La visite qu’effectue, depuis hier, à Alger, le Premier ministre français fera, assurément, date dans les relations, souvent mouvementées, comme c’est le cas ces derniers temps, entre les deux pays. Et ce, pour un fait des plus inédits. C’est, en effet, la première fois que des médias français boycottent une visite d’un responsable de haut rang de leur pays en Algérie. Un boycott qui survient à un moment où les relations entre les deux pays traversent une zone de turbulences assez fortes. Que le traitement particulièrement tendancieux, réservé à l’Algérie par le journal “Le Monde” dans ce qui est appelé, par la presse de l’Hexagone, le scandale «Panama Papers», ne peut expliquer à lui seul. Et ce, comme tente de le faire accroire cette même presse. Dont une partie: deux radios du service “France Inter” et “France Culture”, deux chaînes de télévision “France2” et “TF1” et deux quotidiens “Le Figaro” et “Libération”, s’est engagée dans le boycott en question ; en signe de solidarité, ont-ils soutenu, avec les journalistes du quotidien “Le Monde” et la chaîne de télévision “Canal+” auxquels les autorités algériennes ont refusé de délivrer un visa d’entrée en Algérie. Pour tous les observateurs impartiaux des relations algéro-françaises, en effet, cette explication tient difficilement la route. Pour, au moins, une raison : les tensions caractérisant, présentement, les relations entre l’Algérie et la France étant antérieures à la publication des «Panama Papers». Et, largement, pour l’un des deux évènements les plus significatifs de ces tensions, survenus récemment: la fouille corporelle, aussi humiliante qu’injustifiée, parce que contraire aux usages diplomatiques, à laquelle a été soumis, à l’aéroport parisien d’Orly, par la police française, Hamid Grine, notre ministre de la Communication, remontant, en effet, au mois d’octobre 2015.
Quant à l’autre évènement qui a rallumé quelque peu ces tensions, il s’est produit dans le sillage de celles qui ont marqué, dans le courant du mois écoulé, les relations entre le Secrétaire général de l’ONU et le Maroc, -après que le premier a publiquement qualifié la présence du Maroc au Sahara occidental, «d’occupation»- l’Algérie n’ayant pas du tout apprécié, et c’est peu dire, le clair soutien apporté par la France à notre «voisin de l’Ouest» dans son bras de fer avec Ban Ki-moon. Une contrariété qui a été, au demeurant, particulièrement patente dans les propos que notre ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a tenu lors de la conférence de presse qu’il a conjointement animée avec son homologue français, Jean-Marc Ayraut, lors de la visite officielle que ce dernier a effectuée dans notre pays à la fin du même mois (de mars 2016). De là, les interrogations sur les raisons véritables de ce boycott. Surtout qu’il est justifié par un acte de solidarité envers des journalistes victimes d’une prétendue entrave à l’exercice de leur profession et, partant, à la liberté d’expression. Et qu’il concerne un évènement important, la visite du Premier ministre français en Algérie, dont la médiatisation est assurée. Pas uniquement en France. Pour les mêmes observateurs, tous ces faits indiquent, clairement, que le boycott décidé par certains médias français a d’autres objectifs.
Qui s’inscrivent dans les incessantes et sournoises campagnes menées, sans répit, contre l’Algérie, et visant à sa déstabilisation. Cette lecture des évènements est confortée, soutiennent-ils, par l’attitude par trop conciliante que la même presse a observé à l’égard du Maroc, tout dernièrement. Plus précisément, la semaine dernière quand le Makhzen a expulsé, tour à tour, des journalistes du “Petit Journal” et un groupe d’avocats (français) partis s’enquérir du sort d’une vingtaine de prisonniers politiques sahraouis, emprisonnés depuis… 2013.
Sans que les deux expulsions ne soulèvent la moindre protestation des «défenseurs zélés de la liberté d’expression de l’Hexagone». Il est vrai que le responsable de ces atteintes à la liberté tout court n’était pas, cette fois-ci, l’Algérie mais l’un des enfants gâtés, avec l’entité sioniste, de l’Occident qu’est le Maroc…
Mourad Bendris