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Le mystère de la femme au châle rouge

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Hamid, un riche propriétaire terrien, la cinquante passée, n’avait jamais pensé un jour à fonder un foyer en dépit de son âge avancé. Allait-il rester longtemps dans cette situation tout en continuant à mener une vie de célibataire ? Cette vie avait-elle un sens pour lui ? Quel intérêt avait-il en vivant de la sorte ? Des questions restées sans réponse.

PAR LAZREG AOUNALLAH

Il voulait être totalement libre, détaché de toute contrainte. Il ne supportait pas être sous le joug de quelque personne que ce soit. Il ne voulait dépendre de personne. Pour lui, la liberté n’a pas de prix. Aussi, il fallait la mériter amplement. Il aimait passionnément la nature et principalement son penchant à cultiver la terre. Son père était aussi un riche agriculteur qui possédait une grande ferme dans la wilaya de Tiaret. Hamid venait d’acheter une ferme dans une ville de l’ouest du pays. Ça lui avait coûté les yeux de la tête. Il ne pouvait pas s’en passer de la terre. C’était sa vraie passion. Cela faisait partie de sa vie. À l’intérieur de sa ferme, il possédait quatre grandes chambres toutes meublées. Un grenier, une grande cour, trois écuries, une conçue spécialement pour les ovins, une pour les bovins et l’autre pour les chevaux et deux grands hangars conçus pour stocker les céréales durant la saison des moissons et autres produits de la terre. Le propriétaire de la ferme lui avait laissé un vieux tracteur. Hamid devait le réparer et l’utiliser pour retourner la terre durant la période automnale pour semer les graines car il avait l’intention de produire des emblavures. Il y avait aussi des arbres fruitiers, quelques palmiers décorant ainsi les alentours de la ferme et aussi des figues de barbarie qui s’étalaient tout au long de la ferme. Des rivières complétaient le décor de ce paradis terrestre. Hamid s’imaginait être dans un vrai ranch comme dans les films western. Le gazouillement des oiseaux le mettait dans un état léthargique. Il aimait vivre dans un monde imaginaire. Il voulait sortir de la réalité. Il n’arrivait pas à croire ce que la beauté de la nature peut offrir à l’homme. Il disait souvent que pour tout l’or du monde, je n’accepterai jamais d’habiter en ville et laisser ce paradis terrestre. À quelques mètres de son habitation, une vieille maison construite en pierres était abandonnée enfouie sous des arbres qui la cachaient presque en totalité. Cette construction de type colonial rappelait les films d’épouvante. Elle faisait terriblement peur. Elle donnait la chair de poule. Elle était abandonnée depuis plus de 40 ans. Personne n’avait osé s’y introduire par peur qu’elle fût hantée. Le propriétaire qui lui avait vendu la ferme n’avait jamais eu le courage de l’approcher. Il lui avait dit ne t’approche pas de cette maison. Cela pouvait lui causer un malheur. Car elle était habitée par des ‘’Djinns’’. Cela fait des années qu’elle n’avait pas été habitée. Elle peut receler beaucoup de choses. Il y a un mystère dans cette maison. Personne n’a pu découvrir son vrai mystère. Ceux qui habitaient avant entendaient la nuit des cris bizarres. Le plus souvent des cris de femmes. Aussi, ils entendaient des hurlements lugubres qui faisaient vibrer les vitres. Tu as intérêt à l’ignorer et à ne pas y aller. Les murs sont fissurés. Elle peut abriter d’un moment à l’autre. Tout le monde la redoutait. Hamid allait vivre comme un anachorète. Il n’avait personne avec qui discuter. Il devait s’habituer à cette solitude profonde. Le lendemain après avoir pris son déjeuner, il décida de faire une petite sieste sous un figuier. Il s’allongea sous cet arbre fruitier. Il contemplait le feuillage qui se trouvait sur sa tête. Un instant après, il entendit un bruit bizarre. Il se releva brusquement. Il vit dans la vieille maison, une belle femme âgée d’une trentaine d’années, habillée tout en blanc. Elle portait un châle rouge et marchait devant la maison. Hamid fut pris de panique. Il ne croyait pas ses yeux. Était-il en train de rêver ? Il ne savait plus quoi faire. Soudainement, la belle femme disparut. Il ne voulait pas croire ce qu’il venait de voir. ‘’Un songe, peut-être’’, pensa-t-il. Il se rendormit. Cette fois-ci, il tomba dans un profond sommeil. Dans son rêve, il se voyait courir après cette belle femme dans une plage paradisiaque que surplombait une magnifique forêt vierge. Ils étaient seuls. Cette plage était complètement déserte. Elle faisait peur par sa solitude. Cette femme qu’il n’avait jamais vue auparavant était excessivement belle. C’était une femme mystérieuse. Sa beauté surnaturelle l’avait fortement ensorcelé. Ses grands yeux noirs l’avaient fasciné. La couleur brillante de ses beaux cheveux l’avait ébloui. Elle était bien découplée avec son corps de sirène. Elle était très bien habillée. Elle portait un pantalon bleu, un chemisier blanc et un beau châle rouge de soie son cou. Il courait avec fougue derrière elle comme un enragé essayant de l’attraper mais il ne parvint pas à l’atteindre tellement elle courait très vite. Il criait fortement pour lui faire comprendre qu’il ne pouvait plus continuer à courir car il était extrêmement fatigué par le long parcours qu’elle lui faisait subir. Malheureusement, elle ne semblait pas l’entendre. Son cri fut étouffé par le bruit assourdissant des vagues. Il voulait qu’elle s’arrêtaet qu’elle vînt à côté de lui pour discuter. Il s’affaissait sur le sable tout éreinté et s’allonge au bord de la mer. Quelque temps après, il la vit s’arrêter et vint à lui en courant. Elle s’allongea à proximité de son côté droit. Elle demeurait muette. Il voulait qu’elle prononçât juste un petit mot d’amour pour lui faire plaisir. Elle le fixait tendrement de ses grands yeux noirs avec son regard ensorcelant. Il se leva nonchalamment et prit sa main avec douceur. Il demeurait muet de surprise en constatant que sa main était terriblement glacée. Il voulait la réchauffer en la frottant contre la sienne mais… d’un geste bizarre, elle la retira brusquement comme pour lui dire qu’il est interdit de la toucher. Il la contemplait un bon moment puis il prit la décision de lui déclarer son amour tout en souhaitant qu’elle en fît de même. Il avait commencé par ses phrases : « Écoutez-moi bien… Vous savez bien que je vous aime à la folie. Votre beauté m’a fasciné. En vous voyant pour la première fois, j’ai eu un coup de foudre. Je ne pourrai jamais vivre sans vous bien que vous soyez très loin de moi. Je vous ai réservé une place dans mon cœur et croyez-moi aucune femme au monde ne peut vous la prendre. Cette place a été réservée spécialement pour vous. Si un jour vous décidez de me quitter, je serais capable de me suicider. Je ne pourrai jamais aimer une autre femme. Mon cœur saigne abondamment depuis bien trop longtemps et vous êtes la seule qui puisse arrêter l’effusion de sang. Je suis prisonnier de votre amour. A force de pleurer tous les jours cet amour trop fort, je risquerais de devenir un jour aveugle. Tant pis, si cela venait à se produire, j’accepterais avec joie cette cécité ! Votre beauté et votre charme pourraient facilement me détruire. Je suis devenu votre esclave sans le vouloir. Maintenant, vous savez à quel point je vous aime ! » Elle le regardait longuement d’un air pitoyable. Elle était très affectueuse. Elle ne voulait prononcer aucun mot. Elle se leva et se tint droite devant lui. Il était fortement ébahi par son corps merveilleusement sculpté. Durant toute sa vie, Il n’en a jamais vu de pareil. Son visage radieux exprimait la joie et le bonheur. Elle voulait lui dire quelque chose de secret ou d’important mais elle n’arrivait pas à le faire comme si quelque chose de mystérieux l’empêchait. Elle voulait sûrement lui déclarer son amour mais elle ne put y parvenir. C’était plus fort qu’elle. Il la suppliait de prononcer quelques mots pour lui faire plaisir mais, hélas ! Elle en était incapable. Il avait compris par la suite qu’elle était aphone et, pris de compassion, il s’était mis à pleurer à chaudes larmes. Il sanglotait comme un petit enfant qui a perdu ses parents tellement elle lui faisait pitié. En le voyant dans cet état piteux, elle essuya ses larmes avec son beau châle rouge en soie. Il ne voulait pas qu’elle le fît, mais elle insistait obstinément. Elle l’enleva de grand cœur et le lui remit avec joie. Il était grandement stupéfait par ce geste débonnaire. C’était un cœur d’or. Il ne croyait pas ses yeux. Un si beau châle rouge taché de larmes d’amour qui lui a été offert par une si belle femme. Incroyable. Sur ce châle, étaient écrites ces phrases d’adieu : « Je ne pourrai jamais vous appartenir. Je suis une femme imaginaire. Vous êtes très naïf. Je suis venue juste pour vous offrir ce châle rouge qui vous portera chance, amour et bonheur. Adieu mon ami ». Et, soudainement, elle s’éclipsa dans la mer. Elle disparut totalement. Une fin durement éprouvée. Hamid s’était réveillé tristement, complètement abattu, les yeux embués de larmes et le cœur plein d’amertume. Il venait de quitter un beau rêve qui sera gravé à jamais dans sa mémoire. Il était prisonnier de l’amour de cette belle femme au châle rouge. Mais en se réveillant, il était dans le monde réel. Ce jour-là, la réalité était tout autre. Il était allongé sous le figuier ; ses yeux fixaient le ciel bleu. Il était comme hypnotisé. Hamid venait tout juste de sortir d’un monde imaginaire dont il n’arrivait toujours pas à comprendre le vrai mystère.
L. A.

 

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