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La Grèce face à ses créanciers L’amorce d’un compromis ou la crise

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Les ministres des Finances de la zone euro se sont réunis hier à Bruxelles. Au menu de cet Eurogroupe : un peu d’Irlande, d’Espagne, mais surtout, encore et toujours depuis trois mois, de la Grèce… Revue des enjeux de cette énième réunion des 19 ministres des Finances de la zone euro, alors qu’un accord n’est toujours pas en vue sur le versement de la dernière tranche de prêts du deuxième plan d’aide au pays (7,2 milliards d’euros) contre une liste de réformes côté grec. Des positions encore très éloignées Les négociateurs, à Bruxelles et dans les capitales européennes, l’ont répété ces derniers jours : cet Eurogroupe ne sera pas « décisionnel », aucun accord n’y sera acté, il y a encore trop d’écarts entre ce que sont prêts à accepter les créanciers et ce que souhaite obtenir le gouvernement d’Alexis Tsipras. Mais cette réunion ne doit pas non plus servir à rien : il faudrait qu’elle soit l’occasion d’acter le fait que les négociations en cours au «groupe de Bruxelles», cette petite quarantaine de techniciens grecs et représentants des créanciers d’Athènes (Fonds monétaire international, Union européenne et Banque centrale européenne), progressent bien. Ce n’est pas rien : jusqu’à présent, ces discussions patinaient sérieusement. Surtout, à en croire les créanciers d’Athènes, à cause du manque de bonne volonté côté grec. Depuis l’Eurogroupe du 24 avril, suite auquel cette équipe a été renouvelée, et surtout mise sous l’autorité d’un proche du Premier ministre grec, Euclide Tsakalotos, et non plus d’hommes du ministre des Finances, Yanis Varoufakis, les pourparlers avancent mieux. On est enfin entré dans le dur des discussions, dit-on à Bruxelles. Des «lignes rouges» de part et d’autre Les ministres des Finances de l’Eurozone pourraient aborder les «lignes rouges» des uns et des autres. Les créanciers de la Grèce insistent pour que le pays présente une liste de réformes, qui ne grèvent pas davantage les finances publiques du pays et la compétitivité de son économie. Selon les nouvelles prévisions de la Commission européenne pour 2015, la Grèce, qui avait affiché en 2014 un budget en léger excédent primaire (avant charge de la dette), sera à nouveau en déficit en 2015 (2,1% du produit intérieur brut), en raison de la chute des rentrées fiscales, liées aux incertitudes politiques depuis le début de l’année. La dette, elle, devrait atteindre 180% du PIB. Des paramètres qui réduisent encore un peu la marge de manœuvre du gouvernement Tsipras, qui tente d’imposer des mesures anti-austérité. |Samedi 9 mai, le ministère des finances grec a dit ne plus prévoir, lui, qu’une croissance d’«au moins 0,8% cette année», moins du tiers de la projection initialement retenue dans le projet de budget 2015. Par ailleurs, le FMI, classiquement plus enclin à exiger des réformes ayant un effet à court terme (il prête à 10 ans, contre une moyenne de 32 ans de maturité pour les prêts accordés par les pays de l’UE à la Grèce), devrait insister, lui, sur sa volonté qu’Athènes continue à réformer le système des retraites et à libéraliser le marché du travail, alors que les priorités de la Commission européenne vont plutôt aux mesures fiscales (privatisations, TVA sur les achats des touristes dans les îles grecques…). Au mieux, un accord d’ici à fin mai L’idéal, pour certaines sources proches des négociations, serait que les 19 ministres des finances de l’eurozone parviennent à une déclaration commune permettant d’indiquer que «les discussions avancent, la perspective d’un accord se rapproche.» Une telle phrase donnerait l’assurance qu’un accord va advenir dans les jours ou les semaines qui viennent et lèverait quelques hypothèques. Elle permettrait notamment à la BCE de continuer à relever, de semaine en semaine, le plafond des ELA (emergency liquidity assistance), ce financement d’urgence qu’elle continue à fournir aux banques grecques. Athènes y croit : la Grèce et ses créanciers internationaux sont «très proches» d’un accord, a affirmé, dimanche 10 mai, Euclide Tsakalotos. «Après des semaines de douloureuse négociation, si l’autre partie le souhaite, nous allons voir qu’(…) un accord est très proche et sera conclu prochainement», a déclaré le coordinateur des discussions avec les créanciers au quotidien grec Avgi. Les plus optimistes, côté créanciers, espèrent un accord d’ici à fin mai. Cela permettrait de disposer encore d’un gros mois – d’ici à fin juin, date d’expiration du deuxième plan d’aide à la Grèce – pour négocier un troisième plan d’aide, et un allégement de la dette grecque (environ 340 milliards d’euros). Une discussion «pas taboue», comme l’a dit au «Monde» le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, jeudi 7 mai. Le scénario du pire n’est pas exclu Si l’Eurogroupe n’accouche d’aucune déclaration positive ou si, pire, comme à celui qui s’est tenu à Riga, le 24 avril, il se termine sur un clash, les scénarios du pire, dont celui d’un « Grexit » (sortie de la Grèce de la zone euro), vont revenir sur le devant de la scène, alors que le 12 mai, Athènes est censée effectuer un nouveau remboursement au FMI (770 millions d’euros). De fait, un désaccord évident, lundi, serait la preuve qu’un accord est très difficile, voire impossible, entre un gouvernement de gauche radicale anti-austérité et le reste de l’Eurozone, dominé par des gouvernements conservateurs et sociaux-démocrates.

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