Pour les enseignants contractuels, qui croient dur comme fer que leur cause est juste, et que leur intégration doit se faire, automatiquement, sans passer par le concours de recrutement qui devrait avoir lieu le 30 avril prochain et, par conséquent, ils sont décidés à poursuivre leur mouvement de contestation jusqu’à la fin, au détriment de leur santé, puisqu’ils sont à leur sixième jour de grève de la faim. Et de l’autre côté, la tutelle, à sa tête la ministre de l’Éducation nationale, croit aussi qu’elle a raison, et que les enseignant contractuels ont tort, et doivent revenir à de bons sentiments, et qu’ils doivent cesser leur protestation et passer le concours. Mais, les enseignants contractuels ne l’entendent pas de cette oreille, et exigent leur intégration, purement et simplement. Or, au delà de ce face-à-face qui ne profite à personne, c’est tout le système éducatif qui est malmené. Du coup, et dans l’esprit du commun des Algériens, c’est l’enseignant qui est humilié, et l’image du Savoir piétinée. Car, après la difficile “marche de la dignité” qui s’est ébranlée de la ville de Béjaia vers Alger (250 km), le 27 mars dernier, les enseignants contractuels ne sont pas au bout de leurs peines, puisqu’ils étaient empêchés par les forces de l’ordre de marcher sur Alger, pour rejoindre le ministère de l’Éducation nationale. Et ce n’est pas tout, constatant l’intransigeance de la ministre sur leur principale revendication, ils sont entrés en grève de la faim et, vaille que vaille, ils maintiennent leur mot d’ordre : «Pour une intégration directe».
C’est dramatique, en fait, et dans ce bras de fer c’est l’École algérienne qui en pâtit, et il se trouve que de nombreuses voix s’élèvent pour qu’une solution soit trouvée, et que cette disgrâce de l’enseignant cesse. Si, aujourd’hui, l’on pointe du doigt le naufrage de l’École, c’est parce que le sinistre est, maintenant, incontestable, et il fait désormais beaucoup de dégâts, car la descente aux enfers du système scolaire n’est plus une vue de l’esprit, elle est réelle et palpable, et cela ne servira à rien de se voiler la face, le mal est profond, et s’il faut réformer une réforme, il faut le faire, et n’en déplaise à ceux qui affectionnent les chiffres et les fausses statistiques et aiment surtout se faire entendre parler pour dire que tout va bien dans les meilleurs des mondes chez l’École de la République algérienne. En effet, beaucoup parlent, présentement, de l’échec des réformes initiées par l’ex-ministre de l’Éducation nationale durant tout son long de règne sur l’École algérienne n’est plus à démontrer. Des voix s’élèvent, désormais, parmi le personnel enseignant pour exiger une réforme de la réforme. En tous les cas, c’est avec beaucoup d’amertume que le naufrage de tout le système éducatif algérien est dénoncé parce qu’il est devenu incapable de garantir un avenir équitable pour des centaines de milliers d’élèves qui se voient, du jour au lendemain, rejetés dans la rue. C’est l’échec de qui ? Seulement, il faut le dire, trop de temps et d’argent ont été perdus pour des réformes menées au forceps et qui n’ont effectivement donné aucun résultat tangible, l’École algérienne n’a pas avancé, au contraire elle a régressé, et c’est pour cette raison que des voix s’élèvent pour une refondation totale du système éducatif. Le mal de l’École algérienne est profond et seule une refondation de notre système par les enseignants expérimentés et qui travaillent sur le terrain pourrait sauver l’École, afin de lui donner des valeurs nouvelles pour traiter toutes les insuffisances qui la gangrènent, à savoir la pédagogie, les problèmes de discipline, la surcharge des programmes et des horaires, la surcharge de travail de l’élève, la surcharge des classes, les programmes mal repartis, et sans oublier la mauvaise orientation des lycéens et, enfin, le manque d’encadrement… Il faut reconnaître que les chantiers de l’École ne sont pas prêts de se terminer tant qu’on a pas encore touché en profondeur aux véritables maux de cette école qui tangue au gré des humeurs de ses ministres et de leurs réformes artificielles.
Mâalem Abdelyakine