Le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, est attendu lundi prochain à Alger pour une visite de travail à l’invitation de son homologue Ramtane Lamamra. La visite du chef de la diplomatie russe, la première depuis 2011 est importante à plus d’un titre dans la mesure où elle permettra une relance des relations bilatérales qui sont bonnes et d’intensifier les relations économiques entre les deux pays qui font face à la chute brutale des cours du baril, au moment où notre pays diversifie son économie, rationalise et limite ses importations et innove en permettant l’introduction de la monnaie chinoise, le Yuan, dans les échanges avec la Chine. Pour ce qui est des relations internationales, Alger et Moscou ont le plus souvent des approches et des analyses similaires pour ne pas dire identiques. Une approche confortée par les relations d’amitié qui prévalent entre les chefs de diplomatie des deux pays et qui remontent à fort longtemps au moment où tous deux étaient en poste à Washington. Les échanges entre la Russie et l’Algérie sont permanents et sont marqués du sceau de «l’amitié, de la franchise et de la compréhension», observe une source diplomatique à Alger. D’où l’importance que l’on accorde à la visite de Lavrov au moment où l’intervention en Lybie des Etats-Unis et de la France est effective, même si elle prend pour le moment la forme de frappes aériennes contre Daesh et qu’elle vise à contrer une agression terroriste d’envergure contre la Tunisie. Alger s’en tient à sa position du principe de non-intervention des forces étrangères dans un pays tout comme d’ailleurs Moscou, exception faite de la Syrie où des considérations stratégiques l’ont poussé à intervenir face à une véritable coalition de groupes terroristes et de Daesh, soutenus par les monarchies du golfe et les pays occidentaux pour faire tomber Assad, pour morceler la Syrie à leur profit et surtout au bénéfice d’Israël. Alors que l’on n’a pas encore fini de tirer les leçons de l’intervention de la France de Sarkozy, pour de vils et mesquins intérêts en Libye et de la calamiteuse diplomatie de Laurent Fabius au Proche-Orient, Moscou a fortement appuyé l’action de l’Algérie pour éviter l’éclatement de la Lybie et pousser à la formation d’un gouvernement d’Union nationale pour résoudre la crise et non pour légitimer une intervention étrangère.
Outre les dossiers lybien et syrien, le retour en force de L’Iran sur la scène internationale, la question sécuritaire et la lutte contre le terrorisme international domineront sans nul doute les entretiens qu’aura M. Lavrov avec les responsables algériens, dont son homologue Ramtane Lamamra et probablement le président Bouteflika, qui devrait le recevoir en audience. La visite du chef de la diplomatie russe qui interviendra la veille de la commémoration par le peuple sahraoui du quarantième anniversaire de la proclamation de la RASD , sera l’occasion d’aborder l’évolution de la question du Sahara Occidental et la nécessité d’imposer au Maroc –fort du soutien de Paris – la mise en œuvre du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Depuis deux ans, Rabat courtise inlassablement Moscou pour faire adhérer la Russie ou du moins obtenir sa neutralité pour ce qui est de sa position coloniale au Sahara occidental.
Le Monarque marocain dont les visites officielles à l’étranger sont rares a fait des pieds et des mains pour se rendre à Moscou. La presse marocaine a souvent annoncé ses visites qui sont devenues une arlésienne. Rabat promet monts et merveilles et notamment l’achat massif d’armements qu’elle n’a pas les moyens de payer et des concessions économiques dans le domaine de la pèche et des phosphates du Sahara occidental. Tout dernièrement le monarque marocain a été jusqu’à annuler le sommet arabe ordinaire que le Maroc devait abriter pour éviter que l’Arabie Saoudite, le Qatar et les Emirats ne poussent à la condamnation de la Russie et de l’Iran, autre puissance régionale à laquelle le royaume fait les yeux doux.
M. Bendib