Mohamed Belazougui, DG du centre de recherche en génie parasismique, intervenant hier, sur les ondes de la chaine III, a jeté un véritable pavé dans la mare. Il doute fortement du respect strict des normes parasismiques dans toutes les constructions érigées au cours de ces dernières années. Belazoughi a déclaré que la réglementation parasismique algérienne date depuis 1981 et qui a donc été renforcée en 2003. Il a ajouté qu’il serait hasardeux d’affirmer que les normes tendant à ériger des habitations résistant à des secousses telluriques soient totalement respectées en Algérie. Toutefois, l’intervenant ne remet pas en cause le sérieux des institutions de l’État qui veillent au respect des normes parasismiques conformément aux lois en vigueur. Il a affirmé que la seule prévention efficace est celle de la construction parasismique.
Cet état de fait se traduit par le dimensionnement et l’étude de conception des structures qui doit évidemment obéir à un certain nombre de règles en fonction des différents degrés d’intensité. Selon lui, ce sont les auto-constructions qui posent problème en la matière, car elles échappent au contrôle des organismes spécialisés. Il a souligné que le séisme en Algérie est un phénomène connu par l’ampleur des dégâts qu’il cause à chaque fois qu’il se manifeste. Par ailleurs, il a rappelé que le Nord de l’Algérie est une zone fortement sujette aux séismes. D’autre part, il est à noter que l’Algérie s’est dotée de règles parasismiques dans la réalisation des constructions, destinées à l’habitation collective, individuelle ou concernant des bâtiments publiques ou d’ouvrages d’art. De même, il est à rappeler que tous les dix ans, ces règles sont pourtant revues et corrigées, prenant en compte l’avancée de la recherche dans le domaine du parasismique et la découverte de nouveaux procédés de construction. Ainsi il a été procédé, à cinq reprises, à la révision de règles algériennes de construction parasismique (1981, 1983, 1988, 1999 et 2003). Mais le non-respect des normes parasismiques dans les constructions reste à l’origine des catastrophes occasionnées par les secousses telluriques. Si les normes parasismiques sont plutôt observées et respectées par les organismes publics dans la construction, ces règles sont toujours bafouées par certains particuliers. La première expérience relative à la construction parasismique a été mise en application suite au séisme de magnitude 7° d’El Asnam (Chlef) de 1954 qui a provoqué 1500 morts, 5000 blessés et a détruit à 90% la ville. Durant cette époque, les autorités coloniales ont édicté un petit règlement se traduisant par un guide de construction parasismique qui s’intitulait RAS 55.
Ce document avait permis à l’époque à servir de guide pour la reconstruction de la ville d’Orléansville de l’époque. Après l’Indépendance, le ministère des Travaux publics qui était à l’époque en charge de la sécurité des constructions avait édicté en 1973 une directive inspirée du règlement français intitulée PS 62 et qui est devenue par la suite PS 69. En outre, il a été évoqué le second séisme destructeur du 10 octobre 1980, d’une magnitude de 7,5 sur l’échelle de Richter. Le bilan de cette catastrophe fut terrible et lourd avec plus de 3 000 morts, des habitations, des locaux administratifs et commerciaux en ruine, des immeubles effondrés, des cadavres sous les décombres, des milliers de disparus ainsi qu’un nombre important de sans-abri. Ce séisme de grande ampleur avait réveillé les consciences et amené les autorités à prendre le problème à bras le corps. Aussi, il a été évoqué le 3ème règlement parasismique de 2012 édicté en Algérie et qui englobe l’expérience des trois décennies du parasismique.
Selon Belazoughi, ce document est pratiquement finalisé. Selon lui, ce document doit suivre tous les chemins techniques. Ensuite, il sera soumis à la fameuse commission technique permanente pour le contrôle technique. A cet effet, il sera approuvé par un arrêté ministériel publié au journal officiel.
D’ici au 2ème semestre de l’année en cours, l’arrêté paraîtra pour être appliqué avec une période de transition qui sera déterminée. Par ailleurs, il a déclaré qu’à chaque séisme fort qui se manifeste en Algérie, il y a beaucoup d’experts étrangers qui viennent tirer les leçons de l’événement. Belazoughi a affirmé que 90% des constructions érigées depuis 1981 répondent aux normes parasismiques. Il y a donc urgence de revoir le règlement parasismique algérien. Il faut impérativement tirer les leçons des derniers séismes.
Lazreg Aounallah