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Bouira : l’éducation et la santé pointées du doigt

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Tant de choses ont été dites et mêmes redites, en cette dernière journée de la session ordinaire de l’APW, ouverte ce mardi, qu’il a fallu une grande partie de l’après-midi pour les épuiser toutes. En effet la prise de parole accordée aux membres pour poser leurs questions suivies de commentaires, ayant commencé à dix heures, n’a pu s’achever que vers 16 h30, avec pour intervalle les deux heures d’interruption nécessaires pour le repas de midi reculé d’autant. Il faisait nuit quand l’hémicycle a été abandonné. Mais si la quantité y était, qu’en a-t-il été de la qualité ? Nous l’avons dit : il y avait des redites, ce qui a obligé le wali, qui a repris systématiquement toutes les questions posées, à n’en faire qu’une pour celles qui présentaient des similitudes.  Or si la majorité ont été de piètres orateurs, quelques-uns ont émergé du lot, frappant l’auditoire par un réel talent, à l’instar de cette fonctionnaire de la formation professionnelle s’exprimant tantôt en français, tantôt en arabe, ou de cet autre fonctionnaire, qui après avoir embarrassé les arabophones en commençant à parler en kabyle, avait étonné tout le monde par la qualité et la rigueur du discours lorsqu’il a adopté l’arabe pour le prononcer. Ou encore cet élu médecin, et les deux professeurs d’arabe.

La pierre d’achoppement
Un obstacle majeur sur lequel viennent régulièrement buter tous les programmes de logement, qui en retarde le lancement dans nombre de daïras, à l’exception de celles de l’ouest de la wilaya toutes en plaines et collines, c’est le foncier. Du fait de son caractère montagneux et boisé, la wilaya de Bouira peine à dégager des assiettes pour la réalisation des projets inscrits dans les différents programmes de son développement. C’est ainsi qu’un intervenant a pu parler de 10 000 logements qui restent à réaliser faute de terrains. C’est pourquoi aussi, d’autres prônent la construction verticale, c’est-à-dire des constructions à étages.Mais alors que le problème semble se poser avec moins d’acuité ailleurs, comme le chef lieu de wilaya confronté au problème des haouchs, longtemps tenu pour responsable dans les retards accusés dans la rénovation de l’ancien tissu urbain hérité de l’époque coloniale, la situation devient préoccupante à M’Chedellah, Haizer et Lakhdaria, trois daïras situées en zones montagneuse et forestière. Chacun sait avec quel acharnement et avec quelle ténacité la conservation des forêts défend chaque arpent de son patrimoine. La cession du moindre pan de terre boisé fait l’objet de longues et pénibles tractations qui n’arrivent à conclusion que rarement. Ainsi les projets inscrits dans des communes situées en zones forestières comme celles des trois daïras suscitées, restent donc très problématiques. Mais il est un autre aspect du problème, celui des certificats de conformité dont la lenteur dans la délivrance a été dénoncée par plus d’un orateur. à Lakhdaria, la situation est devenue inextricable où sur les 1342 études, seules 572 ont pu aboutir, selon le premier intervenant de ces divers, en l’occurrence Mohamed Guerfi. Considérant par ailleurs que la superficie du chef lieu de daïra est au 1/3 occupé par les servitudes, et que le Radar accapare à lui seul 500 m2, il a appelé à faire en sorte que cet espace soit récupéré et intégré dans le patrimoine foncier de ce chef lieu. Au total, ce sont 6000 logements, tous programmes confondus, sur les 8 000 inscrits, qui demeurent en plan faute d’un portefeuille foncier conséquent, de certificat de conformité, mais aussi faute de performance dans l’exécution des projets par les entreprises réalisatrices, à l’instar de celle de Kalous, par exemple incriminée en cette journée. à cet égard, le problème des 46 bénéficiaires de la daïra de Kadiria escroqués par l’entreprise à qui a été confiée la réalisation de ce projet de logement AADL, illustre un autre aspect de la situation régnant dans ce domaine, et, par conséquent, mérite qu’on s’y attarde un moment. Le projet en question est lancé en 2006, apprenons-nous d’un autre intervenant. Les bénéficiaires avaient donné 50 millions DA et la BNA le reste. L’entrepreneur prend l’argent et la poudre d’escampette. Les victimes déposent plainte et leur escroc fut écroué. Trois ans plus tard, il réapparait, mais pour réclamer le terrain qui lui appartient et sur lequel un projet a été réalisé. Les citoyens lésés dans cette affaire réclament qu’en cas de compensation, ils soient remboursés.Cette affaire a au moins le mérite de relancer le problème du cadastre des communes dont une trentaine n’a pas été touchée par cette opération.

Les secteurs de l’éducation et de la santé pointés du doigt
Tous ceux qui guettent la rentrée sociale avec quelques espoirs de changement ou, au contraire, quelques craintes, eu raison de la dégradation du climat social, pressentie, savent dans quelles conditions s’est effectuée l’année scolaire 2013-2014 : une bérézina. On attendait plus de places dans les trois paliers, et nombres d’établissement réalisés ou réhabilités n’étaient pas prêts à ouvrir, faute de livraison à temps ou d’équipements. Ce qui a contraint les responsables du secteur à recourir aux méthodes habituelles : transfert des élèves vers d’autres écoles ou application de la double vacation.
Mais c’est le lycée Gazali et le problème de sécurité qui se pose. Un orateur dénonçait le va et vient dans l’enceinte, de personnes étrangères, en état d’ébriété et proposant alcool ou drogues. Cette situation perturberait les cours et semant la peur dans les lieux. De même, a été dénoncé l’absence de toute transparence dans les concours organisés par la direction de l’éducation. Le piston y jouerait à fond, si l’on en croit d’autres membres de l’APW intervenant à ce propos. Et il est exigé que cette situation régnant dans cet établissement du secondaire, aussi bien que le favoritisme qui préside à ces concours cesse afin que le secteur retrouve un peu plus de crédibilité. D’autre part, il a été demandé que soit créé plus d’écoles privées afin de contrer les grèves intempestives qui paralysent ce secteur et l’empêche de fonctionner normalement, chacun sachant quel rôle positif joue le privé dans ce domaine sinistré. Le problème des logements de fonction accaparés par des personnes ne faisant pas partie de l’enseignement ou loués à d’autres, sans relation avec le secteur ou tout simplement fermés, a été également soulevé et une enquête exigée.La santé était attaquée sur sa gestion jugée défectueuse soit par négligence soit par ignorance. Au niveau de l’accueil, tant au niveau des salles de soins, les hôpitaux laissent à désirer selon cet orateur, lui-même médecin, et donc sachant de quoi, il parlait. Et d’évoquer à titre d’exemple le cas de cette femme venue accoucher sur avis de sa gynécologue et renvoyée chez elle, elle n’a pu être délivrée que grâce à son mari et aux indications qui lui étaient fournies à distance par la spécialiste au moyen du portable. Nous en avons rendu compte dans notre article consacré aux urgences. Il a également attiré l’attention de l’assemblée sur le problème du transport médical autorisé par le médecin, et contesté par la direction. Et l’orateur de manifester son incompréhension et son indignation que l’avis du médecin puisse être remis en cause par un responsable qui n’a rien à voir avec la médecine.
Les projets de trois hôpitaux, l’un à M’Chedellah, le second à Aïn Bessem et le troisième à Bordj Khroès ont fait l’objet d’un rappel de la part de plus d’un intervenant pour savoir où en sont les choses et si la rumeur les concernant, laisse planer le doute quant à leur réalisation. Bref, les deux secteurs qui ont bénéficié de budget de fonctionnement ont été interpellés sur l’absence d’une gestion en déphasage avec les exigences de la situation.

Tout n’est pas aussi noir
Même s’il reconnait le bien fondé du rapport présenté par la commission du logement le premier jour de cette session et les remarques faites par les différents orateurs, le wali a tenu à montrer que de grands efforts ont été fournis, tant dans le secteur du logement, que dans ceux de l’éducation et de la santé, assurant que la wilaya est classée parmi les meilleures. Et d’annoncer à cet effet que cette dernière a consommé les crédits alloués pour son développement à hauteur de 14 milliards. Le nombre de logements, tous programmes confondus, est estimé à 78 000 et celui de l’habitat rural à 43 000, même si le reliquat des projets lancés ou encore à réaliser reste assez important. Il justifie son optimisme par le fait qu’il reste encore toute l’année sur lequel s’étend le programme pour sa réalisation. Pour ce qui est de l’habitat rural, il a été question d’un reliquat de 2015 à finir cette année. Les postulants pour le LSP ou location vente n’ont pu bénéficié que de douze millions de centimes, le premier responsable de la wilaya a montré sa disponibilité à leur venir en aide en procédant à l’étude de leur dossier au cas par cas. De même il a souligné la volonté de son administration à venir à bout du problème que pose les actes de propriété et les actes de permis de construire, estimant qu’il a été réglé à 89%, soit 46 postulants sur les 66, les 16 autres sont en instance de recevoir leur solution.Au sujet du cadastre, le wali a annoncé que l’opération a déjà touché 19 communes sur les 45, même quelquefois, il y eut lieu d’y revenir pour des rectifications jugées nécessaires. Dans la foulée, il a indiqué quel procédé a été trouvé pour l’habitat groupé dont la condition est de ne jamais dépasser les cinquante logements en un seul groupe : on construit un groupe ici et un autre un peu plus loin pour se conformer en l’occurrence aux instructions officielles. De même, répondant aux critiques formulées au sujet des retards accusés par Sonelgaz dans l’électrification, il reconnait qu’il y a un déficit, un décalage entre la réception des projets et l’installation de l’électricité. Pour les 3500 logements (location vente, MPA…) le wali a admis qu’un retard a été là aussi constaté, informant que 1420 sont à l’arrêt, alors que 680 sont en cours, incriminant les difficultés nées sur le terrain inhérent la nature juridique des assiettes foncières, au déficit de main d’œuvre et aux moyens modestes des entrepreneurs. à ce propos, il fera remarquer que la wilaya de Bouira est l’une des rares à faire appel en l’occurrence à ses propres entreprises pour les projets de proportions modestes. Quant aux LSP, dont les projets trainent depuis 2002, le premier responsable a déclaré que les 680 unités, augmentées de 1 000 autres de types MPA et ADL, tous ces projets seront confiés à l’agence foncière pour leurs réalisations. Les vides sanitaires ayant été bannis des nouvelles constructions, il a ajouté que 16 milliards ont été alloués à la réhabilitation des immeubles dégradés.
Venant aux interpellations sur le fonctionnement des deux secteurs de l’éducation et de la santé, le wali a, là aussi, admis avec cette aisance qui caractérise les grands responsables qui font bon accueil aux critiques constructives pour avancer, qu’il y a des manques encore, mais en plaçant la compétence des deux directeurs et leur volonté de bien faire.
Quant aux trois projets d’hôpitaux à M’Chedellah, Aïn Bessem et Souk El Khémis, que les élus se rassurent : le wali a encore été catégorique : ils vont être réalisés prochainement.Le wali a eu encore à répondre à d’autres questions comme sur l’état des routes, annonçant la construction prochaine de deux gares routières, de l’AEP pour les 41 communes à partir des deux barrages de Tilzdit et de Koudiet Acerdoune, des solutions pour la réhabilitation des routes dont l’état défectueux a été signalé en cette journée ou d’autres problèmes encore comme les ossements humains apparus dans un petit stade de la commune de Zbarbar révélant un ancien cimetière.
La journée a été longue pour tout le monde, mais bénéfique à plus d’un titre pour tous.
Ali D.

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