La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, est encline à opérer une mue dans sa stratégie politique, pour faire valoir au mieux son crédo politique. Au moins deux raisons justifieraient ce qui semble à un changement de cap. D’un côté, il y’a la pression qui pèse gros sur les rangs de son parti depuis l’avènement de dissidence, et de l’autre, il y’a le désir de reconquérir la voix populaire pour le besoin de son prêcher davantage sa position hétérodoxe.
En effet, après le meeting tenu la semaine dernière à Alger, la secrétaire générale du PT est partie hier dans la wilaya de M’Sila pour rencontrer la population locale et particulièrement jauger de l’ambiance qui règne au sein des militants et cadres des structures de la base. Encore une fois, le discours de Hanoune a été consacré à la dénonciation des décisions prises par le gouvernement, à travers les projets de la LF-2016 ou bien celui de la révision de la Constitution, pour n’en citer que ces deux textes dont la patronne du PT n’a cessé d’émettre des réserves, lorsqu’encore elle n’en rejette dans le fond et dans la forme certaines des dispositions incorporées. Elle n’a pas non plus manqué de s’attaquer à ses détracteurs où qu’ils se trouvent. Qu’ils soient des responsables au sein des institutions de l’état, des personnalités politiques ou bien des acteurs économiques issus du patronat, la SG du PT persévère dans ses attaques et son réquisitoire pour montrer d’un doigt accusateur ce qu’elle appelle «le pouvoir parallèle», ou encore les «prédateurs». Se surpassant au-delà du revers essuyé de l’adoption du projet de loi régissant la gestion budgétaire annuelle du pays, et même celui de la trituration de la Loi fondamentale du pays qui est en passe d’être approuvée par le biais des deux chambres parlementaires, le PT s’en remet à la population dans le but de relayer sa cause qui s’inscrit aux antipodes avec les choix économiques mis en place par le gouvernement pour faire face à la crise financière. Sinon comment expliquer ses appels à la population qu’elle invite à multiplier les sorties sur terrain, tout en évitant «les provocations» et faire en sorte de constituer «un barrage», pour barrer la route aux «prédateurs», a-t-elle rouspété tout au long de sa dissertation allusion au chef de file du FCE, Ali Haddad et les partisans politiques qui soutiennent les décisions prises à l’échelle économique.
L’oratrice qui ne déroge pas à la règle, lorsqu’il s’agit de tirer à boulets rouges sur ses adversaires, n’a cessé d’attirer l’attention de l’assistance sur «les véritables enjeux» qui entourent le contexte actuel, dont son parti en est conscient, a laissé entendre la responsable trotskiste, à travers son allocution présentée devant une foule qui l’applaudissait.
Elle a tenu aussi à soulever la problématique de «l’immixtion» des hommes d’affaires dans le domaine politique qui s’assimile selon ses termes à du «totalitarisme», a-t-elle dénoncé. En revenant sur la situation du pouvoir d’achat et la flambée des prix des produits de consommation, Hanoune estime que la LF-2016 est destinée à «l’appauvrissement de la population», comme pour se justifier aux yeux de la population de son rejet des dispositions du texte de loi. Au-delà donc de s’adjuger de la voix de la rue, le Parti des travailleurs multiplient ses sorties sur le terrain en vue de s’affranchir de la pression politico-médiatique née du mouvement de dissidence qui prétend mener une «opération de sauvetage du parti», dont le chef de file est Salim Labatcha, cadre et député évincé des structures du PT tout récemment. En allant donc à la rencontre des ses militants parmi la population au niveau local, Hanoune vise semble-t-il, un redéploiement pour réoccuper sur le terrain, au risque de se faire investi par ses opposants. Car, il est bon de savoir que la dissidence, si l’on croit encore ses intentions, prétend aller opérer une restructuration depuis la base pour atteindre le sommet de la hiérarchie, à tel point que, référence au document rendu public récemment par cette prétendue mouvance, Louisa Hanoune est invitée à quitter les commandes du parti. Plus loin encore, les mêmes initiateurs de cette opération ont les dents longues en croyant notamment pouvoir aller jusqu’à organiser une session du comité centrale du PT et même d’un congrès extraordinaire, a-t-il affirmé. Enfin, faut-il souligner qu’après le branle-bas de combat mené par la direction politique au rythme de sorties médiatiques incessantes, Hanoune croit dure comme fer d’aller jusqu’au bout des convictions de son parti, en annonçant depuis le début de l’année, d’investir l’espace populaire.
Farid Guellil