L’enfance, voilà une catégorie bien vulnérable quand bien même une loi sur leur protection a été adoptée récemment par l’APN. Qu’en est-il de cette frange de la population en Algérie ? En tout état de cause, en Algérie le tableau dressé est loin d’être rose. En effet, les statistiques y relatives, notamment celles fournies par les officiels, donnent froid au dos. Les enfants, et subséquemment les adolescents, sont certes passibles du code pénal mais ils continuent à subir les affres d’une violence aux aspects multiformes. En fait, un nombre considérable de délits sont perpétrés à leur encontre. Justement et sur ce registre, des chiffres dévoilés récemment indiquent que pour les quatre premiers mois de l’année 2015, ce sont 1 726 enfants à avoir été victimes de violence, dont 996 cas de violence physique, 517 (dont 316 filles) à caractère sexuel, 179 cas pour mauvais traitements, 25 cas d’enlèvements et enfin trois cas d’homicide volontaire. De ce chiffre d’enfants victimes, il a été malheureusement enregistré 06 décès. C’est ce qui ressort de notable des statistiques communiquées hier, à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de l’enfant, par Kheira Messaoudène, commissaire divisionnaire et chef du bureau de protection de l’enfance à la Direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn). Durant l’année 2014, ce sont quelque 6 151 enfants à avoir subi des violences de différentes formes. À l’évidence, ces chiffres sont loin, très loin même de refléter la réalité, à cause évidemment du silence patent qu’observent les parents dans pareilles situations. D’aucuns sont en effet peu enclins à dénoncer auprès des différents corps de sécurité que ce soient les services de police ou de justice. Ceci pour dire que les enfants sont victimes de violences en tous genres, telles que l’exploitation dans le travail, mendicité, privation de scolarité, mauvais traitements et châtiments infligés, etc… Ce sont en tout cas les chiffres révélés par les services de la Dgsn. Et pour la représentante de la Dgsn, Kheira Messaoudène, d’expliquer que beaucoup de chemin reste à parcourir afin d’endiguer le phénomène de la violence que subissent, au quotidien, nos enfants. Autres statistiques plus éloquentes pour une société affublée du sceau du conservatisme, ce sont près de 6 000 actes de violences qui ont été perpétrés contre les enfants au courant de l’année 2014. Cependant, il faut s’arrêter sur les chiffres relatifs aux cas de disparitions d’enfants. À la Dgsn, l’on énonce que pour l’année 2014, ce sont 195 cas de disparition d’enfants qui ont été portés à leur connaissance. Au premier trimestre 2015, ce chiffre s’est établi à 25 cas d’enlèvement que les services de police ont réussi à élucider et au bout desquels, la Dgsn à pu réinsérer les enfants kidnappés dans leurs familles respectives. Cependant, la même responsable n’a pu qu’admettre que la procédure de «Alerte kidnapping », une procédure en usage actuellement en Algérie, relevant de la seule compétence du procureur de la République et à laquelle contribuent plusieurs secteurs, reste encore peu optimale. En ce qui a trait aux agressions sexuelles exercées sur les enfants, le poids contraignant de la société algérienne fait de telle sorte que les services de sécurité ont toutes les peines du monde à détecter de tels cas. Un certain nombre de parents hésitent à saisir les services de sûreté pour dénoncer les sévices sexuels que subissent leurs progénitures. Sur un cadre plus général, la même responsable a plus particulièrement dénoncé la « passivité » des citoyens et le «manque de civisme» même si, dans ce cadre, un numéro vert a été mis à leur entière disposition. Toutefois, les pouvoirs publics ne sont pas restés de marbre devant la dégradation de la situation des enfants. En effet, l’arsenal juridique a été justement amendé afin de mieux protéger l’enfance et des dispositions ont été prises. C’est ainsi que la loi adoptée au mois de mai dernier par l’APN a prévu le poste de médiateur et celui de délégué des droits de l’enfance. La Dgsn, en tant que premier corps concerné par la lutte contre la violence, s’est inscrite dans la démarche imprimée par les pouvoirs publics et a procédé à la création d’une cinquantaine de brigades, réparties à l’échelle nationale, spécialisées dans la protection de l’enfance. Aussi, des unités spécialisées dans la lutte contre la cybercriminalité ont été créees. Cependant, force est de constater que ces mesures tardent encore à donner des résultats probants et l’enfant continue encore de subir des sévices autant moraux que physiques. Pour paraphraser Mme Messaoudène qui dresse un constat sans complaisance sur la situation de l’enfant algérien, «la protection de l’enfance est l’affaire de tout le monde, autorités et société civile incluse». «La société, les parents, sont responsables de la persistance d’une violence héritée des années de terrorisme», a-t-elle expliqué appelant à l’implication de tout le monde. Toutes les parties concernées sont tenues de conjuguer leurs efforts afin d’endiguer le phénomène de la violence et avoir, au bout du compte, «une famille saine, des enfants sains», a-t-elle émise en guise de souhait.
Mohamed Djamel