Le foncier demeure l’ennemi numéro un de l’investissement, et constitue un handicap au développement multisectoriel. Le Tourisme n’a pas échappé à cette donne. Ainsi, les ZET (Zones d’expansion touristiques), qui sont censées servir les porteurs de projets à caractère touristique, semblent la proie au détournement. Les autorités publiques veulent reprendre le dossier.
Il faut dire que ce problème sévit depuis le lancement des ZET vers la fin des années 80 et début 90. Cette initiative consistait pour les pouvoir publics, à la fois, de préserver la bande littorale du pays qui s’étend sur plus 1 200 km, et en même temps de mettre à la disposition des investisseurs des lots de terrains pour l’implantation de projets exclusivement à vocation touristique. Or, au fil des années qui passent, il s’avère que ces parcelles terriennes, situées et délimitées au niveau des 14 wilayas du Nord du pays, sont convoitées par des personnes tierces. Et du coup, ces zones perdent, de plus en plus, leur vocation première. En effet, ce qui est un phénomène fréquent, souvent les terrains en question sont, soit squattés, cédés à des «connaissances», utilisés à des fins d’habitation, livrés aux commerces illicites, ou vendus pour en tirer profit. Cette situation d’anarchie fait payer les pots cassés aux investisseurs, désireux de bénéficier d’un terrain pour monter leurs projets. Bureaucratie, tracasseries administratives, lenteurs dans le traitement des dossiers des demandeurs, en sont le lot des désagréments auxquels font face les porteurs de projets. En visite, jeudi dernier, dans la wilaya de Jijel, pour s’enquérir de l’état des lieux, le ministre de l’Aménagement du territoire, du Tourisme et de l’Artisanat, Abdelkader Nouri, a déploré cet état de fait. Il a constaté, en effet, que la majorité des terrains, se trouvant à l’intérieur des 19 ZET que compte la rive littorale de cette wilaya, ont été «détournés de leur vocation initiale». Visiblement, le ministre qui a hérité d’un secteur laissé-pour-compte, sachant que toutes les promesses faites en matière de mobilisation des touristes, à court et à long termes, se sont évaporées, sont le poids de la responsabilité mise entre ses mains. En effet, le Tourisme fait partie des cinq secteurs-clés sur lesquels mise le gouvernement pour diversifier la production hors-hydrocarbures, et créer de la richesse. Dès lors, il conviendra de sortir ce secteur de sa léthargie profonde, à même de le faire rentabiliser au profit d’une économie à bout de souffle. Conscient de la difficulté de la tâche, Nouri tentera tant bien que mal, à en croire ses déclarations, de rattraper le retard accusé, mais surtout corriger les tares constatées.
Tous les moyens semblent bons pour arriver à cette fin. Tout en tirant la sonnette d’alarme sur cette situation, l’hôte de Jijel a essayé, de prime abord, de sensibiliser sur la nécessité de réhabiliter les ZET dans leur mission originelle. Il considère, à ce titre, que «l’utilisation rationnelle et à bon escient du foncier à sa réelle destination est une nécessité». Mais, suffirait-il comme discours pour renverser la balance en faveur des objectifs escomptés ? Peu sûr, d’ailleurs le ministre s’est vite ressaisi pour passer à la vitesse supérieur.
Il compte en effet diligenter une enquête sur place pour examiner la situation des ZET, avant de prendre, fort probablement, les mesures qui s’imposent. «Nous sommes déterminés à assainir ce dossier, au cas par cas, et une commission va faire le constat au niveau des quatorze wilayas côtières du pays», a révélé le ministre du gouvernement au cours de sa visite. S’il est vrai que le problème du foncier ne date pas d’aujourd’hui, il n’en demeure pas moins que la position stratégique du secteur touristique, lui impose de drainer des investissements plus rentables pour l’économie nationale. C’est ce que le ministre a rappelé d’ailleurs, en faisant miroiter l’importance accordée par le gouvernement au développement et à la promotion touristique. Selon Nouri, donc, une commission d’enquête est sur le pied de guerre, et devra entamer son travail dans le proche avenir. Sa mission étant de sillonner toutes les 14 wilayas côtières du pays, examiner de près la situation du foncier situé à l’intérieur des ZET, et, enfin, rendre des comptes à leurs responsables hiérarchiques. En tout état de figure, il est plus que jamais urgent de reprendre la main sur le foncier touristique.
Le temps presse dans la mesure où il reste encore beaucoup à faire dans ce secteur. Il ne s’agit pas uniquement de doter les investisseurs de parcelles de terrains, mais faut-il encore qu’il y ait l’implantation de projets à fort retour sur investissement.
Farid Guellil