Le bus qui est tombé, vendredi dernier, dans l’Oued El Harrach a accaparé toute l’attention des médias. Même ceux de l’autre rive de la Méditerranée- qui ne ratent jamais l’occasion d’amplifier les points noirs que connait l’Algérie- l’ont zappé. On vous laisse deviner pourquoi ? Le séisme qui a frappé la wilaya de TÉbessa, dimanche dernier à 20h était d’une intensité de 5,8 sur l’échelle de Richter.
Ce n’était pas une petite secousse. Son épicentre a été localisé dans la Daïra de Negrine, au Sud-Est de la wilaya. Un tremblement de terre d’intensité légèrement inférieure (5,6) avait fait 172 morts et 300 blessés à Mascara en août 1994. Ce n’est là qu’un exemple parmi d’autres qui, avec la même intensité, ont eu des conséquences plus dramatiques. Sauf à être une région complétement inhabitée donc dépeuplée, ce qui n’est pas le cas de cette région de la wilaya, l’absence de dégâts en général et de victimes en particulier, nécessite des éclaircissements. Pour comprendre les causes de cette « immunité », sur les réseaux sociaux, une vidéo du séisme a circulé. Elle a été prise dans une cité AADL. On y voit les habitants sortir, précipitamment des immeubles pour se regrouper à l’extérieur sur des espaces dégagés. Une grande panique s’est emparée des habitants de la cité. Mais les immeubles sont restés intacts. Aucun débris ni de gravas au sol. Rien ! La Protection civile a publié un communiqué affirmant : « nous n’avons enregistré aucun dégât jusqu’à présent…».
Le lendemain, lundi, Le ministre de l’Intérieur, Brahim Merad, accompagné du ministre de l’Hydraulique, Taha Derbal, s’est rendu sur les lieux. « Lors de cette visite, M. Merad a tenu à rassurer les présents qu’aucune perte n’a été enregistrée à la suite de ce tremblement de terre ». Hier, c’est le ministère de l’Habitat qui a déclaré n’avoir « constaté aucun dégât au niveau des constructions et des maisons ». Ce qui confirme qu’avec une intensité de 5,8, un séisme en Algérie n’a plus la même nuisance que par le passé. L’Algérie a tiré les leçons du séisme de 6,8 à Boumerdès qui, le 21 mai 2003, avait fait pas moins de 2 300 morts et plus de 10 000 blessés. Depuis, les normes parasismiques-mises à jour en permanence- sont obligatoires pour toutes les constructions.
C’est le 21 mai 2024, à l’occasion du 21ème anniversaire du séisme de Boumerdès, que le ministre de l’Habitat, Tarek Belaribi, a présenté la nouvelle version des Règles parasismiques algériennes (RPA). Il a précisé que celle-ci « contribuera au renforcement de la résistance des constructions aux séismes…à travers le respect scrupuleux des mesures et dispositions prévues… ». En mai dernier, c’est le ministère de l’Intérieur qui a annoncé le renforcement de la coopération avec « l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), dans le cadre de la gestion du risque sismique ». Qui mieux que les japonais pour maitriser les effets des séismes ? La coopération avec eux dans ce domaine est à haute valeur ajoutée. D’ailleurs à Tébessa nous avons eu un séisme « à la japonaise » !…
Zouhir Mebarki