Réel et imminent danger sur la santé publique. C’est l’alarme qui ressort en gros et en synthèse à l’entame du septième congrès de la Société Franco-Algérienne de psychiatrie (SFAP) à Oran, avant-hier, jeudi. C’est le président du SAP, Taleb Mohamed, qui le soulignait avec force, déjà en marge des travaux. Alarmiste pour de juste, le Pr Taleb rappelle que si dans le passé, la consommation de drogue était tout à fait un phénomène marginal en Algérie, elle n’en a pas moins évolué d’une manière vertigineuse pour devenir, aujourd’hui, un réel problème de santé publique. Dans ce cadre, « L’urgence est bien réelle «, à ses yeux car développe-t-il « le cannabis, les psychotropes, l’héroïne, la cocaïne et le crack représentent la palette des drogues que l’on retrouve en Algérie et qui sont donc consommées, prouvant ainsi l’évolution très alarmante du trafic de ces substances dans la société «. Pour lui, la hantise, s’agissant d’endiguer un tant soit peu l’ampleur des dégâts reste à connaître encore la vraie ampleur du phénomène auquel faudrait-il adjoindre celui du suicide où la corrélation n’est pas absolument à exclure. C’est pourquoi le président du SFAP met en avant la nécessité stricte de la mise en place d’un observatoire national dont il dira qu’il s’agit de la plus importante décision, en l’état actuel, à prendre, en raison de l’ampleur de ce fléau qui touche de plus en plus la frange des enfants. Expansif et critique il a fait remarquer que «outre les statistiques de l’Office national de lutte contre la drogue (ONLCD) qui concernent principalement les saisies de drogues, l’Algérie ne dispose pas actuellement d’informations et de statistiques fiables sur la consommation, l’addiction et ses causes, et surtout sur la psychologie des gens qui se droguent «. De même, Taleb relève que la création d’un observatoire sur le suicide, est aussi importante en soulignant que cette recommandation a bel et bien été faite depuis 2 ans lors d’un congrès, demeurée apparemment lettre morte. À ses yeux, la mise en place de ces deux organes aura pour mission de recueillir toutes les données relatives à ces phénomènes pour les mettre à la disposition de la communauté scientifique afin de mieux comprendre et expliquer ce phénomène qualifié de «véritable problème de santé publique», a-t-il précisé. Pour cet expert, l’apparition de ces deux phénomènes en Algérie comme préoccupation de santé publique est plus ou moins récente. Il reste encore difficile d’en évaluer l’ampleur sans organes spécifiques et spécialisés. Concrètement, le Pr Taleb préconise la nécessité de mettre en place des équipes pluridisciplinaires pour étudier ces deux problèmes, et de lancer des filières en addictologie et en suicidologie dans les cursus de la formation médicale. Il a mis également en exergue l’importance de la prévention estimant que la création de l’Office national de lutte contre la drogue a été une démarche primordiale dans ses volets de lutte et de répression, «mais restent les volets médical et scientifique qui doivent être pris en charge», a-t-il indiqué. Il est à noter , enfin, que le 7ème congrès de la SFAP organisé sous le thème «psychiatrie, société et développement «, connait la participation de plus de 200 spécialistes parmi lesquels une cinquantaine de psychiatres français. Plus d’une soixantaine de conférences seront animées par des experts algériens et étrangers durant les deux jours du congrès, à travers les thémes : «santé mentale ou santé sociale «, «vécus psychologiques des femmes infertiles», «le vécu traumatique du viol chez la femme algérienne», «la kafala, entre bienfaits et méfaits». Un hommage particulier sera rendu au professeur Mahfoud Boucebci. Le thème de ce congrès a été extrait du titre de l’un de ses ouvrages, paru en 1979.
N.B. et Aps