Et si les enjeux derrière les tensions géopolitiques qui prévalent dans la région remontent à la période d’avant l’indépendance de l’Algérie ? Ce n’est un secret pour personne : l’histoire nous a appris que l’Algérie, de par sa position stratégique et les richesses dont regorge son sous-sol, suscite les convoitises. Ce n’est donc pas, du jour au lendemain, que les réflexes cupides des ennemis cesseraient. Pas loin qu’en 1963, alors que notre pays venait de sortir d’une Guerre de libération qui a essoufflé son territoire et a rendu son peuple exsangue, le Maroc cherchait à s’emparer de la région algérienne de Tindouf. À l’époque, les moyens ne pouvaient pas nous permettre de s’en saisir, rapidement, des motivations du voisin. Mais, plus le temps s’écoule, plus les masques des ennemis tombent. Ainsi, on croit savoir que l’agression marocaine ne répondait pas qu’aux caprices expansionnistes du voisin et de ses alliés. On regardait aussi, et surtout, les richesses du sud algérien. Une région, que la France, durant la période coloniale, a cherché à dissocier de l’Algérie indépendante. Ce qui est un Secret de Polichinelle. Ce qui ne l’est pas, c’est ce document secret qu’a déclassifié récemment la CIA (l’agence du renseignement extérieur des États-Unis). Le document révèle des éléments inconnus de la politique française vis-à-vis de l’Algérie. Autrement dit, elle cherchait à garder son hégémonie sur cette région stratégique pour satisfaire ses envies. Pour preuve, le document cite la création, en 1957, de deux départements sahariens distincts. Pourquoi ? Pour avoir main basse sur les champs gaziers et les gisements pétrolières. Selon les révélations de la CIA, la France ne voulait pas, dans sa stratégie, construire des gazoducs reliant le Sahara au Nord algériens. Et, pourquoi, encore ? Pour couper toute connexion permettant l’accès de l’Algérie à ses propres ressources après l’indépendance. Mais, derrière, Paris avait une alternative. Elle comptait sur un allié stratégique. La première puissance occupante du Sahara occidental qui, plus tard, et non sans calcul stratégique, a cédé ces territoires à l’autre force occupante qu’est le Maroc d’aujourd’hui. Bref, il y avait comme une complicité non-déclarée entre les trois et à laquelle, les renseignements américains, ne sont, peut-être pas, étrangers, eux aussi. Ainsi, Paris avait, selon les archives du renseignement US, privilégié une alliance avec l’Espagne à l’époque où il contrôlait le Sahara occidental. Une association qui permettrait d’exploiter les richesses pétrolières du Sahara et de les expédier, au même temps, via les territoires sahraouis occupés. C’est dire, les calculs stratégiques des puissances coloniales qui demeurent au centre des enjeux d’aujourd’hui.
Farid Guellil