Au cœur de l’actualité agricole ces derniers mois, du fait de l’importance de la production qu’elle a réalisée cette saison -une production qui a dépassé les prévisions arrêtées- mais, également, des problèmes de stockage et d’écoulement du surplus produit, la filière de la pomme de terre s’est, de nouveau, mise sous les feux de la rampe hier. Et ce, par la tenue du congrès constitutif de la Fédération nationale des producteurs y activant ; la quatrième, spécialisée, mise en place par l’UNPA, après celle des apiculteurs, des éleveurs, et des producteurs d’olive et d’huile d’olive. Un évènement dont l’importance a été soulignée par tous les officiels présents à la cérémonie d’ouverture de ses travaux. À commencer par le secrétaire général de l’UNPA qui, après avoir rappelé que la «création des fédérations spécialisées a été demandée par le président de la République, lui-même», s’est longuement étalé sur les résultats enregistrés par la filière, «des plus stratégiques, a-t-il souligné, au vu de la place que la pomme de terre occupe dans l’alimentation des familles algériennes». Ceci non sans insister sur «la nécessité de poursuivre les efforts en vue d’aplanir tous les problèmes qui risquent d’entraver son développement». Un objectif (la résolution desdits problèmes) qui passe, a-t-il précisé, «par un renforcement, plus grand, de la concertation entre les producteurs eux-mêmes -ce à quoi, a-t-il ajouté, contribuera sûrement à leur nouvelle fédération- et entre ceux-ci et tous les intervenants dans la filière». Et, à ce propos, il n’a pas manqué de saluer, comme étant une expression manifeste de ces intervenants à aller dans le sens souhaité, la présence à la cérémonie d’ouverture des travaux du congrès constitutif de la Fédération nationale des producteurs de pomme de terre, du représentant personnel du ministre de tutelle et du P-DG de la BADR. Des salutations qu’il a renouvelées, avec une chaleur certaine, à l’adresse du ministre du Commerce qui est arrivé alors que la cérémonie d’ouverture tirait à sa fin ; la chaleur des salutations que Mohamed Alioui a adressées à Bakhti Belaïb se voulait, à l’évidence, comme une reconnaissance de la considération que ce dernier a, en se rendant à leur congrès malgré son état de santé quelque peu difficile, ainsi témoigné aux producteurs de pomme de terre et, à travers eux, à tous les agriculteurs du pays. Ce que le ministre n’a pas manqué de confirmer dans la brève intervention qu’il a faite en cette occasion : «Je suis un montagnard et, de ce fait, je me sens proche de nos fellahs». Une déclaration sur laquelle il a rebondi pour faire part aux présents de «sa disponibilité à traiter avec leurs représentants de tous les problèmes qui pourraient entraver le développement de leur filière». Y compris, a-t-il précisé, dans un très bref -son état de santé oblige- point de presse tenu après la fin de la cérémonie d’ouverture (des travaux du congrès précité) «ceux liés à l’exportation de la pomme de terre», et ce, d’autant plus, a-t-il ajouté, que «des commissions, chargées du suivi de cette action, existent au niveau du ministère du Commerce et du Premier ministère». Cette disponibilité du ministre du Commerce découle, à l’évidence, de sa conviction, au demeurant, clairement affirmée devant les congressistes, «que l’agriculture, parce que la terre est une richesse permanente, est le vecteur incontournable de tout développement durable de l’Algérie». Une conviction qui est, là aussi, celle du secrétaire général de l’UNPA. Mohamed Alioui ayant, en effet, clairement affirmé qu’il était «grand temps, pour le pays, de compter, pour sa sécurité alimentaire, sur l’or vert plutôt que sur l’or noir». De là, son appel «à la poursuite, par l’État, de son appui -déjà conséquent, a-t-il précisé- au secteur agricole». Un appui que aussi bien le P-DG de la BADR que le représentant du ministère de l’Agriculture ont réaffirmé dans leurs inteventions respectives. Le premier, Hadj Djebbar, en déclarant que l’institution bancaire qu’il dirige -pour laquelle, a-t-il précisé, «la filière pomme de terre est la seconde, après celle de la céréaliculture, qu’elle finance»- était disposée «à accompagner les producteurs désireux d’exporter leur produit». Quant à Chérif Omari, le second, il a assuré les présents que le département ministériel, qu’il représente, était, aujourd’hui, «engagé dans la résolution progressive du problème de la disponibilité de la semence de pomme de terre». Interrogé par nos soins sur ce sujet, Omari nous a déclaré que le ministère de l’Agriculture s’engage, «à l’horizon 2019, à faire cesser toute importation de ce produit». Des importations en nette diminution ces dernières années, il faut le dire. «De 160 000 tonnes en 2013, celle-ci est passée à 140 000 tonnes en 2014, puis à 120 000 tonnes, en 2015, et cette année, on travaille à la réduire de 40% supplémentires», nous a déclaré notre interlocuteur. Non sans ajouter que «la réduction visée de l’importation de la semence de pomme de terre doit être impérativement compensée par sa production localement». Ce qui est, a-t-il poursuivi, «un objectif largement à la portée de notre pays». Et ce, nous a-t-il expliqué, «du fait de l’existence de quelque 200 établissements semenciers, tous privés». Sauf que Omari n’a pas manqué de nous préciser que l’objectif susmentionné, qui «permettra des gains annuels de quelque 100 millions d’euros», passe par le double objectif «d’un assainissement plus grand, dans le sens du développement de leur technicité, desdits établissements et du développement d’actions de partenariats avec des opérateurs, aussi bien nationaux qu’étrangers». Toujours à propos du dévelopement de la filière pomme de terre, le président de son Conseil national interprofessionnel, Bachir Seraoui, le voit, entre autres, «dans celui du volet transformation». Qui est, actuellement, «particulièrement dérisoire». Et d’expliquer : «Les cinq opérateurs en activité dans ce créneau ne transforment qu’une quantité vraiment infime des 5 millions produites. Pour parler de transformation, il faut arriver à le faire avec au moins un million de tonnes». C’est, d’ailleurs, «l’objectif que le ministère s’est fixé». Parmi les autres objectifs à même d’assurer un développement régulier de la filière, l’exportation qui est, présentement, «de l’ordre dérisoire de quelque 2 000 tonnes». Une quantité à laquelle participe, Abdelkader Benzaza, un producteur de la wilaya de Mostaganem qui a investi le créneau depuis trois années mainenant. Et qui est convaincu que son développement «exige une action soutenue et concertée qui prenne en considération les différentes étapes de l’acte d’exportation».
Mourad Bendris