Comme il fallait s’y attendre, la production de céréales a chuté considérablement dans la wilaya de Chlef ,en raison de la faible pluviométrie enregistrée cette année.
Selon les services de la direction de l’agriculture (SDA) de Chlef, « les récoltes céréalières ont été sérieusement touchées par la sécheresse qui a sévi dans la région, principalement entre les mois de février et mars, période au cours de laquelle les tiges remontent à la surface pour laisser apparaître les grains. Faute de pluies, les tiges ont jauni et ont cessé de pousser, ce qui compromet sérieusement l’actuelle campagne de moissons-battage ». Pourtant, rien ne laissait augurer une telle finalité, puisque la région de Chlef a enregistré avant et même après cette période cruciale des pluies abondantes, qui incitaient à l’optimisme. Certes, certains agriculteurs ont utilisé le système du goutte-à-goutte qui a permis de sauver quelques hectares de céréales, mais globalement la production est loin de répondre aux prévisions des agriculteurs et des techniciens. Pour M. Mesrouk, directeur de la CCLS (Coopérative des céréales et légumes secs) de Chlef « la production de céréales pour la présente campagne moissons-battage connaitra une baisse de 43% soit 270.000 qtx par rapport aux prévisions qui tablaient sur une production de 473.000 qtx ». Il faut dire que l’absence totale de pluie durant le mois de décembre, les quelques 9 mm en janvier puis les 26 autres mm en avril, n’ont pas permis de sauver la récolte. Pour parer à la sécheresse la CCLS a distribué 366 kits d’aspersion pour irriguer les terres emblavées mais surtout celles qui disposent d’eau. Par ailleurs, le directeur de la CCLS a indiqué que pour permettre aux fellahs de livrer leur production à la coopérative dans de bonnes conditions, 12 points de collecte ont été ouverts à travers plusieurs communes de la wilaya. Et pour répondre aux besoins des céréaliculteurs des communes d’El-Karimia et de Boukadir il a été fait appel au privé pour la location de hangars de stockage. Toutefois cela demeure insuffisant, puisque les fellahs des communes d’Ouled Ben-Abdelkader et de Sendjas ont demandé aux services de la CCLS de les doter d’un point de collecte d’une contenance de 15.000 qtx, en sus d’une nouvelle balance électronique. Parmi les autres moyens mobilisés, il est fait état de plus de 60 moissonneuses-batteuses et 500 tracteurs, sachant que 82 000 hectares de céréales ont été emblavés et vu les mauvaises conditions climatiques, il est prévu une moisson de seulement 58 000 hectares. De toute évidence, force est de relever que dans la wilaya de Chlef durant cette campagne moissons-battage, les agriculteurs, faute de grains, vont récolter de l’herbe et du fourrage pour les bêtes. Selon les climatologues cette tendance vers la chute de la production céréalière dans notre pays va se poursuivre du fait du réchauffement climatique observé ces dernières années. Il faut souligner que les effets négatifs du réchauffement sur l’agriculture ne sont pas une lointaine perspective, mais bien une réalité présente. Selon des spécialistes « les récoltes de blé et d’orge dans notre pays pourraient chuter de plus de 30% d’ici 2040, à cause du réchauffement climatique estimé à une moyenne de presque 2 degrés Celsius..D’ailleurs, le groupe intergouvernemental d’experts de l’ONU sur l’évolution du climat (GIEC) avait déjà mis en avant les risques du réchauffement sur l’agriculture dans le monde dans un rapport publié le 31 mars dernier. La solution selon les spécialistes réside dans l’adaptation pour réduire le déclin.
Bencherki Otsmane