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Tramway d’Alger : la grève perdure

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Les employés de terrain de Setram (Société d’exploitation des tramways) du tramway d’Alger ne décolèrent pas. Et pour cause, ils ont observé leur mouvement de grève, hier , pour une troisième journée consécutive, afin de réclamer encore une fois à leur employeur la revalorisation de leur rémunération par la mise en place d’une grille salariale. Sont concernés par ce débrayage les travailleurs intervenant dans l’exploitation de cette société, notamment les conducteurs, les contrôleurs ainsi que les guichetiers. Devant la «sourde oreille de la direction de Setram, nous avons décidé de poursuivre notre grève jusqu’à ce que nous aurons gain de cause», a indiqué un protestataire rencontré, hier, devant l’Agence commerciale du Tramway d’Alger, sise à Ruisseau (Hussein Dey). Même si notre interlocuteur ne le dit pas, une source de bonne foi émanant de la direction de Setram, a révélé que les grévistes sont mécontents en constatant que les travailleurs exerçant dans l’administration de la société ont vu leur salaire revu à la hausse, a-t-on appris. Ce qui n’est pas le cas pour eux, employés du département exploitation. Pour cette raison donc, ils ont décidé de réagir et demander entre autres une augmentation salariale qui touchera les agents de terrain, a ajouté notre source. Sur place, et à première vue, tout paraît marcher dans l’ordinaire, puisque un service minimum est assuré par les grévistes, a-t-on constaté. Néanmoins, le temps pris par les voitures du tram pour démarrer de son point de départ «Les Fusillés», et aller en direction de «Dergana», un parcours de 20,4 km, crée des perturbations dans le trafic et génère des désagréments multiples aux voyageurs. Afin d’obtenir une réaction des agents-caissiers qui se trouvent à l’intérieur de leur cabine, on s’est rapproché d’eux. Bivouaqués sur des chaînes, trois d’entre eux apparaissent au travers des guichets fermés. «Nous sommes en grève. Pas de vente de tickets aujourd’hui, mais tout de même, vous pouvez voyager et c’est gratuit», dit l’un d’eux avant même de lui adresser la parole. En effet, habituellement les clients se rendent chez cette agence pour s’acheter des billets de voyage à 40 DA, utilisables pendant une durée de 3 heures.À l’instant, des voyageurs reçoivent la même réponse de la part des guichetiers, visiblement déterminés à porter un coup économique à la Setram, afin de ramener sa direction à se pencher sur leur revendication. Parallèlement, le voyage gratuit pourrait constituer un coup de pub pour la société vis-à-vis des usagers qui sont nombreux à utiliser ce moyen de transport moderne, et qui s’avère efficace à tout point de vue. L’une des voitures du tramway est immobilisée, mais il semblerait qu’elle attend son départ, selon les indications des voyageurs. Mais, il a fallu attendre une heure de temps pour qu’enfin les usagers reviennent à de meilleurs sentiments. En effet, en cette journée torride du mois de Ramadhan, de nombreux jeûneurs, l’air abattu par la chaleur qui sévit à l’extérieur, s’engouffrent en masse à l’intérieur des cabines du tramway pour profiter d’une température ambiante qui y règne. Pour les plus patients des usagers, autant profiter des avantages « collatéraux» d’une action de protestation qui touche le personnel de la société. Ce n’est pas le cas pour ceux qui ne disposent pas d’assez de temps. «Je ne peux attendre un quart d’heure de plus ici. Je dois rentrer chez moi. J’habite quand même un peu loin d’ici, à Beb-Ezzouar, à une quinzaine de km», a répliqué Rédha, jeune de 32 ans, employé dans une administration relevant du secteur des transports, à Alger. Notre interlocuteur semble vouloir prendre un taxi ou un «clandestin» (opérateur taxi informel, Ndlr). Interrogé sur la somme d’argent qu’il doit débourser, il répond : «entre 200 DA et 300 DA…vous imaginez, cela se passe «fi chahr errahma»  (mois de la miséricorde, Ndlr)», a-t-il ajouté, avant de faire signe à un chauffeur, resté aux aguets dans les environs, guettant le moindre mouvement d’un marcheur. Pour les malheureux abonnés qui ont l’habitude de prendre le tramway pour rejoindre le lieu de travail, la tâche n’est pas non plus des plus aisées. Ainsi, des centaines d’employés qui font la navette depuis « Dergana » jusqu’à « Ruisseau » qui se sont notamment accommodés depuis un moment déjà avec ce moyen de transport, se retrouvent devant le chamboulement de leurs habitudes. «Je réside au quartier Cinq Maisons. Je prends souvent le tram à sept heures du matin, avant de descendre au point terminus et prendre à nouveau le métro. Je travaille non loin de la Place du 1e Mai», a confié une dame, mère de deux enfants. «Ce n’est pas tout, le soir je galère pour rentrer. Et encore, je dois préparer le f’tour», a ajouté notre interlocutrice, au cours du trajet qui mènera jusqu’à Beb Ezzouar, l’une des 32 stations du tramway. Au total, 8 rams sont mises en marche pour assurer le service en dépit de cette grève qui pénalise le voyageur plus qu’elle ne crée une paralysie du transport dans la Capitale. Contactés pour avoir leurs impressions immédiates, un des délégués représentant les grévistes a indiqué, par téléphone, que les contestataires vont se réunir avec le directeur de Setram, dans la journée d’hier, (aujourd’hui, Ndlr). Selon lui, « cette rencontre a été arrachée au bout d’un mouvement de trois jours de grève, qui a porté des dommages à la trésorerie de la société et a perturbé son image de marque», a-t-il clamé. En effet, il sera question de discuter des salaires des employés de l’exploitation, mécontents de leur sort et jugent leur rémunération insuffisante, par rapport à leur charge de travail. Par ailleurs, les employés de la même catégorie du tramway de la ville de Constantine ont enclenché une grève durant la même journée, soit hier , afin de réclamer l’amélioration des conditions de travail. Le même topo est observé chez les employés du tramway d’Oran. Pour la ville de l’ouest du pays, des agents du service de l’exploitation ont mené une action de protestation, hier, pour les mêmes motifs.
Farid Guellil  

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