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L’Algérie réclame ses avoirs

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L’Algérie, comme tout le monde le sait, a mené depuis 2019 une lutte sans merci pour assainir la vie publique et politique. Il fallait nettoyer les écuries d’Augias après une décennie de corruption qui a gangrené les institutions et les rouages de l’État. Le phénomène a aussi porté un grand préjudice à l’image du responsable public et de l’agent économique du pays. Depuis, on ne compte plus le nombre de justiciables qui ont répondu de leurs actes de vol, de siphonnage ou de détournement de deniers publics devant les tribunaux du pays. Le phénomène subsiste, mais il connait un recul. Cette tendance en baisse peut s’expliquer par l’effet de dissuasion entraîné par les lourdes peines arrêtées à l’encontre des corrompus et des corrupteurs. Aujourd’hui, la machine judiciaire est bien huilée. Aucun responsable public, sur lequel pèserait des soupçons de corruption, n’est exempt de poursuites. Mais la mission ne s’arrête pas au jugement des voleurs de l’argent du peuple. Il faut aussi restituer au peuple l’argent qu’on lui a volé. À présent que le fléau est absorbé, le défi c’est de traiter ses effets collatéraux. Pour se faire, l’État s’est mis à l’application des jugements rendus par l’appareil judiciaire. À savoir, suivre à la trace les flux financiers illicites et les fonds détournés à l’étranger. On sait que jusqu’à fin 2023, l’Algérie a repris la main sur des biens immobiliers, industriels et montants financiers d’une valeur estimée à 30 milliards $. Nombre de ces biens étaient saisis et récupérés dans le pays. Entre temps, la justice ne perd pas de vue le phénomène de blanchiment d’argent dont les flux peuvent servir au financement du terrorisme. Cette question est une autre paire de manches, mais elle fait partie de l’équation à résoudre. Ainsi, il reste un gros travail à accomplir pour le recouvrement des fonds détournés à l’étranger. Indépendamment de la volonté de l’Algérie, le processus se heurte à la résistance des pays de placement de ces fonds. Lorsqu’encore le cadre juridique international ne facilite pas la tâche. Mais toujours est-il que des pays, pour ne citer que la Suisse dont le ministre de la Justice et de la Police a visité l’Algérie à la fin du mois de juin dernier, se sont montrés coopératifs. Ce qui témoigne de la volonté de la justice algérienne de mener à terme cette mission. Aux dernières nouvelles, pas moins de 335 commissions rogatoires ont été lancées à l’endroit de 32 pays, et ce pour tracer, geler et confisquer les revenus d’origine criminelle. C’est ce qu’a annoncé le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Lotfi Boudjemaa, ajoutant que 53 demandes pour la récupération d’avoirs ont été introduites auprès de 11 pays, dont un pays africain. En tout état de cause, le processus de récupération des avoirs du peuple algérien à partir de l’étranger semble moins contraignant aujourd’hui. Car, l’Algérie commence à surmonter l’écueil lié à l’adaptation de sa législation aux normes internationales comme dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Farid Guellil

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