Le remaniement ministériel qui a eu lieu avant-hier, a valu, surtout, par l’annonce du départ du gouvernement d’Amar Ghoul. Non pas uniquement parce qu’elle met fin à une longévité des plus singulières; dans le sens où peu de ministres, depuis l’avènement du pluralisme dans notre pays, peuvent se targuer d’en avoir bénéficié de pareille.
Seul Aboubakr Benbouzid, aujourd’hui, membre du Conseil de la nation, a fait mieux. Il est, en effet, resté dix-neuf (longues) années – de 1993 à 2012 – au gouvernement, dont quatorze à la tête du département, stratégique et sensible, de l’éducation nationale. Mais parce qu’elle a ouvert grand la porte à toutes sortes de spéculations sur les raisons qui ont motivé le départ du président de TAJ (Tajamou Amal Jazaïr), du gouvernement. Certains, qui n’hésitent pas à le qualifier de limogeage, expliquent ce départ par le bilan, qu’ils jugent « de globalement négatif », du long passage au gouvernement d’Amar Ghoul.
Et ce, dans les quatre secteurs d’activité qu’il a eu à diriger ; dans l’ordre de son passage, les secteurs de la Pêche et des Ressources halieutiques (décembre 1999-juin 2002), des Travaux publics (juin 2002- septembre 2013), du Transport (septembre 2013-mai 2015) et du Tourisme (mai 2015-juin 2016). Si, pour les trois autres départements ministériels, les critiques qui lui sont faites ont globalement trait à ce qui est présenté comme ayant été « son incapacité manifeste à les booster », en ce qui concerne celui où « il a passé le plus de temps », en revanche, celles-ci sont allées plus loin : à celle récurrente de mauvaise gestion, les auteurs de ces critiques ont rajouté l’accusation de « corruption et de détournement de fonds publics » qui seraient, selon eux, à l’origine « des retards dans la livraison des projets, notamment, celui de l’autoroute Est-Ouest », initiés par son secteur et des « énormes surcoûts » qui en ont ainsi découlés. Aux côtés de cette explication (du départ du gouvernement d’Amar Ghoul), existent deux autres.
Une, qui rejoint la précitée sur le fait qu’il s’agit non pas d’un simple départ mais plutôt d’un limogeage en règle, attribue ce dernier à la proximité qu’avait le (aujourd’hui) ancien ministre avec le général Toufik, l’ancien homme fort des services de renseignements nationaux. Et l’autre, qui s’inscrit toutefois, aux antipodes des deux premières, suggère que la sortie du gouvernement d’Amar Ghoul n’est aucunement la conséquence d’une quelconque tombée en disgrâce de celui-ci. Mais, plutôt, une sorte de « mise en réserve de la République » en prévision des prochaines échéances électorales qui pointent à l’horizon ; les prochaines élections législatives sont, en effet, prévues pour se tenir dans moins d’une année…
Mourad Bendris