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Bloqués à Boudouaou depuis une dizaine de jours : les contractuels décidés à aller jusqu‘au bout

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De gros nuages semblent s’amonceler dans le ciel, relativement serein depuis le début de la présente année scolaire, de l’Education nationale. Pas uniquement du fait de la décision des enseignants contractuels d’aller jusqu’au bout de leur exigence d’être intégrés dans le corps des enseignants sans avoir à passer par le concours réglementaire. Mais du fait des suites qu’ils pourraient être amenés à donner à leur mouvement dans le cas, où nous ont déclaré certains de leurs représentants que nous avons rencontrés, hier, à Boudouaou, dans la wilaya de Boumerdès, « de la persistance du ministère de tutelle à camper sur ses positions de départ »; à savoir, l’obligation qu’ils ont à passer par la voie du concours pour prétendre à toute intégration. Des suites que le secrétaire général du CLA (Conseil des lycées d’Algérie), Achour Idir, qui était également présent, hier, sur le site où les participants à la marche dite «de la dignité» que les contractuels ont entamée, le 27 mars dernier, à partir de Béjaïa, dans l’objectif de rallier Alger, ont été confinés après que les forces de sécurité les eurent empêcher de la poursuivre, a laissé entrevoir dans le bref entretien que nous avons eu avec lui : «Dans le cas où les revendications légitimes des contractuels à être intégrés sans avoir à passer par un concours ne sont pas prises en considération, il y a de fortes chances que les examens de fin d’année ne puissent se tenir et que le concours même pour le recrutement de 28 000 enseignants que la tutelle se propose d’organiser à la fin du mois en cours, avoir lieu».
Des propos qui nous ont également été tenus par tous les contractuels que nous avons rencontrés sur le site en question ; un site -fait qui dénote que son choix n’est pas du tout fortuit -qui a la double particularité d’être situé loin du centre-ville et des grandes artères de la ville, et à l’orée d’une cité d’habitation. Sauf que tous, secrétaire général du CLA et enseignants contractuels, ont atténué leurs propos en exprimant leur ardent souhait de voir le problème réglé d’ici-là. Et ce, nous ont-ils dit à l’unisson, dans une reconnaissance implicite que sa résolution ne peut être que politique, « par une intervention du président de la République ou du Premier ministre» auxquels ils n’ont pas manqué, en l’occasion, «de lancer un pressant appel dans ce sens». Faut-il préciser que la résolution à laquelle ils appellent ne peut être pour eux que la satisfaction de leurs revendications.
Ou, pour être plus proche de la réalité, de celle de leur seule exigence : l’intégration sans concours, à savoir. Une revendication qu’ils semblent déterminés à faire aboutir. Comme l’indique, on ne peut plus clairement, leur recours, depuis le blocage de leur marche sur Alger, à la grève de la faim. Hier, lors de notre passage à Boudouaou, ils étaient une vingtaine, dont deux enseignantes, sur les quelques trois-cents présents, à l’observer. Certains depuis six jours.
C’est le cas de Rachid Nacef, enseignant de langue et culture Tamazight de la wilaya de Sétif, qui malgré qu’il ait été,au vu de la détérioration de son état de santé,évacué à plusieurs reprises à l’hôpital, nous a fait part de sa détermination «à aller au bout de son action et ce même s’il devait y laisser sa vie». Une détermination que nous avons également retrouvée chez Ouarani Linda, une enseignante de langue arabe de la wilaya limitrophe de Béjaïa qui est entrée en grève de la faim depuis deux jours. Le teint quelque peu pâle, comme son collègue de la wilaya de Sétif, elle nous a quasiment répété les propos de celui-ci. Non sans s’étendre quelque peu sur la participation des enseignantes au mouvement et sur les immenses sacrifices qu’elles sont ainsi obligées de consentir en tant que femmes : nombre des participantes étant, nous a-t-elle expliqué, « mères de familles qui, pour les besoins de la cause, ont été contraintes de s’éloigner momentanément de leurs conjoints et enfants». Un sacrifice que Fatima Lyouknen, la «Fadma N’soumer» du site comme la surnomment ses collègues pour son activisme et enthousiasme remarqués, une autre enseignante de la wilaya de Béjaïa, elle-même «ancienne gréviste de la faim» : elle a dû abandonner son action après sept jours de grève et ce, sur avis médical, n’a pas manqué de mettre en exergue.
Dans le clair objectif de souligner la détermination précitée des contractuels à faire aboutir leur seule et unique revendication. Une détermination que deux autres responsables du site, un enseignant de la wilaya d’Oran et un enseignant de celle d’El Oued, nous ont réitérée. Avec force, il faut le dire. Et qu’ils ont appuyé par deux arguments que nos autres interlocuteurs n’ont pas utilisés.
Amrouche Abdelmoumen, l’enseignant d’Oran qui est également membre de la Commission nationale des enseignants contractuels, nous a fait part du «manque de confiance que les contractuels ont dans la transparence du concours que le ministère de tutelle compte organiser à la fin du mois en cours ». Quant à Walid Haki, l’enseignant d’El Oued, il nous a dit « ne pas comprendre pourquoi le ministère refuse de les intégrer alors qu’en 2010 et 2011, il l’a fait ».
Mourad Bendris

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