La Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) a exprimé samedi sa profonde inquiétude face à l’accumulation continue de troupes et d’armes lourdes autour de la capitale Tripoli, avertissant que cette « évolution dangereuse » représente un « risque potentiel » pour les civils.
Notant que les discussions en cours sur les arrangements sécuritaires à Tripoli depuis juin ont progressé, la MANUL a exhorté dans un communiqué « toutes les parties à poursuivre le dialogue pour résoudre cette question dès que possible et à faire preuve de la plus grande retenue pour éviter une escalade des tensions ou mettre en danger les civils ». Le renforcement le plus récent « provoque une peur généralisée parmi la population de Tripoli », a-t-il déclaré, avertissant que tout recours à la force pourrait conduire à des affrontements violents dans la ville densément peuplée. Il s’est engagé à continuer de soutenir les efforts de médiation visant à maintenir la trêve en Libye annoncée en mai. Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions sécuritaires croissantes autour de Tripoli depuis mercredi soir, lorsque des affrontements limités auraient éclaté dans certains quartiers de la capitale. Après les affrontements, les forces fidèles au Gouvernement d’unité nationale (GNU) reconnu par l’ONU auraient progressé depuis Misurata, à 200 km à l’est de Tripoli, et depuis Gharyan, à 100 km au sud, vers la capitale. Toutefois, selon un rapport publié samedi par le site d’information The Libya Update, les autorités libyennes ont déclaré que la majeure partie du renforcement en cours « fait partie d’une activité militaire normale ». La Libye est divisée depuis le soulèvement de 2011, soutenu par l’OTAN, qui a renversé le dirigeant de longue date Mouammar Kadhafi. Le pays est divisé entre deux administrations rivales : le GNU à Tripoli et un gouvernement basé à l’est, soutenu par l’Armée nationale libyenne (ANL) sous le commandement de Khalifa Haftar. L’armée libyenne, qui fait partie des forces armées du pays, est désignée par opposition à l’ANL, qui conserve son identité propre. Tripoli a récemment connu des flambées de violence récurrentes, notamment des affrontements majeurs à la mi-mai entre les forces loyales au GNU et l’Appareil de soutien à la stabilité, une faction lourdement armée et influente dans la capitale. Quelques jours après ces affrontements meurtriers, la MANUL a annoncé la création d’un comité de trêve conjointement avec le Conseil de la présidence, qui fait office de commandant suprême de l’armée libyenne.
R. I.