Les jihadistes d’Al-Qaïda ont été chassés d’une capitale provinciale du Yémen un an après l’avoir conquise, subissant au passage de lourdes pertes, a indiqué lundi, une coalition militaire composée de forces spéciales émiraties et saoudiennes.
Des forces yéménites, soutenues par cette coalition, ont reconquis, dimanche, Moukalla, ville portuaire du sud-est du Yémen, lors d’une vaste offensive contre le réseau Al-Qaïda dans cette région. «L’opération s’est soldée, dans ses premières heures, par la mort de plus de 800 membres d’Al-Qaïda et de certains de leurs dirigeants, et par la fuite d’autres jihadistes», a affirmé la coalition arabe dans un communiqué. Ce bilan n’a pu être confirmé de source indépendante et aucune précision n’a été donnée quant à d’éventuelles victimes civiles ou dans les rangs des militaires.
Il n’a pas non plus été possible de savoir si les États-Unis, qui mènent régulièrement des frappes, notamment par drones, contre Al-Qaïda au Yémen, avaient contribué à ces opérations. L’offensive est destinée à permettre au gouvernement yéménite de «reprendre le contrôle des villes tombées aux mains d’Al-Qaïda, notamment Moukalla, considérée comme un bastion du groupe», a ajouté le commandement de la coalition arabe dans un communiqué publié par l’agence officielle saoudienne SPA.
«Aucune résistance»
Les forces yéménites, appuyées dans les airs par la coalition arabe, ont repris dimanche, Moukalla, chef-lieu de la province du Hadramout (sud-est), aux mains d’Al-Qaïda depuis avril 2015, avait indiqué auparavant à l’AFP un responsable militaire.
«Nous sommes entrés dans le centre et nous n’avons rencontré aucune résistance de la part des jihadistes d’Al-Qaïda qui se sont repliés à l’Ouest», en direction du désert dans les provinces du Hadramout et de Chabwa, avait-t-il ajouté. L’Arabie et les Emirats sont les deux piliers de la coalition arabe qui est intervenue militairement au Yémen en mars 2015 en soutien au gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi dans sa guerre contre les rebelles chiites Houthis, soupçonnés de liens avec l’Iran. Cette guerre dans un des pays les plus pauvres de la péninsule arabique a fait 6 400 morts depuis mars 2015.
Outre la prise de Moukalla, ville de 200 000 habitants, les forces yéménites ont repris l’aéroport d’Al-Ryane et un centre militaire d’Al-Qaïda dans les environs de Moukalla, ainsi que le terminal pétrolier de Mina al-Dhaba, plus à l’Est, selon des sources militaires. Les combattants d’Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa) avaient attaqué Moukalla le 2 avril 2015 et avaient pris rapidement le contrôle des principaux quartiers. Ils avaient ensuite imposé de nombreuses restrictions à la population et détruit des mausolées et des tombes anciennes de saints musulmans locaux.
Mission difficile
Aqpa, bien implantée au Yémen, et le groupe jihadiste État islamique (EI) ont profité du chaos créé par la guerre qui dure depuis plus d’un an pour renforcer leur présence dans le sud et le Sud-Est. La nouvelle opération antijihadistes intervient alors que des représentants des rebelles et du gouvernement tiennent depuis jeudi, des pourparlers de paix à Koweït.
Elle fait suite à des actions similaires que les forces pro-Hadi, soutenues par l’aviation de la coalition, ont mené avec succès récemment contre Al-Qaïda dans des quartiers d’Aden, deuxième ville du Yémen, et dans la province voisine de Lahj.
Mais la mission de neutraliser les jihadistes d’Aqpa s’annonce difficile.
Dimanche, sept soldats ont été tués et 14 blessés dans un attentat à la voiture piégée à l’entrée de Zinjibar, capitale d’Abyane (Sud), un autre fief du réseau jihadiste, obligeant les forces pro-Hadi à se retirer de la ville où elles avaient «pénétré samedi soir par le sud», a déclaré à l’AFP un officier. À l’occasion d’un sommet entre le président Barack Obama et les dirigeants du Golfe la semaine dernière à Ryad, les États-Unis avaient estimé qu’un règlement du conflit entre pouvoir et rebelles Houthis au Yémen permettrait de se «concentrer sur des menaces comme Aqpa et d’autres groupes jihadistes dans la région», tel l’EI.
L’offensive à Moukalla «fait partie des efforts internationaux pour vaincre les groupes terroristes au Yémen» que les pays de la coalition «continueront à traquer» pour «rétablir la sécurité dans la région», précise le communiqué de la coalition arabe.