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Célébration du 54e anniversaire de l’Indépendance : le pardon colonial, la récurrente demande algérienne

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Bien qu’admettant unanimement que le pardon est une action qui émane du bourreau (le colonisateur) et non de la demande récurrente de la victime (le colonisé), l’Algérie continue, par la voix officielle, populaire ou académique, d’exiger (le verbe sonne ici comme une injonction) de la France de demander pardon, optant pour des conjonctures historiques pour inscrire sa revendication dans la postérité.

C’est aussi une manière, sur le plan mémoriel s’entend, pour rappeler à l’ancien colonisateur ses crimes coloniaux, ses traditions coloniales, son esprit conquérant et ségrégationniste. L’entreprise n’est pas donc chose aisée, comme reconnu de part et d’autre de la Méditerranée, car elle contribuera à remettre en cause les préceptes éducationnel et pédagogique, dispensés aux générations françaises, sur tout ce qui a trait aux facteurs de civilisation, de grandeur de la nation et autres superlatifs dont s’est toujours gargarisé le pays du fameux triptyque « Liberté, Égalité, Fraternité ». Cette fois, ce sont deux chercheurs en Histoire, Hassan Remaoun, du Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc), Mohammed Lahcen Zeghidi, de l’université d’Alger II, qui l’ont réitéré, à l’occasion de la célébration du 54ème anniversaire de l’Indépendance. Pour le premier cité, l’urgence de ne pas lâcher prise et de continuer de faire pression contre le gouvernement français. Car, estime-t-il, les « besoins’’ en reconnaissance s’amplifient le temps passant, notamment en ce qui concerne les dédommagements des victimes des essais nucléaires dans le Sud algérien. Lesquels essais sont qualifiés par Remaoun de «grave préjudice» et de «crimes contre l’Humanité ». Le second universitaire regrette, quant à lui, la place peu reluisante qu’occupe l’Algérie par rapport à ses voisins, la Tunisie et le Maroc, en matière de reconnaissance des crimes coloniaux, pourtant pouvant être largement considérée comme plus victime que ses frères maghrébins. La « perception de conquérant » dont est empreinte la démarche française en est l’une des entraves. Agissant par calcul, la France n’a ouvert, aux yeux de Zeghidi, que les dossiers des archives non-compromettantes.
En attendant que l’exigence algérienne soit proportionnelle à la mise en œuvre de ce que veut en faire le « pas-au-ralenti » français, il est du devoir algérien, recommande le chercheur, de dépoussiérer et de divulguer le « patrimoine d’archives » que recèle le ministère des Moudjahidine, des Archives nationales, des institutions concernées et autres archives issues de la mémoire orale du peuple algérien. La restitution des archives serait, aussi, l’autre cheval de bataille du gouvernement algérien. Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, vient, à la même occasion, de conditionner l’apaisement des rapports entre les deux pays par la restitution des archives, dont seulement 2% l’ont été depuis l’indépendance. Une normalité relationnelle qui ne peut avoir droit de cité tant que les archives n’ont pas été intégralement reprises par la partie algérienne. Les échanges mémoriels demeurent, du fait du peu d’empressement hexagonal de redonner à l’Algérie son dû, un cran au-dessous de ceux touchant l’économique et le commercial, regrette le ministre dans une déclaration accordée à l’APS. On doit en rester à ce constat tant la partie officielle algérienne n’ait pas subordonné l’amélioration du climat bilatéral des affaires par la reconnaissance mémorielle ! Par archives, le ministre tient à préciser que ce terme englobe les volets infrastructurel, architectural et urbanistique durant la période coloniale.
Enfin, Tayeb Zitouni a tenu à rappeler que la restitution des archives est une question de «principe pour les Algériens», estimant que les mémoires des bourreaux français, les archives en possession de l’Algérie et les témoignages recueillis sont les ingrédients suffisamment disponibles pour l’écriture de l’Histoire de l’Algérie durant cette période. Le dossier des disparus n’est pas en reste, le ministre avance le nombre de 2000 disparus durant la Guerre de libération, selon des statistiques préliminaires. La commission mixte, l’une des trois installées (les deux autres ont trait aux archives et aux indemnisations des victimes des essais nucléaires), s’attelle à parachever, indique Zitouni, le recensement des victimes et l’identification des sépultures de celles-ci, et ce conformément aux termes de l’accord conclu à cet effet.
Zaid Zoheir

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