Accueil ACTUALITÉ Sable de rivière : un matériau qui attise les convoitises

Sable de rivière : un matériau qui attise les convoitises

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Le sable de construction est extrait en divers endroits. Chaque type de sable est utilisé dans un domaine précis. Longtemps utilisé par les Algériens, le sable extrait des plages marines est de plus en délaissé, eu égard aux sels corrosifs qu’il contient, au profit du sable des rivières.

Mais ce dernier a lui aussi ses défauts. En effet, pour l’utiliser, il faut le débarrasser de ses impuretés, la vase et la boue notamment, qui l’empêchent de s’amalgamer avec le ciment Portland. Mais très peu de gens le savent ; on s’en sert donc dans la construction des maisons individuelles, les bâtiments agricoles et les constructions qui ne subissent pas le contrôle strict des services techniques de l’urbanisme et de la construction. Cette méconnaissance est à l’origine du pillage à grande échelle des sables des rivières et cours d’eau. Certains individus en ont fait leur métier en écumant tous les oueds de leur région, agissant souvent de nuit et avec des complicités à tous les niveaux. L’activité est tellement rentable que les agriculteurs dont les terres sont traversées par des cours d’eau n’hésitent à « louer » des parcelles aux « extracteurs » de sable qui transforment les lieux en véritable champs de bataille, saccageant les berges, la végétation naturelle et détruisant les biotopes de différentes espèces animales sauvages en voie de disparition. Quant aux exploitants légaux des sablières, il est de notoriété qu’ils outrepassent les règles fixées par le cahier des charges, soit en étendant leur « domaine » soit en ne remettant pas les lieux en l’état, ce qui provoque des dégâts collatéraux inimaginables : effondrement des berges, déviation des cours d’eau, inondations de parcelles de terres agricoles, création de « gueltas » et fondrières qui, l’été, serviront de piscines aux jeunes enfants des parages. Des décès par noyade sont souvent signalés dans les lieux où le sable -et le gravier- a été extrait en quantités. Questionné à ce propos, le maire d’une commune dont le chef-lieu est traversé par deux cours, estime que les autorités se devraient de réagir face à ce qu’il considère être une catastrophe écologique.
Selon lui, la priorité est de protéger les oueds, d’abord en interdisant toute construction sur leurs berges, déplacer les populations des bidonvilles déjà installés sur les berges, rectifier les cours d’eau et les calibrer de façon à éviter les inondations. Quant à l’exploitation effrénée des sablières, il faut, à son sens, intéresser les collectivités locales dans la gestion du patrimoine minier. De fait, les APC ne sont concernées ni de près ni de loin par l’exploitation du sable de rivière ; cette activité relevant des attributions des secteurs des Mines et de l’Environnement, le premier attribuant les permis d’exploitation après que le second eut donné son feu vert. Par ailleurs il faut également souligner que les plages et dans une moindre mesure font l’objet d’extraction irrationnelle de sable.
Cette activité illégale se pratique mais d’une manière moins importante que celle qui s’opère au niveau des lits de rivières. Mais il reste que dans les deux cas la seule préoccupation de ces individus qui écument les rivières et les plages est celle de s’enrichir rapidement mettant par conséquent en péril l’existence d’un nombre considérable d’écosystèmes.
Bencherki Otsmane

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