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Que mijote Haftar ?

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On ne parle presque plus de la situation en Libye, notre voisin atteint par une instabilité chronique depuis la chaotique intervention de l’OTAN en 2011. Ce statuquo est savamment orchestré et sciemment entretenu pour maintenir les forces étrangères et les groupes de mercenaires sur le sol libyen. Le pays qui plus est scindé politiquement et institutionnellement en deux parties. D’une part, il y a le gouvernement d’union nationale de Tripoli dirigé par Abdulhamid Dbeibeh et reconnu par la communauté internationale. De l’autre, il se trouve le gouvernement de Tobrouk d’Oussama Hammad qui jouit du soutien de l’Armée nationale de Khalifa Haftar. Symboliquement, le président du Conseil présidentiel Mohamed Menfi tente, tant bien que mal, de recoller les morceaux pour préserver l’Etat-nation et l’intégrité territoriale libyenne. Voilà un peu pour résumer l’architecture politico-institutionnelle sur laquelle vacille la Libye depuis la chute et l’assassinat de son guide Mouammar Kadhafi. La vie politique et institutionnelle ne peut pas reprendre son cours normal dans ces conditions. Pas tant que des parties intérieures agissent à l’instigation de forces occultes et étrangères contre les intérêts du peuple libyen. Pas tant que ces mêmes parties travaillent pour le maintien des groupes de milices sur le terrain. Comme l’ont plaidé des pays voisins à l’instar de l’Algérie, la solution à la crise doit être politique et exclusivement libo-libyenne. Sauf que le plan onusien soutenant des élections, comme seul cadre qui pourrait mettre fin aux luttes intestines des uns et les ambitions démesurées des autres, a échoué, sur le terrain. Le calendrier électoral a été maintes fois renvoyé aux calendes grecques avant qu’il ne soit abandonné. La « solution militaire » ? Les offensives de Haftar en 2014 à l’Est et en 2019 vers Tripoli n’ont fait qu’empirer les choses. Mais, il y a eu récemment, et très récemment, des développements qui font craindre un retour aux hostilités. L’homme fort de l’Est semble remettre en selle ses ambitions présidentielles. Il semble se remettre de sa déception due au report des élections en décembre 2021. Sauf que cette fois-ci, aucun calendrier n’est fixé. Dès lors, il est à se demander ce que prépare le maréchal dans ses cuisines ? En passant le flambeau à son fils, Sadam, âgé de 34 ans, qu’il a nommé, aout 2025, vice-commandant de l’ANL, Haftar nourrit davantage les suspicions sur ses desseins. Il y a quelques jours, il a réuni, à Benghazi, des notables et des représentants de tribus de l’est et du sud. Face à ses vis-à-vis, Haftar a plaidé pour une insurrection populaire pour « prendre le destin de la Libye en main ». Ces représentants du peuple semblaient lui prêter allégeance. Mais les chefs de tribus sont-ils prêts à obéir aux désidératas du chef ?
Farid Guellil

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