Accueil ACTUALITÉ «Consommons algérien» : pragmatisme ou slogan creux ?

«Consommons algérien» : pragmatisme ou slogan creux ?

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Afin d’amortir la faramineuse facture des 9 milliards de dollars qu’absorbent les importations, le gouvernement met les bouchées doubles pour soutenir l’entreprise algérienne en lui permettant d’améliorer la qualité et la compétitivité de son produit. Dans un contexte économique délicat, marqué par la chute des prix du pétrole, il devient plus que nécessaire de soutenir la production nationale. C’est dans cette optique que le ministère du Commerce a donné naissance à la campagne de sensibilisation «Consommons algérien». Les Algériens sont-ils conscients de l’importance de consommer le «Made in Algeria» ? Une campagne de sensibilisation à elle seule, pourra redonner la valeur à la production nationale ? Dattes importées de la Tunisie, huile d’olive de l’Espagne, olives du Maroc, électroménagers des pays européens et asiatiques, vêtements de la Chine, médicaments de l’Inde et de la Jordanie….et la liste est longue. De quel produit national parle le ministre au juste ? Certes, Amara Benyounès évoque la volonté de promouvoir la production nationale. Mais la campagne qui ne durera qu’une semaine, apportera-t-elle ses fruits ? Ainsi, l’idée du ministère du Commerce a de quoi faire grincer des dents. C’est vrai qu’avant de parler de consommer algérien, il faudrait défendre la production nationale. Une production déjà affaiblie par les cadeaux offerts aux importateurs au détriment des industriels nationaux. C’est le cas dans la Loi de finances 2015, dans laquelle l’impôt sur le bénéfice (IBS), qui se chiffre à 23%, est unifié pour les opérateurs économiques algériens et les importateurs. Autre problématique est que le produit algérien est parfois plus cher que le produit importé. C’est le cas de la fameuse voiture algérienne, Renault Symbol. En effet, le prix de lancement de la Renault Symbol algérienne est identique au produit assemblé à l’étranger. De quoi freiner les envies d’achat de milliers d’Algériens. Néanmoins, le retour du crédit de consommation pourrait faire le bonheur de certains producteurs locaux. Mais celui-ci n’a toujours pas vu le jour. Joint hier par téléphone pour avoir son avis sur la campagne, le porte-parole de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), Mohamed Taher Boulanouar, a exprimé ses réserves à cette campagne. En effet, Boulanouar a fait savoir que son Union a appelé à cette initiative à maintes reprises, et ce, depuis des «lustres». Mais ce n’est qu’après la chute des prix du pétrole que le gouvernement a songé à l’idée. «La chute brutale des prix du pétrole a imposé au gouvernement cette campagne afin d’améliorer la production nationale», a-t-il indiqué à cet égard.Selon notre interlocuteur, la campagne à elle seule n’est pas «suffisante». «Il est opportun de signaler que pour consommer algérien, le produit doit être conforme aux normes et être compétitif», a indiqué Boulanouar. Il a, en outre, mis l’accent sur le rôle des commerçants dans la réussite de l’initiative. Pour lui, ces derniers doivent lier des liens avec les producteurs nationaux pour mieux connaître leurs produits. De surcroit, le porte parole a déploré le fait que le ministère du Commerce n’a pas associé l’Ugcaa dans la campagne ». Il n’a pas manqué d’exprimer son optimisme quant à la réussite de la campagne. Notons par ailleurs, que selon les dires du patron de la section syndicale UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, qui s’exprimait, en marge d’une réunion avec le ministère du Commerce, au cas où les Algériens consomment des produits locaux dans les secteurs de l’agroalimentaire et du textile, pas moins de 500 000 postes d’emploi seront ouverts. La bataille de la production nationale est, selon Sidi-Saïd, «collective». L’UGTA a déjà préparé une série de propositions pour la limitation des importations dans les segments de l’électroménager et l’agroalimentaire. «Nous allons recevoir des coups mais nous avons une carapace», prévient-il. Du côté du FCE, même son de cloche. Son représentant a fait savoir qu’il saluait l’initiative du ministre du Commerce à laquelle il prendra part activement. Le FCE, dit-il, a initié une étude pour lancer le label «origine Algérie garantie» qui devra aider à identifier clairement le produit local.
Lamia Boufassa

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