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Djelfa : comment jeûner sous le soleil ardent de la Steppe

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D’aucuns s’imaginent, et à forte raison, qu’exercer le métier de berger à Djelfa durant le mois sacré de Ramadhan nécessite une endurance à toute épreuve, pour faire face à la rudesse implacable du jeûne sous le soleil ardent de la steppe.
Et, pourtant, il n’en est rien, car les bergers de Djelfa continuent, durant ce mois sacré, synonyme pour eux de patience et de paix intérieure, à braver les pics de chaleur, vaquant à leurs occupations comme d’ordinaire, voire même avec plus d’entrain que les autres jours de l’année.
Dans la capitale des Ouled Naïl, région réputée dans le pays pour l’élevage ovin, mener le troupeau aux herbages constitue la chose la plus ordinaire à faire, tous les jours de l’année.
Ainsi, chaque jour que Dieu fait, le berger refait le même geste machinal, prenant sa canne et guidant son troupeau vers les vastes surfaces steppiques qui lui rappellent quotidiennement l’immensité de la création divine, et dont la contemplation lui apporte, jour après jour, sagesse, sérénité et paix de l’âme.
Cette sagesse a appris aux bergers des Ouled Naïl à voir dans le jeûne et le mois sacré, coïncidant ces dernières années avec la rudesse de la saison estivale, un autre motif de se rapprocher encore plus de leur Créateur, en « accomplissant, au mieux, cette prescription de la religion islamique, qu’est le jeûne, refusant de dormir plus longtemps que d’habitude et vaquant à leurs occupations quotidiennes, comme de coutume », comme affirmé à l’APS par nombre d’entre eux.

Des troupeaux menés inlassablement vers la steppe
Approché par l’APS, un vieux berger du village Lahiouhi, au sud de Djelfa, a assuré que ses congénères exercent cette activité chaque jour que Dieu fait. « Infatigables et inlassables, certains mènent leurs troupeaux vers des espaces étendus, alors que d’autres les guident vers des terres arides et aux aspérités difficiles, sans plainte aucune, car c’est un métier qu’ils font avec le cœur, avant tout », a-t-il confié. « Pour nous, faire le jeûne est un autre motif pour contempler la grandeur de notre Seigneur, dans l’attente joyeuse du moment de l’Iftar (rupture du jeûne) », a ajouté le vieux Lezhari, dont tout le corps exprime une lutte permanente contre la rudesse du climat steppique, tout en assurant son amour profond pour ce métier qu’il a exercé toute sa vie, et qu’il n’abandonnera qu’à la mort, selon ses propos.

Léger changement dans les habitudes quotidiennes durant le Ramadhan
Il n’en demeure pas moins que le mois sacré de Ramadhan apporte chez ces bergers et leurs familles, comme partout ailleurs, une légère modification dans leur vie quotidienne.En effet, contrairement aux autres jours de l’année, où le berger sort dès la levée du jour aux pacages, il se permet, durant ce mois sacré, de retarder cette sortie d’une heure ou deux, histoire de prendre un peu plus de repos, afin de faire face à une rude journée de jeûne. « Nous essayons au maximum d’éviter le soleil brûlant à son zénith, contre qui les « M’dhal » (appellation locale des larges chapeaux des bergers) ne nous protègent pas assez », a expliqué le vieux Lezhari, à ce sujet.

L’herbage non loin de la tente, les petits bergers en congé temporaire
L’autre changement dans les habitudes des bergers, durant ce mois sacré, consiste en le fait qu’ils choisissent de faire paître leurs troupeaux, dans des surfaces non éloignées de leurs tentes et douars, afin de pouvoir revenir plus vite à la maison et réduire les distances parcourues sous un soleil de plomb. De nombreux bergers assurent, cependant, ne pas pouvoir toujours appliquer cette règle, car ils sont parfois contraints de chercher loin pour trouver de bons pâturages. Les enfants aussi voient leurs habitudes changées durant ce mois béni, car ils bénéficient d’un congé temporaire qui les dispense d’aller aux herbages, dont particulièrement ceux qui accomplissent le jeûne pour la première fois. Ainsi, les enfants restent à la maison pour accomplir certaines taches quotidiennes faciles, comme aller chercher de l’eau ou nettoyer les écuries et préparer les fourrages pour les troupeaux, quant ils n’ont en pas eu assez aux pacages, ou encore attendre « El Hallaba » (des troupeaux d’ovins de plus de 200 têtes) pour les abreuver. Cette tâche (abreuvage des troupeaux) est effectuée au niveau de rigoles d’eau construites en ciment, près des puits. L’endroit est également considéré comme un lieu privilégié de rencontre pour les bergers qui y passent leur temps à deviser et échanger des nouvelles.

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