Il semblerait que tout est fin prêt pour la tenue du 10e congrès du FLN (Front de libération nationale), prévu les 28, 29 et 30 mai prochains, à Alger. Le parti a d’ores et déjà tracé la feuille de route qui devra guider les travaux de la réunion de l’instance suprême. En dépit de la crise politique qu’il traverse, sa direction dirigeante affiche une certaine sérénité, à moins d’un mois seulement de l’échéance, ce qui laisse croire, de toute apparence, que tout aille bien pour la maison FLN. Or, le malaise est bien là, ce dont ne pourrait d’ailleurs renier l’actuelle équipe dirigeante du parti, tant elle (la crise, ndlr) n’est un secret pour personne. La situation délétère s’accentue davantage à l’approche du rendez-vous, un constat du moins perceptible à la lumière de la position irréversible des frondeurs. Voyant le danger venir, le secrétaire général du parti, Amar Saâdani, tente tant bien que mal d’apaiser les tensions, en appelant à un congrès «rassembleur et inclusif». Saïd Bouhadja, membre du bureau politique, chargé à la communication du FLN, refuse de parler de l’existence d’une opposition au sein de son parti. Il préfère parler d’une agitation qui est «loin de porter atteinte à la stabilité du parti», a-t-il confié, hier, au «Courrier d’Algérie», lors d’une rencontre au siège national du FLN. En effet, à en croire notre interlocuteur, les préparatifs vont bon train à tous les niveaux d’activité. Des commissions locales ont été installées au niveau des mouhafadhas et des kasmas. Elles sont chapeautées et mises sous la direction des membres de la commission nationale composée, quant à elle, des membres du bureau politique. Elle a été mise en place, le 23 avril dernier, par Amar Sâadani, lui-même, lors d’une réunion avec les cadres et responsables des structures locales du parti. Ces instances chargées de préparer le congrès ont commencé leur travail sur la base d’un document «avant-projet» qui leur a été soumis par l’instance dirigeante de la formation politique de la majorité électorale. La mouture de ce document renferme notamment les points devant être discutés lors du congrès. En d’autres termes, ces commissions composées de responsables locaux de mouhafadhas et kasmas vont débattre des questions ayant trait aux statuts et programme politique du parti, à la résolution politique du congrès, aux élus, aux institutions, à la réflexion et à la politique générale du FLN. À travers cette démarche, impliquant la base militante dans la préparation et l’organisation du congrès, les dirigeants du FLN lancent un signal fort à l’adresse des adversaires de l’actuelle direction politique, à sa tête Amar Sâadani. En effet, il est attendu des militants de la base d’émettre des propositions devant répondre aux mutations et au développement du pays, aux réformes politiques, ainsi qu’aux institutions. En donnant, ainsi, la parole aux militants locaux du parti, le FLN veut se projeter vers l’avenir, mais surtout tenter de mobiliser le maximum de participants au prochain congrès. L’enjeu de la participation est de taille. Il s’agit de la crédibilité de cette rencontre d’une importance capitale, mais surtout des résolutions politiques qui vont en découler. «Il n’y a aucune exclusion dans le travail de préparation du congrès. D’abord, les commissions de wilaya devront formuler leurs propositions et remarques, ensuite chargé la commission nationale de synthétiser les recommandations, lesquelles devront inspirer les travaux de la réunion de l’instance suprême de notre parti. Nous avons donné une tribune d’expression à chaque militant, jaloux de son parti, pour qu’il prenne part au débat par des propositions», explique Saïd Bouhadja.
«Que les opposants assument leur position»
Pour lui, cette démarche est une occasion d’engager un débat au sein des instances du parti, ce qui permettra à l’actuel secrétaire général de mieux aborder la réunion du comité central (CC), prévue le 27 mai prochain, soit à la veille du congrès. Cela devra aussi, en toutes indiscrétions, déminer le terrain pour écarter tout incident, qu’il soit d’ordre organisationnel, politique ou autre, pouvant notamment émailler le bon déroulement de la rencontre. Cette menace n’est pas des moindres, puisque Abderahmane Belayat, chef de file des redresseurs, compte profiter durant la réunion du CC pour «se démener» contre l’actuelle direction du FLN. Le responsable à la communication du FLN ne perd pas de vue la position des adversaires politiques de l’instance dirigeante du parti. Il met en garde ses détracteurs contre toute dérive découlant des activités menées en dehors des instances du parti. Interrogée sur la position des redresseurs qui contestent toujours l’actuelle direction politique, Bouhadja a indiqué «qu’ils doivent se soumettre à la décision de la majorité». Le même responsable estime qu’entre l’instance dirigeante du FLN, à sa tête Sâadani, et les adversaires politiques il n’y a pas une divergence de fond, mais tout juste, selon lui, «des agitations et des mécontentements exprimés par des cadres qui n’ont pas pu accéder aux commandes du parti», a-t-il expliqué.
Pour lui, le congrès constitue justement un cadre pour ceux qu’il considère d’être des «déçus», de se présenter pour tenter leur chance, s’ils désirent briguer un mandat ou un poste de responsabilité au sein du parti. En effet, certains des opposants à Sâadani ont d’ores et déjà annoncé qu’ils ne participeront pas au congrès, un choix logique, sachant qu’ils contestent la décision de Saâdani. «Ils ont tort, ils sont militants et cadres du parti», a répliqué Bouhadja. «Qu’ils assument leur responsabilité devant l’histoire. Nous leur avons pourtant ouvert la porte», a-t-il prévenu les opposants, tout en reniant l’existence d’une «opposition» proprement dite au sein de son parti.
Reconquête du pouvoir
Pour l’actuelle direction du FLN, le 10e congrès devra esquisser les grandes lignes de ce que sera le parti de demain, tel qu’il est voulu par la base militante qui aspire à un changement, affirme-t-on. «Le pays est en pleine mutation, donc le parti ne peut rester en marge, il doit accompagner ce changement», avance notre interlocuteur, qui indique que ce changement est tellement inéluctable qu’il sera impératif pour le parti de reprendre le pouvoir. «Étant toujours un partenaire du pouvoir, il est impératif pour nous aujourd’hui de reprendre les positions du parti au sein de la composante du gouvernement», a assuré Bouhadja. En effet, que ce soit la révision de la Constitution ou du remaniement ministériel, deux questions ayant alimenté récemment l’actualité politique nationale, la préoccupation première du FLN est de se repositionner au sein de la prochaine composante du gouvernement.
«Le FLN vise à reconquérir sa position sur l’échiquier politique national, lui assurer une pérennité dans l’avenir pour accomplir les missions qui relèvent de son passé historique», a ajouté notre interlocuteur.
Farid Guellil