Se voulant rassurants, les Professeurs Yahia Abdelmoumène Mekki et Mostéfa Khiati ont affirmé, hier au Forum d’El Moudjahid « qu’il n’y a aucun cas de malade atteint par le virus Zika en Algérie ». Ils ont par contre tiré la sonnette d’alarme quant à « l’énorme risque potentiel, dont est confronté notre pays à cause de cette pandémie et sa propagation rapide ».
Zika est synonyme de forêt dense où pullulent des milliers d’espèces de moustiques dont quelques unes sont à l’origine de cette maladie suite à des piqûres sur des singes, qui ont à leur tour transmis la maladie à l’homme, selon l’explication rapportée par ce scientifique. Baptisé Aedes et proche de la famille de l’Hépatite C, le virus Zika a des symptômes qui apparaissent sous formes d’inflammations des cellules de la peau, des cellules neurologiques, au niveau du col de l’utérus chez la femme, ainsi que sous forme de malformation chez fœtales, causant parfois la mort du fœtus.
Quant à la transmission de cette maladie, elle ne se fait pas par des contacts physiques entre humains mais en plus des moustiques elle est transmise par les rapports sexuels, les transfusions sanguines et des mères vers les fœtus. Pour ce dernier cas, la transmission n’est systématique et il faut attendre deux mois de grossesse pour pouvoir détecter la maladie. Pour les cas positifs, l’interruption volontaire de grossesse (avortement) n’est pas systématique non plus, les femmes enceintes doivent être suivies continuellement par les méthodes d’échographie et cette interruption n’intervient que dans les cas présentant un réel danger pour le bébé.
Même si elle est peu ou pas du tout connue, Zika est une maladie anicienne qui existe depuis plus de 60 ans. Le virus est apparu pour la première fois en 1947 en Ouganda, alors que les premiers cas humains atteints par ce virus sont apparus en 1952, dans ce même pays. En 1954, plusieurs autres cas ont été déclarés au Nigéria, puis en Egypte mais avec un nombre de cas beaucoup plus élevé, et plus tard au Sénégal. La maladie a été signalée également dans d’autres régions de la planète, à savoir, l’Inde, l’Australie et la Polynésie, un département français, d’où elle a été ensuite introduite en France et plus loin encore aux Etats-Unis et au Canada.
C’est au Brésil que la propagation de cette maladie a été spectaculaire, en raison des conditions de multiplication propices, notamment le manque d’hygiène et les étendues de la grande forêt d’Amazonie. Pas moins de 5000 malades atteints par le virus Zika ont été enregistrés en 2014. Le chiffre a ensuite triplé pour atteindre 1,5 million de cas en 2015. Cette situation a amené l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à déclarer une alerte internationale contre cette pandémie, la quatrième du genre depuis l’apparition du virus.
Pas de traitement ni de vaccin
Dr Mekki a fait savoir que jusque-là « il n’existe aucun traitement ni aucun vaccin pour contrer cette pandémie, en précisant qu’il faut au moins quatre années pour produire un vaccin, en passant par les phases de culture, d’élimination et de tests pour arriver à la commercialisation ». Il a tenu à préciser, cependant, que les traitements d’autres maladies causées par des virus de la même famille atténuent les effets de Zika sur les malades, annonçant dans la foulée que les Etats Unis ont dégagé une importante enveloppe budgétaire destinée à la recherche de vaccins et à l’appui des laboratoires spécialisés. D’autres pays comme la France font beaucoup d’efforts dans ce sens, a-t-il ajouté. Mieux encore, ce médecin a souligné que plus de 70% des malades atteints par Zika sont complètement guéris. Les 30% qui restent ne décèdent pas tous, une bonne partie vis en portant le virus mais tout étant suivie de près. La lutte contre cette pathologie est l’affaire de plusieurs ministères et pas seulement celui de la Santé, selon les conférenciers qui appellent à la mise en place de comité interministériel de veille sanitaire. En attendant de trouver un vaccin et un traitement direct, cette lutte doit se faire d’abord par l’hygiène au niveau des marchés de fruits et légumes, de bestiaux et des abatoires. Elle exige aussi le contrôle des voyageurs et surtout des marchandises au niveau des ports et aéroports, ainsi que par le personnel opérant dans ces établissements. Le rôle des médias et la diffusion des informations fiables en s’appuyant sur des spécialistes sont eux aussi très efficaces dans cette lutte, concluent-ils.
Il y a lieu de rappeler que le Pr Mekki est spécialiste en virologie au Centre hospitalo-universitaire de Lyon, France où il est connu par le qualificatif Dr. Zika, grâce à ses travaux et ses recherches relatifs à cette pathologie. Le ministère français de la Santé a fait appel à ses services pour intégrer une importante commission centrale en charge de cette pandémie. Il est également expert en santé auprès de l’OMS. Le Pr Khiati est chef de service en pédiatrie et président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM).
Lyes Azizi