Très attendu pour parler de la participation des athlètes algériens aux Olympiades-2016 de Rio, le président du COA, Mustapha Berraf, n’était pas présent à la conférence tenue, hier, au siège du Comité olympique. C’est le chef de la délégation sportive, Amar Brahmia, qui a porté sur le dos le poids de la responsabilité sur fond d’une polémique qui va crescendo.
En effet, une semaine après le retour en demi-teinte de la délégation des athlètes, qui a pris part aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro, qui se sont déroulés du 5 au 21 août dernier, le responsable du COA a fait part de son appréciation de la participation nationale, et a tenu à répondre aux accusations dont lui-même fait l’objet. Devant une salle archicomble, Brahmia s’est présenté devant un parterre de journalistes qui l’ont assiégé de questions, à la fin de sa dissertation. Au courant de son discours, il a tout aussi expliqué de manière implicite l’absence de Berraf, dont l’état de santé est dégradé. Pour le COA, donc, la participation algérienne à Rio, dans son ensemble, était à la hauteur des attentes des responsables du sport et du gouvernement, à en croire les propos de Brahmia, qui a défendu la mission dont il est chargé, face aux attaques acerbes aussi objectives que partiales. Des critiques, il y en avait, d’abord les coups de gueule de certains athlètes, comme Taoufik Makhloufi, détenteur des deux seules médailles d’argent obtenues par l’Algérie, ainsi que le décathlonien Larbi Bourâada, 5e dans sa discipline, pour n’en citer que les deux héros algériens de Rio. Ces derniers ont accusé publiquement, et sans les nommer, des responsables du sport, en parlant de malversations, détournement de deniers publics et de mauvaises préparations des athlètes avant la tenue des Jeux. Ensuite, et, d’autre part, les critiques sont allés jusqu’à accuser Brahmia d’avoir «bénéficié et financé» le voyage à Rio des membres de sa famille, comme l’ont rapporté certains médias de la presse nationale. “S’agissant de la participation, en ma qualité de chef de la délégation sportive, je suis très satisfait des résultats. Aucun athlète algérien n’a triché. Au contraire, ils étaient frustrés, car ils savaient qu’ils pouvaient faire mieux», a-t-il indiqué, en rappelant qu’en plus des deux breloques d’argent récoltées, 4 athlètes se sont hissés à la 5e place dans leurs disciplines respectives, alors que l’équipe des pugilistes nationaux a figuré à la 16e place dans la boxe. Ce que qualifie Brahmia d’un «exploit assez bien» grâce auquel l’Algérie s’affiche à la 62e place dans le classement général. En tout cas, les résultats qu’ils soient bons ou mauvais, pour le chef de la délégation nationale, le bilan technique reste une question «discutable» et ne relève pas, selon lui, de la responsabilité du COA, mais, des Fédérations sportives, a-t-il précisé. «Nous connaissons la réalité du sport algérien. Les résultats répondent à la marge des moyens dont il est doté», a-t-il déploré, tout en prenant le soin de dire que le gouvernement et le ministère du secteur ont suivi la participation algérienne de plus près, et n’ont pas cessé, d’après lui, de le joindre par téléphone, aussi bien pour s’enquérir de la délégation que pour encourager ses athlètes. Pour le reste, Brahmia a consacré les ¾ de son intervention, qui s’est étalée sur deux longues heures, aux critiques et accusations qui l’ont ciblé, pendant et après la fin des Jeux. «En dépit des insultes, des pressions, du chantage et des manœuvres, je ne changerai pas», a-t-il répondu à ses «détracteurs», dont il refuse de citer des noms. Pour lui, «ceux» qui étaient derrière les attaques sont animés par de mauvaises intentions, lorsque leur «seule ambition» est de briguer des mandats en prévision des échéances électorales à venir, a-t-il estimé. Brahmia, en plus d’avoir «dédouané» la responsabilité du COA qu’il dit «propre, travaille dans la transparence et renferme des compétences et des personnes intègres», il a assuré la défense de Berraf, en convalescence.
«Certaines personnes sautent sur l’occasion pour dire du mal du COA. Elles veulent salir nos carrières», a-t-il dénoncé, en louant la «bonne» image dont jouit le Comité. S’agissant des accusations de Makhloufi, Bouraâda et autres athlètes, Brahmia a tenu à assurer que l’ensemble des dossiers des athlètes de la délégation nationale ont été pris en charge, aussi bien lors des préparatifs que durant la tenue des Jeux. Ceci, en plus de les avoir dotés de 50 euros de frais de poche, a-t-il précisé. «Aucun athlète n’a déboursé de sa poche.
Celui qui l’a fait, sera remboursé pour peu qu’il en apporte la facture et les justificatifs des dépenses», a révélé l’ancien entraîneur de l’athlétisme, contrairement aux «allégations», tel que les propos du spécialiste du demi-fond, Salim Keddar, qui aurait déclaré avoir déboursé de son propre argent pour la mission de Rio. Et, à lui de passer aux menaces, à termes à peine voilés, que les sportifs qui ont fait des déclarations, aussi «légitimes» soient-elles, «doivent assumer leur responsabilité». Le trésorier général du COA, qui était présent, a tenu à préciser que Makhloufi et Keddar, eux-mêmes, étaient remboursés après avoir présenté des justificatifs. Le même responsable a avancé le chiffre de 154 millions de DA, représentant la subvention spéciale octroyée par le ministère de la Jeunesse et des Sports au COA, et lequel montant est destiné aux préparations des Fédérations sportives en prévision des Jeux (2015-2016). En revenant à l’affaire Makhloufi, le chef de la délégation de Rio a rappelé que c’est lui-même qui l’ait enrôlé dans les équipes nationales en 2009. «Ils (ses détracteurs) étaient contre. Ils ont dit que Makhloufi est inapte pour la compétition», a-t-il révélé. Et à Brahmia de conseiller de «laisser tranquille» le double vice-Champion olympique 2016, qu’il qualifie de grand athlète.
Farid Guellil
Plainte contre Ennahar TV
Le chef de la délégation sportive nationale a révélé avoir porté plainte contre la chaîne privée Ennahar TV, qu’il accuse de diffamation, suite aux accusations de cette dernière, qui a supposé que les frais du voyage, effectué par des membres de la famille de Brahmia, auraient été prélevés des caisses de l’argent public. Des accusations que le responsable qualifie de «gravissimes», lorsque celles-ci «portent atteinte à l’honneur de ma famille», a-t-il indiqué, lors de la conférence de presse tenue, hier, devant l’un des journalistes de cet organe, a qui refuse-t-il de répondre. «Rendez-vous au tribunal», a-t-il lancé le défi. D’autre part, le même responsable a dénoncé les propos du président du MCA, Omar Ghrib, qui aurait versé dans les mêmes «allégations». Il le qualifie de «vendeur de drogues».
F. G.