Accueil LA CHRONIQUE DU JEUDI Un reporter dans la foule : Peut-on importer le rire ?

Un reporter dans la foule : Peut-on importer le rire ?

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Après une longue diète, deux événements dédiés au rire sont brusquement apparus ces jours-ci, chez nous. Le 30 juin dernier, le festival national du théâtre comique dans sa 15ème édition a été lancé, à Médéa. Le festival s’est ouvert par la lecture d’un message du ministre de la Culture, Zoheir Bellalou, lu en son nom par le directeur du Théâtre national Mahieddine Bachtarzi, Mohamed Yahiaoui, venu spécialement de la capitale pour la circonstance. Dans son message, le ministre a rappelé que « le festival national du théâtre comique est un acquis important pour la famille culturelle et s’est employé, à travers ses différentes éditions, à traduire les aspirations de la société ». Ce festival avait été placé, la veille, sous le thème de « l’ouverture du théâtre sur le monde extérieur et l’accompagnement des jeunes talents » avant de changer de thème le lendemain. Les participants sont venus de différentes régions du pays : Béjaïa, Adrar, Souk-Ahras, Jijel, Sétif, Guelma et de Tablat dans la wilaya de Médéa. La correction de l’intitulé du thème de cette année est certainement due à l’absence de jeunes talents. L’autre événement du même type est la « 7e édition du festival international du rire, « Algé’Rire » qui s’ouvre aujourd’hui à l’opéra d’Alger Boualem Bessaih et au théâtre national algérien Mahieddine Bachtarzi (TNA). Comme celui de Médéa, ce festival est organisé sous le parrainage du ministère de la culture. Il est annoncé qu’il « aura pour but de faire rayonner l’humour algérien, africain et international ». Pas moins. Pour cet objectif et aux cotés des « artistes algériens parmi les plus connus » (sic), participeront à cette manifestation deux comiques étrangers. L’un du Cameroun et l’autre de Haïti. Passons sur les « master-class… (qui seront) animées par des professionnels et qui auront à encadrer et accompagner des humoristes de la nouvelle scène ». Jusque-là, pas de quoi rire. Dans ces deux événements, aucun sang neuf, aucun jeune talent.
Disons-le crument, à la lecture de la promotion des deux événements, il n’y a de festivals que le nom. Les deux évenements existent depuis des années avec zéro découverte de jeunes talents. Il s’agit plutôt de représentations commerciales. L’Algérie et les algériens attendent une relève des grands artistes qui les font rire à chaudes larmes comme avec Mohamed Touri, Hassan-El-Hassani (boubagra), l’inspecteur Tahar et son apprenti, Rouiched et d’autres. Il est impossible que des jeunes doués et même surdoués ne puissent pas exister chez nous. Il faut seulement se donner la peine de les chercher et de les découvrir dans les recoins du pays. Ils sont peut-être dans les douars. Voire même dans les zones d’ombre. Est-ce si difficile de sillonner le pays à la recherche des « perles rares » ? Pourquoi les entraineurs de football n’hésitent pas à se déplacer pour assister à des « petits matches de quartiers » et revenir souvent avec des jeunes talents ? La réactivation des sports scolaires leur facilite, actuellement, la tâche. Non, franchement et avec tout le respect dû aux artistes étrangers, haïtien ou camerounais, il leur est impossible de dérider un algérien. La réactivité à l’humour est intimement liée à la culture d’une société. Mis à part le comique par la gestuelle d’un Charlie Chaplin, de Laurel et Hardy, ou des clowns de cirques, faire rire autrement un public c’est puiser dans un répertoire culturel « capitalisé » depuis la prime enfance.
Avec le langage propre au pays. C’est une « alchimie » qui varie d’un peuple à l’autre, d’un capital culturel à l’autre. Boubagra ne peut pas faire rire les Haïtiens, ni l’inspecteur Tahar le public camerounais. Par contre cela se vérifie avec des populations qui ont le même patrimoine culturel que nous. L’exemple d’Oum Traki, l’actrice tunisienne dans le film « les vacances de l’inspecteur Tahar » de Moussa Haddad, le prouve. Débarrassons la culture de l’aspect commercial et cherchons nos comiques dans le moindre douar. Ils existent à l’état brut. Il faut les accompagner, les coacher et en faire des vedettes en utilisant tous les moyens pour une grande visibilité. Les Algériens attendent depuis longtemps celui (ou ceux) qui réveillera leur humour. Ils ont plus que besoin de rire. Sauf que l’humour ne s’importe pas. Il est en nous. Porté par certains de nos enfants. Il suffit de les trouver. En cherchant bien !
Zouhir Mebarki
zoume600@gmail.com

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