Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El-Ghazi, est revenu hier, lors de son passage au forum de la chaîne 1 de la Radio algérienne, sur les questions délicates de son secteur, à l’instar de la révision du Code du travail, la prochaine Tripartite et son impact sur la création d’emploi, le rôle des dispositifs Ansej et Cnac dans la création de petites et moyennes entreprises (PME) et leur impact sur la réduction du chômage.
En dépit des critiques l’entourant, le ministre s’est voulant rassurer quant au futur Code du travail. Affirmant que celui-ci répond aux exigences du nouvel ordre économique mondial, El-Ghazi a tenu à soulager les craintes affichées par les travailleurs de perdre leurs acquis. À cet égard, le ministre a indiqué que le Code du travail, datant de 1990, ne répond plus aux exigences de l’économie, essentiellement, dans un contexte marqué par la chute drastique des prix du pétrole.
Néanmoins, annoncés par la Tripartite puis par la tutelle pour sa promulgation en 2015, les nouveaux textes sont toujours «en phase de concertation avec les partenaires sociaux», a déclaré le ministre, faisant référence à l’UGTA et au patronat. Qualifié de «moderne», le Code du travail, qui devra être soumis au gouvernement et aux parlementaires, «est en symbiose avec la Convention internationale des travailleurs», ajoutera le ministre qui précisera que le nouveau document lutte contre toutes formes d’esclavage et de discrimination dans le milieu du travail, ainsi que contre le travail des enfants. Affirmant que le département qu’il dirige a, entre autres, présenté le projet de loi au Bureau international du travail (BIT), afin d’avoir plus de recommandations, le ministre n’a pas caché son optimisme quant aux nouveautés de ce Code.
Cependant, le ministre était catégorique, l’État n’envisage pas de revaloriser le Salaire minimum garanti.
«Le gouvernement n’envisage en aucun cas une éventuelle augmentation du salaire national minimum garanti, essentiellement dans la conjoncture économique actuelle que traverse le pays. L’État ne veut pas encourager l’inflation», a-t-il déclaré à cet égard.
La tripartie en mai ou début juin
Revenant sur la question de la future tripartie (gouvernement, patronat, UGTA), le ministre du Travail a assuré que le projet du Code du travail sera à l’ordre de la réunion. Ainsi, il dira que celui-ci sera examiné lors de la réunion avant de le présenter au gouvernement, puis le Conseil des ministres avant de l’adopter à travers les deux Chambres du Parlement.
Affirmant que la réunion tripartite qui se tiendra à la fin du mois de mai ou, au plus tard, pour le début de juin prochain et sera sous le thème «Le Développement économique et l’indépendance de la décision économique en Algérie» le ministre a exclu toute augmentation du salaire national minimum garanti. Par ailleurs, il dira qu’il sera question lors de ladite réunion de plusieurs dossiers, à savoir les démarches entreprises par le gouvernement en faveur de la promotion de l’investissement, faciliter l’accès au foncier industriel, création de nouvelles zones industrielles à travers les 48 wilayas du pays, l’amélioration du climat d’affaires… Ceci étant la tripartite qui a pour but d’asseoir une stratégie globale pour mettre un terme à la dépendance aux hydrocarbures.
Pas de baisse du taux de chômage en 2016
Abordan la fameuse question de la baisse du taux de chômage, le ministre qui ne donne pas de chiffres exacts, dira que la tendance baissière connue en 2014 ne se reproduira pas en cette année 2016, et ce, en raison des difficultés que l’État connaît. Néanmoins, il a indiqué que ce taux se stabilisera en 2017.
«Certes, nous allons connaître des difficultés en 2016, mais la situation se stabilisera à partir de 2017, grâce notamment aux dispositifs de créations d’emplois instaurés par le gouvernement», a déclaré El-Ghazi qui affirme, entre autres, que plus d’un million et demi d’emplois ont été créés dans le cadre du dispositif DAP. L’hôte de la Radio a, de surcroît, expliqué que le ministère du Travail table, à travers les dispositifs Ansej et Cnac, pour créer 60 000 mini-entreprises au cours de l’année en cours, ce qui permettra de résorber le chômage de manière progressive. Dans ce contexte, le ministre a souligné le déficit de la main-d’œuvre dans le secteur de l’agriculture et des travaux publics. Celui-ci est estimé, respectivement, à 800 000 et 500 000 personnes.
Les nouveautés du futur Code du travail
El-Ghazi a également mis en exergue les innovations essentielles introduites dans le projet comme les mesures contre le harcèlement sexuel, le renforcement de la protection des femmes, la lutte contre le travail illégal, l’institutionnalisation du dialogue social sous la forme bipartite et tripartite, le renforcement du contrôle des contrats des sous-traitants, la promotion du dialogue social, la valorisation de la formation professionnelle, la réorganisation des embauchages de la main-d’œuvre étrangères etc.
À une question sur les craintes des travailleurs de perdre certains acquis dans cette conjoncture économique et les propositions pour la prochaine tripartite, le ministre se voudra rassurer, expliquant que malgré la baisse drastique du prix du baril, le travailleur algérien n’a pas d’inquiétude à se faire et que «l’État veille à la préservation des acquis des travailleurs» à travers la redéfinition du contenu du salaire national minimum garanti.
Lamia Boufassa