Le Premier ministre français, François Bayrou, a créé la surprise lors de sa conférence de presse de lundi dernier. Alors que tout le monde l’attendait sur son projet de budget, il est venu avec une décision inattendue. Celle de se soumettre, lui et son gouvernement, à un vote de confiance le 8 septembre prochain au cours d’une session extraordinaire de l’assemblée française. Conformément à l’article 49-1 de la constitution française. Prenant à contre-pied le personnel politique français, il a précisé que son plan prévoyait deux étapes. Au lieu d’attendre de se faire éjecter par une motion de censure qui devenait imparable, il a préféré prendre l’initiative de sa chute en mettant en œuvre la procédure du vote de confiance. C’est ce qu’il considère comme étant la première étape de son plan. La question qui sera posée est « avez-vous conscience de la gravité du surendettement sur la survie et la souveraineté de la France ? ». S’il n’obtient pas la majorité lors du vote des députés, ce qui est plus que probable, Bayrou et son gouvernement rentrent chez eux. La seconde étape qui aurait été celle des discussions sur les mesures inscrites au projet du budget 2026, n’aura plus de raison d’être. Au vu des positions exprimées par les formations politiques après sa conférence de presse, c’est ce résultat qui sera obtenu le 8 septembre prochain. Après cette présentation que Bayrou a tenu, la réalité, non dite, est tout autre. D’abord par le choix de la date. À deux jours du mouvement « Bloquons tout » qui a rapidement pris une inquiétante ampleur avec l’adhésion des partis de gauche, le but de Bayrou est de « passer devant » pour lui couper l’herbe sous les pieds. Ce qui réjouit Macron qui a validé le principe du vote de confiance. Même si le Premier ministre tombe en empêchant le mouvement du 10 septembre de se tenir, Bayrou aura réussi son coup. Il sera celui qui aura sauvé la France du chaos. Une étiquette de « super patriote » qui, pense-t-il, lui fera gagner la prochaine présidentielle. Un peu comme De Gaulle qui a libéré la France en 1945. Même si ce n’est pas vrai. Le dindon de la farce, dans cette affaire, est bien Macron. Après l’éviction de Bayrou, Le président français se retrouvera face à deux mauvaises décisions. La dissolution une nouvelle fois de l’assemblée ou chercher un autre Premier ministre. Dans le premier cas, le parti de Le Pen se frotte les mains à cette idée. Dans le second la durée de vie du Premier ministre qui viendra après Bayrou, sera celle d’un mort-né. Il aura beau répéter les désignations le résultat sera toujours le même. Sans budget et sans gouvernement, Macron n’ira pas loin. L’élection présidentielle anticipée est d’ores et déjà actée. Au bonheur de la brochette de prétendants qui attendent impatiemment. Dans les malheurs que vivent la France et les Français, les gouvernants ne pensent qu’à leurs propres intérêts. Sinon comment expliquer que le surendettement qui dure depuis des décennies, ne soit abordé qu’aujourd’hui ?
Zouhir Mebarki