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FLN : Saâdani plaide pour l’amnistie

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Le chef du FLN, Amar Saâdani, a trouvé le moyen de tacler à nouveau son homologue du RND, Ahmed Ouyahia, en dépit du fait que ce dernier eût affiché, lors d’une de ses récentes sorties publiques, ce qui aurait été, selon les observateurs, un signe d’apaisement entre les deux leaders politiques.

En effet, Saâdani revient sur le triste épisode du milieu de la décennie 90, ayant trait à l’emprisonnement de milliers de cadres, issus du secteur économico-public, du temps où «l’homme des sales besognes» était à la tête du gouvernement. Pour le chef de l’ex-parti unique, l’État doit leur accorder une amnistie à même de leur rendre justice, dès lors, a-t-il argué, que les mis en cause étaient incarcérés de manière arbitraire avant que le temps ne finisse par prouver l’innocence, a-t-il indiqué. C’est lors d’une rencontre consacrée par le parti aux nouvelles dispositions de la Constitution, tenue hier à Zéralda, que Saâdani, dans un discours tenu à l’aune de la conjoncture économique actuelle, eût évoqué l’affaire de l’emprisonnement de cadres durant la décennie 90. Une question qu’il a bordée sous l’angle du volet judiciaire et des Droits de l’Homme, le tout sous le prisme des amendements y afférents, prévus notamment dans la Loi fondamentale du pays, laquelle était adoptée le 7 février dernier. Le chef du FLN n’a pas manqué une fois de plus de remuer le coteau dans la plaie, en évoquant l’affaire scabreuse qui reste sans doute une tache noire dans les annales de la Justice et du gouvernement de l’époque, dirigé par Ouyahia. En effet, environ 4 000 dirigeants de différentes entreprises publiques ont été jetés en prison durant les années 90 sous couvert de la loi criminalisant l’acte de gestion. «Nous (FLN) demandons une amnistie aux cadres emprisonnés arbitrairement. L’État doit lever cette sanction à leur encontre», a indiqué Saâdani, rappelant que l’Etat a consacré beaucoup de moyens pour former ces cadres, avant que ces derniers ne finissent par subir «l’injustice» en se retrouvant dans les geôles à cette époque, il y a de cela 20 ans, déjà. Le chef du FLN a estimé qu’il faudra reconsidérer le dossier de ces détenus, lesquels, appelle-t-il à libérer, à réhabiliter au sein de leurs familles respectives et à réintégrer dans leurs postes de travail, eu égard au respect de la dignité et des droits humains, des principes consacrés, via des dispositions nouvelles incorporées dans la Constitution. Pour lui, rien ne justifie, à présent, le fait qu’ils soient maintenus dans les maisons d’arrêt, à partir du moment où il s’est avéré, selon lui, que leur détention est en soi un acte arbitraire. Du coup, ce sont les sous-entendus politiques découlant des propos de Saâdani qui laissent croire à une attaque qui cible l’actuel SG par intérim du RND. Ceci, d’autant plus que l’homme fort du parti majoritaire bondit sur un autre sujet, objet à controverse. Il s’agit d’une allusion faite à l’article 51, qui traite de l’implication des binationaux résidents à l’étranger dans la vie politique et les responsabilités étatiques du pays, que Saâdani, visiblement, n’arrive toujours pas à cerner toute la problématique, à tel point qu’il l’a qualifié de «discriminatoire et d’antinational». Ceci, dans la mesure où c’est Ouyahia lui-même qui aurait introduit de manière unilatérale cette disposition, selon les critiques émises par un bon nombre d’acteurs politiques. En parlant des cadres détenus et de toute autre personne ayant subi l’injustice, il n’en demeure pas moins ces mis en cause «ont la nationalité algérienne. Ce statut droit être respecté», a-t-il illustré ses propos, comme pour justifier sa demande d’amnistie. Qu’il s’agisse donc de hauts cadres ayant occupé des responsabilités économiques, ou même politique, comme le laisse entendre Saâdani, les mis en cause doivent être disculpés et réhabilités au grand jour. Et au SG du FLN de dire, texto, que l’article 51 empêche tout bonnement le retour des cadres et les potentialités nationales établis à l’étranger en Algérie. Même s’il ne le cite pas, Saâdani fait allusion à l’ex-ministre de l’Énergie, Chakib Khelil, tout en prenant le soin de viser par ses propos l’ensemble des Algériens, quels qu’ils soient leurs niveaux d’implication dans la vie du pays. «Ils veulent retourner aux pays. La vérité doit être dite aux Algériens, mais aussi aux responsables. Il faut distinguer le noir du blanc», a-t-il lâché devant une pléthore de cadres FLN, parmi eux des ministres en fonction.

L’opposition clouée au pilori
Il accuse certains acteurs de faire dans «l’hypocrisie politique», laquelle pratique qui arrange plutôt les politiciens plus qu’elle n’en serve le peuple et les Algériens en particulier. «La vérité, rien que la vérité», insiste l’ex-président de l’APN, en rappelant que les réformes menées par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à travers précisément l’amendement de la Constitution, ne peuvent que jeter les jalon de la naissance d’un État civil, au grand bonheur du peuple qui pourrait désormais aspirer à ses pleins droits, a laissé entendre le même responsable. Sur un autre volet, le chef du premier parti s’est attardé sur la situation sécuritaire et la menace qui pèse sur le pays au niveau des frontières, en raison des développements dangereux en cours chez les pays voisins. Dans cette optique, il estime que les partis politiques doivent jouer le rôle, en mettant l’accent dans leur discours sur ce contexte précis, à même de préserver la sécurité et d’éviter le scénario du chaos pour le pays. D’autre part, Saâdani, qui rappelle le rôle important joué par l’Armée nationale populaire (ANP), à travers sa mobilisation et son redéploiement massif sur le long de la bande frontalière au Sud et à l’Est du pays, a, néanmoins, jugé nécessaire que le peuple soit aux côtés de l’Institution militaire. «Le peuple n’a-t-il pas un rôle ? Les partis politiques n’ont-ils pas de rôle ?», s’est interrogé le chef du FLN, qui a vite passé au vitriol l’opposition politique, laquelle, selon lui, n’est animée que par le désir d’accéder au trône du pouvoir, accuse-t-il encore une fois. «Que dit l’opposition à propos de la menace sur les frontières?», se demande-t-il davantage, avant de tirer la sonnette d’alarme sur une situation, dont le FLN, estime Saâdani, a déjà attiré l’attention sur cette dangerosité du contexte et l’avancée de l’organisation terroriste Daech, depuis trois mois déjà. Référence faite aux derniers attentats terroristes commis en Tunisie. Allant plus dans le détail, il a appris qu’un nouvel émir de «l’État islamique», d’origine saoudienne, a été installé récemment au niveau de la frontière avec la Tunisie.
Farid Guelli

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