la préparation par une série de regroupements et un travail continu où il s’agira de donner à tout le monde l’opportunité de se mettre en évidence, faire ses preuves, séduire puis convaincre le staff qui aura ainsi l’occasion de relancer une sélection en prévision de la compétition continentale qui leur est réservée et, le cas échéant, trancher sur les talents en mesure de renforcer les rangs de la sélection A lors des prochaines sorties. Une « porte ouverte », comme dirait l’ancien sélectionneur, le français Christian Gourcuff, pour une concurrence « saine » précisément avec les expatriés ou binationaux avec lesquels le «Club Algérie » rime (avec le bonheur que l’on sait et les bons résultats) désormais dès lors que l’avenir international du football national en dépend à plus (et on n’exagère pas) de 95% ? Rien n’est moins sûr quand bien même la mission première, nous disait-on (on est loin du but, puisque tous les entraîneurs sont tombés dans le piège et déviés de la trajectoire après avoir été convaincus que la sélection locale, du moins les joueurs issus de nos si faibles compétitions, étaient loin de répondre aux exigences du haut niveau mondial), était d’arriver à la mise sur pied (avec l’avantage de ne pas toujours dépendre des fameuses dates Fifa pour une préparation aux normes) une sélection équilibrée basée sur un mélange homogène entre locaux et professionnels. Résultat, et n’en déplaise à ses défenseurs, la A’ doit faire preuve de patience pour espérer répondre aux attentes et servir, comme tout le monde l’appelle de ses vœux, de vraie antichambre pour l’EN fanion. Pour rappel, et ajoutant du grain à moudre au moulin des Algéro-sceptiques sur ce dossier si épineux et ô combien difficile à traiter dans la sérénité (débat forcément houleux et jamais tranché) qu’il faut, Gourcuff, toujours, se désolant d’avoir fait le tour des groupes successifs (rares ayant été ceux qui ont donné satisfaction) mis à sa disposition sans résultat probant.
Attention danger ?
Dans un peu moins de deux ans (si le sésame est assuré au terme de qualifications problématiques), il sera demandé à nos « stars » locales de justifier leurs faramineux salaires, en plus de répondre (sur le terrain) à leurs détracteurs qu’ils ont les qualités pour s’engouffrer (pourquoi pas ?) dans les deux superbes brèches ouvertes par leurs deux augustes représentants hors frontières, Soudani et Slimani, ce dernier ayant affolé la bourse des transferts avant d’atterrir dans le très relevé championnat anglais où il fait déjà sensation en confirmant son sens du but avec Leicester) en brillant. En jouant carrément le titre ? Rien n’est moins sûr même si le défi à relever reste en soi une belle source de motivation. Dans une de ses nombreuses sorties médiatiques, le désormais ancien sélectionneur, Gourcuff, rappelait cette vérité amère qui veut que le joueur local perde confiance. Perd la confiance dès lors qu’il s’agit d’une place en EN « A », le Breton rappelant à qui voulait l’entendre, par des propos lourds de sens, tellement vrais, concernant les joueurs sélectionnables, pour lui (on ouvre les guillemets) « un joueur qui joue la Ligue des Champions européenne, ce n’est pas comme quelqu’un qui se contente des matchs de championnat» non sans préciser le fond de sa pensée en parlant « des paramètres à prendre en compte, telles la rigueur tactique, la concentration…). Des raisons parmi tant d’autres qui font qu’il s’en détournera souvent en les éliminant (sur fond de vives critiques, globalement infondées) de ses plans. Nos « A’ » ont-ils les moyens (sur tous les plans, techniquement, physiquement et tactiquement entre autres) de renverser la vapeur et ne plus constituer ces éternels «incompris » que personne ne veut écouter ? Tout récemment encore, une des légendes du football algérien, l’inénarrable Rachid Mekhloufi, questionné sur l’EN actuelle n’aura pas d’autres mots pour la qualifier qu’en ces termes élogieux « LE TOP ». Ça se passe de tout commentaire, sauf qu’il se désole, une fois de plus, que « les joueurs formés en Algérie n’y figurent pas, ceux évoluant en Europe leur faisant de l’ombre (…) Les empêchent de progresser.» Pour l’ancienne vedette de l ‘ASSE, de Bastia et évidemment de l’EN, il y a un hic puisque «les portes de la sélection restent hermétiquement fermées pour nos jeunes du terroir.» Conclusion logique, «c’est un danger pour notre football», du moment que les performances de l’actuelle A «cachent le travail qui doit être fait en Algérie (…) Je n’aime pas beaucoup cette politique parce qu’il va arriver un moment où on va dépendre exclusivement du football français.» Juste raisonnement ? Bien sûr que si. Sauf que le discours n’est pas nouveau. Aussi pointilleux que les choses ne bougent pas. A qui profite le statu quo ? La réponse reste aussi limpide que la question. A tous ces mauvais génies qui tiennent en otage la discipline… Pas la peine de faire un dessin.
Par Azouaou Aghilès