Accueil ACTUALITÉ Système LMD : les éclairages de Hadjar

Système LMD : les éclairages de Hadjar

0

Le LMD demeure cet éternel incompris et est différemment interprété par ceux chargés de le mettre en œuvre. Il agirait comme une ordonnance, dont le traitement prescrit donne des résultats variant en fonction du métabolisme du malade, de l’usage qu’on en fait, et de l’environnement.

C’est ce qui en ressort des déclarations du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS), Tahar Hadjar, tenues lors de la séance inaugurale du Conseil national des universités, qui s’est tenu mardi au ministère, sis à Ben-Aknoun. Les propos sonnent comme un aveu de l’échec d’un système qu’on a tout simplement extrapolé d’un environnement anglo-saxon, sans prendre en considération les spécificités algériennes. «Si vous demandez aux 57 000 enseignants que compte le secteur de vous donner une définition du LMD, ils vous donneront, comme je le ferais, moi-même, une explication différente les unes des autres. Vous pouvez avoir 57 000 définitions !», souligne-t-il, sourire aux lèvres, lorsqu’il s’est cité. Que cela ait les allures d’une modestie ou d’une spontanéité, le constat est, là, amer comme chicotin : l’Université va mal. Et son premier responsable, enfant du secteur, ne s’encombre pas de non-dits pour le déclarer. À commencer par le LMD, dont les principes escomptés de lisibilité n’ont fait qu’obscurcir ses objectifs, les carences du cheminement du Savoir en Algérie bute sur un problème d’adaptabilité. La problématique d’harmoniser le lien entre le pôle du Savoir et le tissu économique en est l’un des maillons de la chaîne. Déjà, à la clôture de la Conférence nationale d’évaluation du système LMD, tenue les 12 et 13 janvier 2016, au Palais des nations (Club des Pins), les participants ont recommandé la nécessité d’actualiser les programmes d’enseignement appliqués dans ce système, la révision des méthodes d’accession d’un palier à un autre, l’actualisation des programmes et de la gestion administrative, ainsi que l’amélioration des conditions de vie des étudiants. Si dans les pays, notamment les pionniers en la matière, États-Unis et Canada, et leur successeurs, tel le Royaume-Uni, qui l’ont adopté, l’étudiant sort, diplôme sous les bras, bien formé et prêt à l’emploi, donc doté d’une formation académique et professionnelle qui lui permet de surpasser les embûches de l’insertion socioprofessionnelle, en Algérie, c’est tout à fait le contraire, lorsqu’il peut déjà trouver de l’emploi répondant à ses besoins, ou dénicher un travail, tout court. Avant cette étape, l’étudiant en LMD devrait gérer, déjà, le stress de son cursus, principalement le passage de la License vers le Master ensuite vers la post-graduation, soit le saut d’un palier à un autre, dont les critères sont à définir, selon toujours les recommandations de la Conférence des 12 et 13 janvier. Une pression énorme en découle, essentiellement sur le fonctionnement des établissements universitaires à chaque rentrée, déjà empêtrés dans les problèmes liés à l’orientation des bacheliers, dont seulement 50% trouvent réponse positive à leur demande du choix de la spécialité (L’annonce de revoir la fiche de vœux des inscriptions, à compter de la prochaine rentrée, a été fait par Hadjar). Conscient de cet enjeu, le MESRS a entamé une batterie de réformes visant à donner un coup de pied dans la fourmilière, notamment au niveau des offres de parcours dans le Master, et dont les parties prenantes ne sont autres que les Commissions nationales pédagogiques des domaines de formation, les Commissions régionales d’évaluation (CRE) et la Commission nationale d’habilitation (CNH), sommées de rendre leur bilan avant la rentrée universitaire 2016-2017. Le ministre fait ressortir que le décompte du nombre de licences a donné lieu à un nombre effarant estimé à 6 000 licences, qu’un travail de ramassage et de collecte a réduits, en l’espace de deux ans, à 174, réussissant, ainsi, une compression assouplissante. Le même topo a été constaté au Master, ou plus de 5 000 diplômes ont été inventoriés. Concernant le cursus de Doctorat, Hadjar plaide pour une politique de son unification, qui sera traduite par la remise d’un seul diplôme. Car, il est inadmissible, selon ses dires, que, à ce jour, le pays sanctionne la post-graduation par 3 diplômes de docteur : docteur d’État, docteur ès sciences et docteur LMD ! Décrédibilisant ainsi le caractère national du diplôme algérien. Le comble, c’est que ceux-ci soient, souvent, délivrés la même année et par la même faculté. Il appelle également à l’impératif de renforcer le volet professionnel de la formation et du contenu des programmes, tout en annonçant qu’un projet de décret ministériel, organisant les modalités d’accès au Doctorat, vient d’être adopté, stipulant de renforcer la formation de l’étudiant en graduation dans les volets théorique et linguistique (l’anglais), ainsi que dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC). Cette assise juridique vise, entre autres, de réduire les délais de remise des Thèses de Doctorat en les ramenant à 2 et 3 ans au maximum, au lieu de 5 actuellement en vigueur. «Plus des 60% des étudiants en Doctorat remettent leur travaux après 5 ans d’études», tient-il à préciser. Concernant le LMD, le MESRS plaide pour un système universitaire algérien, au lieu des moult appellations que l’on développe par-ci par-là. L’amélioration du système LMD, et de l’Université, en général, reste également conditionnée par le haussement du niveau de l’enseignement dispensé. Pour cela, Hadjar compte instaurer une démarche de perfectionnement des nouveaux professeurs et enseignants recrutés à titre de stagiaire, qui sera traduite par l’organisation, mensuelle, ou bimensuelle, de séminaires durant lesquels il sera inculqué aux précités les rudiments de l’enseignement. «Quel que soit le diplôme que la recrue ait, il lui manque toujours cette touche qui lui permet d’assurer un enseignement de qualité. Nous sommes, comme vous le savez, confrontés à une obligation réglementaire, à savoir le recrutement sur titre», argumente-t-il

Réception de 99 000 places pédagogiques et 55 000 lits lors de la rentrée 2016-2017
Des autres lacunes dont en pâti le pôle du Savoir en Algérie, Tahar Hadjar cite l’absence d’une vie active au sein des établissements universitaires, fonctionnant uniquement au rythme de la pédagogie, la restauration et l’hébergement. D’où l’instruction donnée aux responsables des Ligues universitaires sportives et autres associations activant dans le domaine, de redynamiser l’exercice physique à travers, notamment, l’organisation d’activités et de tournois, régionale et nationale, visant d’instaurer l’esprit compétitif au sein des étudiants. «Nous allons progressivement mettre fin aux cités-dortoirs», promet-il. L’amélioration des conditions de vie des étudiants reste tributaire de la mise en place des infrastructures. La réception de 99 000 places pédagogiques et 55 000 lits lors de la prochaine rentrée universitaire, s’inscrit dans cette optique. La promotion des Écoles préparatoires, la révision à la hausse du nombre de spécialités, principalement dans l’objectif de s’adapter aux mutations technologiques et sociétales (le ministre donne l’exemple, ici, d’augmenter le nombre des spécialités liées aux métiers du journalisme), instauration des vertus du dialogue au sein des établissements universitaires, ouverture de l’Université sur le secteur socio-économique, et amélioration des conditions de vie des enseignants et professeurs-chercheurs, sont, aussi, les facteurs de réussite sur lesquels il est urgent de travailler pour essorer l’Université.
Zaid Zoheir

Article précédentEmprunt obligataire d’État : Benkhalfa persiste et signe
Article suivantEn dépit des attaques et des faux-fuyants du makhzen : Ban Ki-moon déterminé à régler le dossier du Sahara occidental