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Le génie de novembre

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Il y a 71 ans, le 27 octobre 1954, fut décidée la date du déclenchement de la lutte de libération nationale. Ce jour-là, le « groupe des six », désigné par 22 membres de l’Organisation spéciale (O.S.), s’est réuni une dernière fois pour fixer le moment où, simultanément, à travers toute l’Algérie, les armes crépiteront, pour chasser l’occupant français de notre pays. Ils décideront que ce sera la nuit du 31 octobre au 1er Novembre 1954 à minuit. Une nuit que les Français appelleront « la nuit de la Toussaint sanglante ». Avec le recul, on se rend compte que cette décision était millimétrée. Les six étaient tellement déterminés qu’ils termineront la rédaction de la déclaration du 1er Novembre 1954 par ces mots : « Quant à nous, résolus à poursuivre la lutte, nous donnons le meilleur de nous-mêmes à la Patrie ». Ce qui signifie « nous donnons notre vie ». Une détermination qui force l’admiration et fait la fierté des Algériens. À cet engagement sans faille, s’ajoute une décision de visionnaires confirmée moins de huit années après. D’une justesse et d’une précision qu’il est légitime d’intituler cette décision de « nuit des génies ». Pourquoi ? Tout simplement parce que durant plus d’un siècle qu’aura duré l’occupation française, les mouvements de résistance algériens n’ont jamais cessé. De l’Émir Abdelkader au Cheïkh Bouâmama. Sans succès. Les architectes du 1er Novembre, forts de cet enseignement, ont surpris l’ennemi. Ils ont analysé les échecs précédents pour organiser la lutte sur des bases inexplorées jusque-là : L’unité du peuple. Sa participation à travers l’ensemble du territoire national. Sans le « zaïmisme ». Inscrire le combat dans la durée. Autant de conditions pour assurer la victoire. Toutes choses qui avaient manqué aux mouvements de résistance jusque-là. Ces conditions se retrouvent dans les préparatifs et dans les propos du chahid Larbi Ben M’Hidi après son arrestation, en mars 1957, par l’armée française. D’abord la photo collective que prennent les six, quelques heures, avant le 1er Novembre témoigne qu’ils considéraient leur décision comme étant celle du sacrifice suprême. Ensuite la fameuse phrase de Ben M’Hidi : « Mettez la Révolution dans la rue et vous la verrez portée par tout le peuple » n’est rien d’autre que cette force qu’aucun ennemi ne peut abattre et qui avait tant manqué aux résistances antérieures dont le rayon d’action était limité localement. Une force avec laquelle l’Émir Abdelkader a pu combattre durant quinze longues années. Malheureusement, une trahison l’a contraint de signer le traité de la Tafna. Enfin, à l’officier français (Allaire) qui croyait atteindre son moral en lui disant qu’avec son arrestation « la guerre d’Algérie, vous l’avez perdue maintenant ! ». Ce à quoi répondit Ben M’Hidi, avec son calme légendaire : « ne croyez pas ça, un autre prendra ma place ! ». L’avantage de la collégialité. Ces points fondamentaux ont imprimé ce caractère de génie à la lutte déclenchée le 1er Novembre 1954. Ce qui se vérifiera le 5 juillet 1962 !
Zouhir Mebarki

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